Le Beaufortain oriental ("sédimentaire")

Aperçu d'ensemble

  colonnes stratigraphiques du Beaufortain oriental

1/ Grandes lignes structurales :

Le terme de Beaufortain oriental est utilisé ici pour désigner le domaine qui affleure du côté oriental des affleurements de socle cristallin de la chaîne de Belledonne au sens large. Cet ensemble est formé essentiellement de roches sédimentaires (à l'exception de rares affleurements, tels les micaschistes de Hautecour et les ophiolites du Versoyen). Mais il est affecté de structures, telles que plis couchés ou charriages, qui lui donnent une structure générale imbriquée proche de celle des zônes internes proprement dites (subbriançonnaise et briançonnaise) plus orientales dont il se sépare par la constitution de ses successions stratigraphiques.

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Le Beaufortain oriental : vue d'ensemble, du sud, depuis Longecha (arête nord de Crève Tête, au sud de Moutiers).
ØG = surface de chevauchement (?) de l'Unité de la crête des Gittes (voir la remarque ci-après) ; ØcA = surface de chevauchement de l'Unité du Cormet d'Arêches ; ØQ = surface de chevauchement de l'Unité ultra-dauphinoise du Quermoz ; ØM = surface de chevauchement de l'Unité valaisanne de Moûtiers ; ØR = limite occidentale de l'Unité valaisanne du Roignais (faille de Centron) ; ØhB = surface de chevauchement de la Zone du houillère briançonnaise (Z.hB); f.mT = faille de la moyenne Tarentaise.

Ces dernières ont conduit à y distinguer d'ouest en est trois bandes d'unités structurales successives :

- les unités les plus occidentales sont considérées comme parautochtones*, c'est-à-dire détachées par des chevauchements dont la flèche est seulement modeste : cette estimation d'une faible allochtonie découle des fortes ressemblances de leur succession stratigraphique avec celle de la couverture directe des massifs cristallins externes. On les considère simplement comme la partie orientale de la zone dauphinoise (au sein de laquelle on a pu essayer de distinguer deux unités, celle de Roselend et celle de la Crête des Gittes).

- une bande intermédiaire, constituée par des unités franchement charriées, notamment celle du Quermoz. Leur richesse en conglomérats l'avait fait dénommer anciennement la "zone des brèches de Tarentaise". Elle est maintenant rattachée à la zone ultradauphinoise car on y retrouve des caractères connus dans le domaine ainsi nommé en Maurienne et plus au sud : présence du Nummulitique, représenté par des grès et conglomérats, et discordance de celui-ci sur un substratum érodé plus ou moins profondément suite à une déformation tectonique antérieure à son dépôt.

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Le versant Tarentaise du Beaufortain oriental : vue d'ensemble, du sud-est, depuis Crêt-Voland (vallée des Belleville).
s.Cr = socle cristallin (chaînon du Grand Mont et boutonnière de Hautecour) ; ØuD = chevauchement des unités ultradauphinoises (ici de la seule unité du Quermoz) ; d.Pr = décrochement du Pradier ; a.H = anticlinal de Hautecour ; u.M0 = unité de Moûtiers orientale ; f.Ch = faille de Centron, prolongement méridional de celle des Chapieux (limite occidentale de l'unité du Roignais) ; d.rT = décrochement de la Roche à Thomas.


- les unités les plus orientales de cette ancienne zone des brèches de Tarentaise sont maintenant rattachées à la zone valaisanne de Suisse, parce qu'elles sont caractérisées comme elle par la présence d'un flysch néocrétacé (c'est en raison de l'abondance des faciès bréchiques de la base de cette formation qui s'observent dans certaines de ces unités qu'on les avait antérieurement rangées aussi dans la "zone des brèches de Tarentaise"). Par ailleurs leurs successions stratigraphiques anté-crétacées sont de plus en plus différentes de celles de l'autochtone, présentant même des parentés de constitution avec la zone interne briançonnaise voire même avec la zone liguro-piémontaise.


