Glossaire des roches cristallines
|
On trouvera ci-après de brèves
indications concernant les principales catégories de roches
cristallines et volcaniques présentes dans les massifs
alpins.
Des clichés d'échantillons et/ou
d'affleurements représentatifs sont fournis à
la page "Roches
cristallines des massifs cristallins externes" (on trouvera
des appels à cette page dans le texte ci-après).
Roches en général claires, se
caractérisant chimiquement par une relative pauvreté
en calcium et magnésium et une richesse en silice, ce qui
s'exprime par la présence prédominante de minéraux
blancs et/ou transparents comme le quartz (silice pure) et les
feldspaths (silice et alumine), associés à des micas
qui sont selon les cas noirs (Biotite) ou blancs (Muscovite).
La roche est claire ("leucocrate") si le mica blanc
("muscovite") est abondant (granites à deux micas, dits aussi "albitiques"),
plus sombre en général dans l'autre cas (granites "monzonitiques", pauvres en mica blanc).
Ces minéraux sont associés par engrenage de leurs
cristaux, sans orientation préférentielle de ceux-ci,
ce qui aboutit à une texture dite "équante",
c'est à dire d'égales caractéristiques mécaniques
dans toutes les directions de l'espace.
Type même de la roche "intrusive", le granite forme en général des massifs en coupoles (les "plutons") car ils ont monté à travers les roches qui les recouvraient, soit en les "digérant" progressivement par le bas (cas des granites d'anatexie), soit en les perçant à l'emporte pièce (plutons intrusifs) : c'est pourquoi, sur les cartes, les contours des massifs de granite recoupent, souvent de façon franche, ceux limitant les bandes des autres roches.
Bien qu'à l'échelle d'un échantillon
il soit indéniable que les granites sont des roches dures
(c'est-à-dire résistantes à l'abrasion mécanique),
ils ont un comportement variable devant l'érosion.
Il faut remarquer notamment que ce ne sont souvent pas les roches
qui restent le plus en relief dans les massifs cristallins. En
effet leur texture équante fait que les pressions tectoniques
les ont fait éclater selon des plans de clivage d'orientations
multiples, qui se recoupent. Ainsi la roche est-elle "prédécoupée"
en prismes, relativement faciles à désassembler,
que la gélivation ou les autres actions mécaniques
disjoignent rapidement.
Cela a pour effet de donner un relief nerveux dans le détail,
caractérisé par de multiples facettes (de taille
moyenne allant du décimètre au décamètre),
mais souvent plutôt déprimé, notamment
du fait de l'arrachement aisé des fragments par le passage
des glaciers. C'est pourquoi, le granite se trouvant en général
originellement recouvert de gneiss, les cirques glaciaires ont
souvent un plancher granitique qui est seulement mamelonné,
tandis qu'ils sont souvent bordés de crêtes gneissiques
qui sont très déchiquetées.
voir à ce sujet l'exemple des Sept-Laux
Dans le massif du Pelvoux les granites sont souvent vert et rose (du fait d'une altération métamorphique postérieure à leur mise en place) : voir le cliché de la page spéciale.
Les gneiss sont des roches métamorphiques qui dérivent pour la plupart d'anciennes roches, sédimentaires ou volcaniques, pauvres en calcium et magnésium (marnes ou grès, laves variées). Leurs minéraux sont à peu près les mêmes que ceux des granites. Ce sont des roches typiquement cristallophylliennes, mais elles sont très fortement recristallisées, ce qui les rend très cohérentes et, de ce fait, très résistantes à l'érosion.
Les gneiss migmatitiques, ou migmatites se distinguent en ceci qu'ils présentent les traces d'un début de fusion de leurs constituants, par apparition en îlots et en plages de zones à aspect granitique. Cette fusion partielle (phénomène dit de l'anatexie) arrive à se produire sous des pressions et températures de plus de 15 kilomètres de profondeur (plus de 600°). La fusion commence souvent par donner des petits amas dispersés (souvent en "ocelles" centimétriques) de cristaux clairs. Dans un stade plus avancé la partie complètement fondue se retrouve dans la roche finale sous forme de lits ou de poches granitiques et (à la périphérie) de filons de granite obliques au feuilletage.
On parle d'Anatexites lorsque
l'on a à faire à des masses essentiellement formées
de granite mais qui contiennent de nombreuses enclaves de gneiss
(dont les limites sont plus ou moins diffuses). Il s'agit de roches
qui résultent d'une fusion partielle de gneiss, jusqu'à
un stade tellement avancé que le "paléosome"
gneissique n'y est plus conservé qu'occasionnellement,
à l'état de reliques dispersées dans la masse
de la roche.
