Versoyen, Mont Miravidi |
Les crêtes qui se développent en rive gauche (à l'est) du torrent des Glaciers, au sud du col de la Seigne, sont essentiellement sculptées dans la nappe des brèches de Tarentaise.
Mais à partir du Miravidi, en direction du sud, la crête frontière et les pentes qui en descendent en rive gauche (orientale) du Versoyen se singularisent par le développement qu'y prennent les affleurements de "Roches Vertes" (prasinites, serpentinites, gabbros). Ce trait a été classiquement considéré comme une caractéristique de la zone valaisane*.
Vue d'ensemble des crêtes et du haut vallon du Versoyen, vus du sud - sud-ouest depuis le Mont Jovet Cette vue est prise à une altitude (2550 m) et à une distance suffisante pour éviter les déformations perpectives de sorte qu'elle donne pratiquement une coupe de la structure (comparable à la coupe supérieure ci-après). L'accident (ØSB) qui juxtapose les couches du Jurassique de l'Unité du Petit Saint-Bernard aux diverses "roches vertes" du Versoyen, rapportées à l'unité du Roignais est vu presque d'enfilade. Ceci met en évidence son obliquité marquée, à la fois par rapport à la stratification (s0) des calcaires et calcschistes du Petit Saint-Bernard (à droite) et (à gauche) aux diverses couches de schistes noirs (flS) et de "roches vertes" de l'unité du Roignais, notamment dans le revers SE (droit) de l'Aiguille du Clapet (voir la remarque "N.B." en fin de page) rv = prasinites, serpentinites, gabbros (ces derniers à l'Aiguille du Clapet) ; flCb = calcaires à microbrèches représentant les couches de base de la succession du flysch de Tarentaise (flT) ; Li = Lias inférieur plutôt calcaire ; Ls = calcschistes du Lias supérieur - Jurassique moyen ; jm = calcaires argileux lités du Jurassique moyen. |
Ces couches, dans l'ensemble litées avec un pendage modéré vers le sud-est, reposent sur le flysch de Tarentaise qui affleure à leur pied, dans le vallon du Versoyen et jusqu'au fond de la vallée du torrent des Glaciers.
même fenêtre < image plus grande > nouvelle fenêtre Coupe schématique de la zone valaisane au nord-ouest de Bourg-Saint-Maurice faisant la synthèse des dispositions observables entre la combe de la Neuva et le vallon de Charbonnet (au sud -ouest), d'une part et la frontière italienne (au nord-est), d'autre part (coupe supérieure). s.V = synclinal couché du Versoyen (pli majeur) ; fmT = faille de la moyenne Tarentaise (= front de la zone briançonnaise). Replis de flanc normal (rives du torrent des Glaciers) : s.Te = synclinal de la Terrasse ; a.sA = anticlinal du Pont Saint-Antoine ; s.cB = synclinal de Crêt Bettex. Replis de flanc inverse (crête de La Terrasse) : a.T = antiforme de la Terrasse ; s.Tn = synforme de Terrassin ; a.P = antiforme de Praina. oph. = ophiolites ("roches vertes") ; flcg = conglomérats de base du flysch de Tarentaise dans la succession à l'endroit des unités du Roignais et de Moûtiers ; flCb = calcaires de base du flysch de Tarentaise dans la succession renversée du Versoyen. |
voir le schéma d'interprétation de la formation de cette structure à la page "Beaufortain
oriental".
(voir aussi la remarque "N.B." , un peu plus bas dans cette page )
Les rapports entre les ophiolites (= "roches vertes") du Versoyen et le flysch de Tarentaise (appartenant à l'unité du Roignais) qu'elles recouvrent ne sont pas totalement clairs : ce dernier est considéré comme la couverture stratigraphique des "roches vertes", renversée avec elles dans le flanc supérieur d'un vaste synclinal couché ("synclinal du Versoyen").