Coupe du Beaufortain oriental à l'est d'Arêches (d'après la notice de la carte au 1/50.000° Bourg-Saint-Maurice, présentation fortement retouchée)
js = Jurassique supérieur de l'Unité de Roselend ; jm = Jurassique moyen de l'Unité de la crête des Gittes ; tG = surfaces tectoniques jalonnées de trias gypsifère ; Tr = Trias carbonaté de la zone valaisanne ; j = Lias et Dogger de la zone valaisanne ; cgl = conglomérats de base du flysch de Tarentaise ; flT = flysch de Tarentaise ; hr = grès et schistes houillers.
N.B. : c'est par erreur que ce dessin indique la présence de quartzites décrivant un vaste anticlinal dans le soubassement de la Roche à Thomas (voir la page "Roche à Thomas").
voir la carte structurale du Beaufortain et de ses alentours, également extraite de la notice de la carte au 1/50.000° Bourg-Saint-Maurice.

Les limites de toutes ces unités coupent obliquement cette bande structurale du Beaufortain interne et en outre se terminent à tour de rôle, pratiquement le long de la vallée de l'Isère en amont de Moûtiers : cela résulte de ce qu'elles y sont tranchées par un accident tectonique, qualifié de faille de la Moyenne Tarentaise, laquelle les fait buter contre les terrains houillers de la zone briançonnaise (voir la page spéciale).

Carte structurale schématique de la moyenne Tarentaise

La faille de la moyenne Tarentaise (f.m.T) est représentée par le trait bleu

Partie ultradauphinoise de la zone des brèches de Tarentaise (en beige) : u.N = unité du Niélard ; u.cT = unité de Créve Tête ; u.Q = unité du Quermoz (y inclus les unités du Cormet d'Arèches et de La Bagnaz) ;

Partie valaisane de la zone des brèches de Tarentaise (en brun) : u.M = unité de Moutiers ; u.R = unité du Roignais ; u.V = unité du Versoyen.

Zone subbriançonnaise (en jaune) : u.gM = unité de la Grande Moendaz ; u.SB = unité du Petit Saint-Bernard ; u.S = unité de Salins ; u.RE = unité du Roc de l'Enfer ;

z.HB (en orangé) = zone houillère briançonnaise
en rose, le domaine de la Vanoise orientale, à socle de paléozoïque métamorphique et en beige, les unités de schistes lustrés.

(légende des couleurs comme pour le schéma structural des Alpes, sauf pour le détail des unités valaisanes).

2/ Analyse plus détaillée :

L'analyse des unités charriées du Beaufortain oriental s'avère complexe, notamment par la multiplicité des variations de successions stratigraphiques qui les caractérisent et par le fait qu'elles se prolongent que partiellement du nord au sud :

1 - Les unités "parautochtones", à affinités dauphinoises (donc relativement peu déplacées) ont une succession en prédominance argileuse, où les schistes argileux de l'Aalénien et les marnes des Terres Noires occupent une grande place. Ceci aboutit à un relief souvent mou avec de simples ressauts correspondant aux barres calcaires du Jurassique terminal ; on y note la présence de calcaires nummulitiques reposant directement sur le Crétacé inférieur ou sur le Jurassique (ce qui est un caractère ultradauphinois) : ce sont les unités de Roselend (particulièrement riche en Terres Noires) et de la crête des Gittes (particulièrement riche en schistes argileux de l'Aalénien).