En gros l'on peut dire que dans les migmatites le volume du gneiss
prédomine sur celui du granite, tandis que c'est l'inverse
dans les anatexites, mais il n'y a pas de différence dans
le processus de formation.
Les gneiss oeillés sont dénommés
ainsi parce qu'ils contiennent des amas minéraux isolés,
de taille centimétrique à pluri-centimétriques.
Ces roches résultent en général de l'écrasement
d'anciens granites, ceci dans des conditions de plus ou moins
fortes pressions et température. D'une façon plus
générale les roches métamorphiques qui dérivent
de roches intrusives plus anciennes sont qualifiées d'
"orthogneiss".
Les "yeux" des gneiss oeillés
sont le plus souvent des gros cristaux de feldspath dont la taille
originelle s'est accrue lors de la recristallisation qui a accompagné
l'écrasement de la roche.
Le comportement morphologique des gneiss oeillés est le
plus souvent très voisin de celui des granites.
voir les clichés de la page spéciale.
Le terme de gneiss micacés est utilisé le plus souvent (notamment dans la chaîne de Belledonne) pour faire opposition avec les gneiss amphiboliques : il peut s'agit de gneiss à muscovite ou parfois à deux micas (alors souvent dits "biotitiques").
Roches métamorphiques, typiquement cristallophylliennes, recristallisées sous des conditions de pression et température modestes, caractérisées surtout par le développement de cristaux de micas. Typiquement la roche est feuilletée et mal cohérente, relativement facile à attaquer par une érosion mécanique : elle donne le plus souvent des reliefs mous. Toutefois il est des micaschistes suffisamment peu délitables pour former des crêtes relativement acérées.
En raison de leur métamorphisme modéré les micaschistes laissent parfois reconnaître assez bien la nature des roches originelles dont ils dérivent. C'est en particulier le cas lorsqu'il s'agissait de conglomérats ou d'anciennes laves (ce cas est bien représenté notamment dans les massifs du Taillefer et du Vieux Chaillol).
Au voisinage des micaschistes on peut placer
Les chloritoschistes : c'est une variété
souvent assez cohérente qui doit son nom à l'abondance
d'un minéral vert (proche des micas), la Chlorite
exemples
dans la partie nord-orientale de la chaîne de Belledonne
les Schistes graphiteux et les schistes carburés
: ils se repèrent à leur teinte noire qui est due
en grande partie à ce qu'ils contiennent des matières
organiques.
exemples
dans la partie nord-orientale de la chaîne de Belledonne.
Les Schistes sériciteux : ce sont des micaschistes "d'aspect soyeux", dont les cristaux micas blancs sont de trop petite taille pour être distinguables à l'oeil nu.
Roches métamorphiques riches en amphibole, minéral vert sombre, qui cristallise lorsque la roche originelle était riche en calcium et magnésium (par exemple des calcaires ou des laves basaltiques).
La plupart des amphibolites des massifs cristallins des Alpes semblent provenir d'anciennes roches volcaniques (ou de cendres volcaniques). Souvent on parle de gneiss amphiboliques, car elles présentent une alternance plus ou moins tranchée de lits sombres, franchement amphiboliques, et de lits clairs formés d'un autre minéral, moins calco-magnésien, qui est un feldspath. L'épaisseur des lits est le plus souvent centimétrique à décimétrique, mais dans certains cas elle peut dépasser 1 m (voir ci-après).
- un exemple d' amphibolites (au Tabor,
versant est de la Matheysine)
- un autre exemple d' amphibolites (au Vieux Chaillol,
massif des Écrins)
- un exemple de Gneiss amphiboliques (dans les Sept-Laux,
versant sud-est du Rocher Blanc)
Les leptynites véritables sont des roches
métamorphiques claires, souvent massives, riches en feldspath
et quartz et pauvre en amphibole et mica. Elles dérivent,
par recristallisation, d'une roche originelle qui peut être
un grès arkosique ou un granite.
Le terme de
gneiss leptynitique pour désigne des gneiss dont la foliation est soulignée par de multiples lits feldspatiques clairs, d'épaisseur centimétrique à décimétrique. Il sont notamment fréquents dans la chaîne de Belledonne.