Les données microtectoniques semblent confirmer le renversement des couches calcaires attribuées à la base du flysch de Tarentaise ; toutefois on a récemment proposé une hypothèse alternative (voir la page "Beaufortain oriental). |
N.B. : Dans une publication récente (H.Masson et al. [2006]) il est affirmé que le contact ØSB n'est pas tectonique et que les sédiments liasiques de l'unité du Petit Saint-Bernard reposent stratigraphiquement, de façon discordante, sur le matériel ophiolitique du Versoyen. D'autre part, pour ces auteurs, ce matériel du Versoyen serait disposé à l'endroit et charrié sur un olistostrome alimenté par ce matériel lui-même (affleurements de la Tête de Beaupré et de Méchandeur), constituant la partie sommitale de la succession du flysch de Tarentaise. Les couches de ce flysch qui supportent les ophiolites, en rive gauche du torrent du Versoyen, ne seraient donc pas renversées mais à l'endroit. |
D'autre part ces "roches vertes" sont
de plusieurs sortes :
- dans le secteur de Beaupré et de la Crête des Veis il s'agit de bancs de prasinites, épais de 10 à 100 m , qui sont
interstratifiés très parallèlement avec des niveaux de schistes argilitiques
noirs. Des études pétrographiques de détail ont montré qu'il s'agit de coulées ou de sills (plutôt que des témoins de la croûte
océanique à proprement parler) et que leur polarité est renversée ;
- dans le secteur du Miravidi et surtout sur le versant oriental (italien) du col du Breuil cet ensemble passe latéralement à un amas de lentilles décamétriques à hectométriques de roches variées, y compris de serpentinites qui sont noyées à la façon d'un olistostrome dans d'épais schistes argilitiques
noirs ;
- à l'Aiguille du Clapet il s'agit de gabbros pour lesquels une datation basée sur l'étude de cristaux de zircons a fourni un âge paléozoïque supérieur (ce qui ne manque pas d'apparaître plutôt paradoxal).
Ces renseignements, en partie inédits, m'ont été communiqués par MM. Pierre ANTOINE et Gilles De BROUCKER.
Par ailleurs, à partir du collet des Rousses la crête elle-même et le haut de ses abrupts occidentaux se rattachent à un domaine très différent, qui est celui de l'unité du Petit Saint-Bernard, rattachée au subbriançonnais, où l'on retrouve des calcaires et calcschistes liasiques et du Jurassique moyen. Un peu paradoxalement la ligne de crête secondaire qui s'abaisse depuis la crête frontalière en direction de Bourg-Saint-Maurice, entre Versoyen et torrent du Reclus, suit approximativement la ligne de contact tectonique entre ces deux ensembles : il est vraisemblable néanmoins que son tracé a été guidé par le contraste de résistance à l'érosion entre les dalles calcaires du Lias de l'unité du Petit Saint-Bernard et les alternances de schistes argilo-pélitiques et de lits de Roches Vertes" du Versoyen.
Le col du Petit Saint-Bernard est ouvert exactement à la limite entre les calcschistes argileux du Jurassique, à l'ouest, et les grès et pélites houillères à l'est. Ce contact tectonique majeur est celui du "front" de la zone briançonnaise ; presque rectiligne sur la carte il est suivi en direction du sud-ouest, par le thalweg du Torrent du Reclus jusqu'à Séez, où son prolongement est masqué par les alluvions quaternaires du fond de la vallée de l'Isère. (voir la page "Bourg-Saint-Maurice").
Les unités valaisanes du Versoyen et de son revers italien viennent de faire l'objet (en mai 2020) d'une nouvelle étude par G. De BROUCKER, Y. SIMÉON et P.ANTOINE (elle est d'ailleurs hébergée dans les documents complémentaires du site geol-alp). Ces auteurs interprétent l'organisation des "roches vertes" du revers italien des crêtes du Versoyen et des sédiments qui les accompagnent comme les reliques de la fermeture d'un "océan valaisan". |
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La Terrasse | LOCALITÉS VOISINES | Petit Saint-Bernard |
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