Remarques relatives à la distinction de ces deux unites :
La raison principale pour laquelle on a distingué ces deux unités est la présence le long de leur limite, au nord du Cormet de Roselend, d'un chapelet d'affleurements de schistes cristallins, lequel a été considéré comme constituant la semelle tectonique de l'unité des Gittes, cette dernière étant charriée sur celle de Roselend..
En fait divers arguments me portent à ne pas souscrire à cette manière de voir :
1 - L'examen de ceux de ces affleurements que j'ai visités (voir localisation à la page "Gittes") porte plutôt à interpréter ces lentilles de matériel cristallin comme des olistolites. En effet je n'ai observé aucun contact net entre le matériel cristallin et les schistes aaléniens encaissants. Au contraire on trouve, aux alentours des blocs les plus volumineux, des fragments de schistes cristallins de taille décimétrique qui sont englobés dans les schistes aaléniens : ce sont là des caractéristiques qui font plus penser à des intercalations sédimentaires qu'à une lame tectonique.
On imagine mal d'ailleurs que du cristallin ait pu être arraché en copeaux par l'avancée d'une masse de matériau aussi aisément déformable que les schistes argileux aaléniens.
2 - Ces affleurements cristallins se situent entre les schistes aaléniens et des couches qui sont, selon le cas, attribuées aux Terres Noires (le plus souvent) ou au Callovien (dans le cas de la crête des Gittes) sans qu'il y ait la moindre indication d'une inversion de la polarité stratigraphique de part et d'autre (cette polarité est d'ailleurs, dans la majorité des cas, celle d'une série renversée). Le niveau où on les rencontre peut donc ne correspondre qu'à une simple lacune sédimentaire du Bajocien, dans une succession purement stratigraphique.
De fait ce niveau est occasionnellement souligné, à la place des lentilles de cristallin, par d'autres intercalations lenticulaires qui sont constituées soit d'alternances marno-calcaires du Bajocien soit de calcaires spatiques et/ou de microbrèchiques dont l'âge est mal déterminé*1.
3 - Enfin, en rive droite de la Basse Tarentaise (au nord de Naves) les levers cartographiques de la feuille Bourg-Saint-Maurice (dûs à J.C. Barféty) montrent que la surface limite entre ces deux unités passe effectivement vers le sud à un simple contact stratigraphique. Ceci s'observe au sud de la Pointe de Riondet, où le tracé attribué au chevauchement fait place de façon transitionnelle à un niveau continu d'alternances marno-calcaires du Bajocien. Ce dernier niveau, retrouvant ainsi sa puissance habituelle, complète alors la succession du flanc inverse d'un grand "synclinal du Roc Marchand" (page "Naves"), à coeur de Tithonique, dont on suit le prolongement jusqu'en Maurienne (page "Avanchers") : à cette latitude plus rien ne justifie que l'on partage cette succession en deux "unités" .

En définitive les deux unités de Roselend et de la Crête des Gittes ne sont donc probablement pas deux entités tectoniques distinctes, l'unité des Gittes représentant simplement le flanc oriental, renversé, du synclinal du Roc Marchand, dont le flanc ouest et le coeur de Tithonique et de Crétacé inférieur constituent, quant à eux, l'unité de Roselend.

Un trait remarquable de ce synclinorium de Naves est la grande dissymétrie de constitution stratigraphique entre ses deux flancs (voir aussi la page "Avanchers"). En effet, alors que dans son flanc oriental la formation des schistes aaléniens est très épaisse, elle est le plus souvent absente dans son flanc ouest, où le Bajocien repose sur un Lias calcaire également réduit - voire directement sur le Trias ou même sur le socle cristallin**2.
Cette dissymétrie s'explique de façon satisfaisante si l'on considère que ce pli a dû se former par fermeture d'un ancien hémigraben, sous l'effet des serrages tectoniques ultérieurs. En effet la différence entre son flanc ouest et son flanc est s'accorde bien avec la géométrie sédimentaire que l'on peut attendre du remplissage d'un tel fossé sédimentaire : du côté ouest on est dans un domaine où les couches s'appuyaient en onlap contre la faille extensive qui limitait le bloc de Belledonne orientale (faille de la Louze, cf. pages Riondet et Grand Mont), tandis que plus à l'est, en s'éloignant de la paléofaille, on gagne la partie la plus creuse de l'hémigraben, où la sédimentation a été nécessairement la plus épaisse.
Dans un tel contexte les émissions d'olistolites et de crachées détritiques qui semblent marquer le passage Aalénien-Bajocien dans l'"unité des Gittes" s'expliquent sans doute comme de simples témoignages d'une saccade d'activité de la paléo-cassure à cette époque.


*1 Ces niveaux détritiques ont été attribués au Sinémurien sur la foi d'une ancienne trouvaille paléontologique isolée ; mais les conditions de récolte de cette pièce sont mal connues et ses conditions de gisement, au sein de niveaux aussi détritiques, autorisent à tout le moins l'hypothèse d'un remaniement de ce fossile. Il faut noter enfin que ces couches forment des lames qui se répétent à divers niveaux dans les schistes aaléniens, au même titre que les lames de calcaires bajociens (aux quelles elles sont d'ailleurs associées par places). Ces diverses considérations portent à envisager que ces couches soient en fait des crachées bioclastiques d'âge jurassique moyen, dont la présence serait éventuellement asociée à la réduction que manifestent ici les calcaires bajociens.

**2 parfois par l'intermédiaire de copeaux de socle cristallin ou de Trias : ce contact a interprété, notamment au col de la Louze, comme une surface de chevauchement à la base de l'unité de Roselend ; mais il pourrait ne correspondre, là encore, qu'à un chapelet d'olistolites...

2 - Les unités allochtones intermédiaires, de la partie occidentale de l'ancienne "zone des brèches de Tarentaise" ont, la différence des précédentes, une succession très pauvre en schistes jurassiques. On tend à les rattacher à la zone ultradauphinoise en raison de la présence, dans plusieurs de ces unités, de séries gréso-conglomératiques attribuables (au moins partiellement et sans datation formelle) au Nummulitique. Mais leur succession varie d'une unité à l'autre ; elle comporte, selon le cas :

- du Jurassique calcaire reposant stratigraphiquement sur du Permien volcano-détritique à faciès briançonnais (schistes violacés) et le remaniant ("Permien reconstitué") : cette dénudation du Permo-houiller évoque celle que l'on observe sous le flysch ultradauphinois en rive droite de la Maurienne (Mont du Fût). Ce caractère est partagé par l'unité du Cormet d'Arèches (qui affleure en une bande étroite au nord et au sud de ce col) et par l'unité de Crève-Tête, au sud des gorges de l'Isère à l'ouest de Moutiers ("Échelles d'Hannibal"). La succession de cette dernière se complète par une épaisse formation grèso-conglomératique dont l'âge est mal déterminé (Crétacé ou Nummulitique ?) ;

- du Lias calcaire reposant sur des dolomies triasiques (en prédominance noriennes) dans l'unité de la Bagnaz (cette unité, à série très particulière, ne représente qu'une écaille d'épaisseur et d'extension très limitées) ;

-- des brèches envahissant les schistes du Jurassique moyen dans l'unité du Quermoz. Dans cette unité, particulièrement épaisse aux abords nord-ouest de Moûtiers, la série est en outre couronnée par deux formations détritiques l'une attribuée au Crétacé, l'autre au Nummulitique (ce qui justifie son assimilation au domaine ultra-dauphinois), séparées par un niveau de conglomérats.


3 - Les unités valaisanes, de la partie orientale de l'ancienne "zone des brèches de Tarentaise", sont caractérisées par la présence d'un flysch calcaire dit "flysch de Tarentaise". Cette formation, d'âge Crétacé supérieur, repose généralement sur un niveau basal de conglomérats, souvent puissants de plus de 100 m, qui forme beaucoup d'arêtes rocheuses, notamment celle de la Pierra Menta.

Cette formation conglomératique résulte d'éboulements qui se sont produits à partir d'escarpements sous-marins créés par les premiers mouvements de rapprochement des deux bords de l'océan qui occupait alors l'emplacement des Alpes. La diversité d'origine des éléments formant ce béton naturel,, depuis les quartzites blancs jusqu'aux calcaires gris du Lias en passant par les dolomites triasiques jaunes orangées ou brunes, lui confère souvent un aspect de mosaïque (voir la page "Roches de la section Mont-Blanc").
Ces niveaux sont notés "flcg = flG : conglomérats à gros blocs à la base du flysch" ; ils recouvrent des terrains "anté-flysch" de nature très variable (voir plus loin).
Au dessus des conglomérats on trouve en général un niveau de quelques dizaines de mètres dit "couches des Marmontains" : il est formé de schistes noirs avec des bancs de quartzites gris-verts. Au dessus de ce niveau les premières strates du flysch sont en général formées de gros bancs de grès qui se réduisent en épaisseur et s'espacent transitionnellement vers le haut.



La Pierra Menta et le refuge de Presset
Ce sommet, emblématique du massif (et qui a donné son nom à une course de ski-alpinisme fort réputée), n'est pourtant qu'une pointe secondaire sur la crête rocheuse principale du Beaufortain oriental. Il est entièrement sculpté dans les conglomérats de la base du flysch de Tarentaise.

Du point de vue tectonique ce domaine valaisan est affectée de plis couchés ou rompus en imbrications, qui sont reployés par de plis plus ouverts déversés vers l'est. Sa limite occidentale, nettement chevauchante sur les unités ultra-dauphinoises, est soulignée par une bande gypseuse presque continue.

Les auteurs qui en ont fait la cartographie avaient réparti ces terrains entre deux ensembles appelés "unité de Moûtiers" et "unité du Roignais" qu'ils considéraient comme deux nappes imbriquées, sans doute parce que l'accident tectonique, presque N-S, qui les sépare connecte des affleurements de gypses. Mais cet accident apparaît beaucoup plus comme une faille extensive (et/ou coulissante), tant en raison de son attitude très verticale que par le fait qu'il tranche en oblique les plis ou imbrications des deux domaines qu'il sépare.

 Cette limite entre "unité de Moûtiers" et "unité du Roignais" correspond au nord, dans le bassin du torrent des Glaciers, à la "faille des Chapieux" (voir les pages "Chapieux" et "Roignais") et, au sud du vallon descendant du Cormet d'Arêches, à la faille de Centron (voir la page "Villette") qui semble en représenter la prolongation quelque peu décalée.

En outre il n'y a pas d'opposition franche de constitution du flysch entre ces deux "unités" alors que les modifications de la constitution du substratum du flysch, qui sont par contre importantes, s'organisent au sein de ces "unités", obliquement à leur ligne de séparation conventionnelle :

-- Dans la partie méridionale, au sud du torrent du Cormet d'Arèches, les conglomérats néocrétacés reposent sur du Jurassique, surtout formé par un Lias calcaire souvent marbreux (marbre de Villette) surmonté de calcschistes du Dogger. Le substratum de ces couches, dolomies triasiques, Houiller et micaschistes, n'est visible qu'à l'extrême sud, aux environs d'Hautecour.

-- Dans la partie plus septentrionale, située de part et d'autre du torrent des Glaciers, les calcschistes jurassiques sont localement envahis, eux aussi, de conglomérats (brèches à mégablocs du Grand Fond) ou manquent totalement. Les brèches néocrétacées reposent alors directement sur une succession d'affinités très briançonnaises, avec des carbonates du Trias moyen et un Permo-Trias siliceux (quartzites, Verrucano) comparable à celui de la Vanoise.

-- Dans la partie la plus nord-orientale, frontalière (dite aussi unité du Versoyen) le substratum du flysch de Tarentaise est représenté par des prasinites et des serpentinites, connues sous le nom d' "ophiolites du Versoyen". Les conglomérats y font en outre place à des calcaires massifs à lits bréchiques ou microbréchiques qui sont séparés des ophiolites par un niveau (parfois épais de plus de 100 m) de schistes noirs argilitiques.http://docu.gidon.free.fr/Valaisan/0_valaisan.html

Lors de la rédaction de la présente page les unités valaisanes de la moyenne Tarentaise avaient surtout fait l'objet d'une étude globale maintenant ancienne : voir P. ANTOINE, 1971 et P. ANTOINE, 1972.

L'unité du Versoyen vient (en 2020) de faire l'objet d'une nouvelle étude (hébergée dans les documents annexes du site geol-alp) par G. De BROUCKER, Y. SIMÉON et P.ANTOINE.

Du point de vue tectonique cette partie nord-orientale était considérée comme fondamentalement raccordée à l'unité du Roignais en tant que flanc opposé, "supérieur", d'un vaste synclinal couché du Versoyen à cœur de flysch de Tarentaise. Le flanc normal (inférieur) de ce pli isoclinal* s'opposerait donc par son soubassement de type briançonnais à son flanc inverse (supérieur) à soubassement ophiolitique ; toutefois ce pli est purement interprétatif car la charnière censée raccorder ses deux flancs ne s'observe nulle part.
Ces deux successions, de polarités opposées, auraient elles-mêmes été reployées ensemble par des plis postérieurs, qui sont - quant à eux - simplement déversés vers l'ouest.

Voir, à la page "Versoyen", la coupe schématique de la zone valaisane au nord-ouest de Bourg-Saint-Maurice et les clichés montrant les relations des couches dans ce secteur.


Schéma interprétatif des déformations successives subies par la zone valaisane
au nord-ouest de Bourg-Saint-Maurice

1 = État originel avant la tectonique compressive (partie gauche = future unité du Roignais ; partie droite = future unité du Versoyen) ; 2 = formation du synclinal couché du Versoyen (s.V) ; 3 = Reploiement de l'unité du Roignais (u.R) et sectionnement de ses parties hautes par l'avancée chevauchante de l'unité du Petit Saint-Bernard (u.SB) et de celle du houiller briançonnais (z.hBr) ; 4 = fonctionnement à la fois extensif et coulissant des failles des Chapieux (f.Ch) et de la moyenne Tarentaise (f.mT).
Voir l'exposé relatif à la discussion récente concernant cette interprétation du Versoyen.


4 - Les unités à affinités briançonnaises se caractérisent par un puissant substratum de terrains houillers sur lequel les terrains mésozoïques sont souvent réduits à des lambeaux résiduels. La première de ces unités est l"unité du Roc d'Enfer" qui est séparée du reste de la zone briançonnaise par une puissante bande de gypses et cargneules. Celle-ci dessine sur la carte, dans les pentes au nord de Bellentre, un chevron dont la branche occidentale rejoint la vallée de l'Isère à Aime et dont la branche orientale redescend vers cette vallée jusqu'à Bourg-Saint-Maurice. La raison de ce dessin est que, sur cette rive de la vallée au moins, sa surface de charriage est peu inclinée.

Elle est également moins inclinée que les plans axiaux des plis de l'unité du Roignais car elle sectionne franchement la partie supérieure de ces plis. Cette géométrie indique que le chevauchement de cette unité du Roc d'Enfer s'est fait après le plissement de l'unité du Roignais et indépendamment de celui-ci.

D'autre part il est assez évident que cette bande gypseuse se poursuit vers le sud en rive gauche de l'Isère, à un décalage dextre de 1 à 2 km près, par les affleurements de Longefoy (voir la page "Mont Jovet"). De ce fait l'unité du Roc d'Enfer doit se prolonger sur cette même rive par le houiller des escarpements soutenant le replat de Notre-Dame du Pré, c'est-à-dire au sein même des unités subbriançonnaises qui se développent à partir de là en avant du front du véritable houiller briançonnais.

Remarques finales :

a) Les limites entre les unités successives du Beaufortain oriental sont orientées à peu près N30, comme le sont aussi, en majorité, les plis qui en affectent les couches. Cette orientation est nettement plus méridienne que celle de la vallée de la moyenne Tarentaise (orientée environ NE-SW). Il en résulte que ces unités sont tranchées à tour de rôle par la coupe naturelle de la vallée et s'y succèdent, des plus externes aux plus internes, entre Moutiers et Bourg-Saint-Maurice. Cette disposition est due (selon l'auteur du site...) à une grande cassure, désignée ici du nom de "faille de la moyenne Tarentaise". Elle semble avoir joué à la fois en effondrement de son compartiment sud-oriental et en décrochement dextre.

Pour plus de détails sur cet aspect structural voir la page spéciale consacrée à la
faille de la moyenne Tarentaise

b) En outre on est frappé par l'absence, sur cette transversale alpine, des unités charriées appartenant à la zone subbriançonnaise, qui sont pourtant bien représentées plus au sud entre celles du domaine briançonnais proprement dit et celles du domaine ultra-dauphinois. Les témoins de cette zone disparaissent en effet, par biseautage, du sud vers le nord, dans les chaînons situés immédiatement au sud de Moutiers (voir la section "Maurienne" et plus précisément la page Crève-Tête). Cette disparition des unités subbriançonnaises est donc due, pour l'auteur du présent site, à leur sectionnement par la faille de la moyenne Tarentaise, dont le jeu coulissant dextre a amené le domaine briançonnais en contact direct avec le faisceau des unité valaisanes.

c) Enfin les diverses bandes de terrain correspondant aux unités du Beaufortain oriental sont recoupées par plusieurs décrochements dextres d'orientation proche de NE-SW, lesquels n'ont pas été dessinés dans leur continuité admise ici sur les cartes géologiques (feuilles Bourg-Saint-Maurice et Moûtiers). Leur sens de rejet, dextre, et leur orientation, à angle aigu avec la grande faille de la moyenne Tarentaise suggèrent qu'il s'agit de cassures satellites de cette dernière.

Les principaux de ces décrochements sont, du nord au sud :
- le décrochement de la basse Neuva (voir la page Chapieux)
- le décrochement de la Roche à Thomas (voir la page Roche à Thomas)
- le décrochement du Pradier (voir la page Montgirod - Sciaix)
auxquels s'ajoutent les deux décrochements mineurs, les plus méridionaux, de Pomblière et de Moûtiers (voir la page Hautecour) .

 


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