Les leptynites des massifs cristallins des Alpes se présentent parfois (par exemple à la Grande Lance de Domène dans la chaîne de Belledonne) en lits pluri-métriques clairs alternés de lits amphiboliques sombres (on peut alors parler de "gneiss leptyno-amphiboliques"). Elles représentent en ce cas d'anciens épanchements volcaniques de nature alternativement plus acide ou plus basique (typiques des séries volcaniques de type "spilite-keratophyre", qui résultent du phénomène de séparation des éléments minéralogiques de la lave dans les chambres magmatiques).
un exemple d'affleurement de Leptynites massives (dans
les Grandes Rousses, près de l'Alpe-d'Huez)
un exemple de Gneiss
leptynitiques (complexe plutono-volcanique de Belledonne,
pentes au sud du Grand Galbert)
On désigne sous ce nom global l'ensemble des roches formées à partir de magmas épanchés lors de l'ouverture d'anciens fonds océaniques.
Lors de la formation des Alpes ces roches ont subi un enfouissement qui a occasionné une véritable cuisson. Ce "métamorphisme" y a développé des minéraux verts (amphiboles, chlorites) qui leur confèrent une teinte effectivement verdâtre plus ou moins accusée et plus ou moins sombre.
La séquence classique des ophiolites
comporte de haut en bas les roches suivantes :
-- Basaltes souvent en coussins ("pillow-lavas"), fréquemment
métamorphisés en "prasinites" ;
-- Gabbros (souvent lités à leur partie basse) ;
-- Péridotites, le plus souvent métamorphisés
en "serpentinites" (nom évoquant l'aspect tacheté
d'une peau de serpent).
Roches intrusives, très riches en pyroxènes
(minéral vert sombre), dont les cristaux, souvent centimétriques,
dessinent une marqueterie de sombre et de blanc avec les feldspaths
clairs (présents à peu près en égale
quantité).
Les gabbros proviennent de la cristallisation des magmas qui montent
vers la surface le long de dorsales des fonds océanique,
à la suite de la déchirure de la croûte continentale,
et forment une couche continue dans le plancher des océans.
Dans les Alpes on en rencontre dans le domaine piémontais, où ils sont d'âge alpin (Jurassique en général), mais aussi dans les massifs cristallins externes, où se sont mis en place au cours d'orogénèses anté-alpine (hercynienne, voire plus ancienne).
Deux exemples de gabbros (au Tabor, près de l'Alpe-du-Grand-Serre)
Roches métamorphiques de teinte vert
clair, souvent plus ou moins mouchetées, qui contiennent
amphibole et albite mais sont chloritisées.
Elles résultent de la transformation (par recristallisation
partielle) d'anciennes roches volcano-sédimentaires, de
basaltes épanchés sous la mer ("spilites")
ou même de gabbros.
Ce sont les roches communes de la séquence des "ophiolites"
(roches de la croûte océanique), où elles
appartiennent surtout à la partie supérieure, basaltique.
Roches métamorphiques de teinte vert
très sombre résultant de la transformation d'anciennes
péridotites ou de pyroxénites.
Ce sont les roches les plus caractéristiques de la séquence
des "ophiolites" (roches de la croûte océanique),
dont elles forment la partie inférieure, sous les gabbros.
Lorsqu'elles sont fragmentées en brèches (ce qui est relativement fréquent) les éléments sombres sont joints par des filons de calcite blanche : on parle alors d'ophicalcites (de telles roches ont été exploitées comme marbre en divers points des Alpes).
Ce sont des marbres au sens strict (pour le géologue), c'est à dire des calcaires ayant acquis un grain régulier et homogène par suite d'une recristallisation. Ce sont des roches métamorphiques faiblement recristallisées, qui n'ont pas développé d'autres minéraux que de la calcite et qui se singularisent en général par leur absence de feuilletage (ce qui indique un échauffement sans action de fortes pressions).
Originellement ce terme désignait des marbres montrant de fines alternances (millimétriques à centimétriques) avec des feuillets de serpentine ou d'autres minéraux. Par extension il est plutôt réservé aux marbres colorés ou veinés.
Un affleurement de cipolins, dans les amphibolites du revers oriental du massif du Taillefer
On désigne sous ce nom d'anciens basaltes, le plus souvent vert-sombre, en général d'âge triasique dans les Alpes. Les bulles de la lave sont remplies de calcite, ce qui donne à la roche un aspect moucheté.
Ils forment des bancs épais de 10 à 50 m, alternant en général avec des lits de dolomie, car ces laves se sont épanchées en coulées successives dans les eaux peu profondes qui recouvraient l'emplacement des Alpes à l'époque triasique.
Les Albitophyres sont des roches métamorphiques de composition similaire, car elles dérivent d'anciennes laves ou d'anciens tufs volcaniques relativement riches en sodium. On en connaît, en intercalations, dans les schistes paléozoïques de la série "corticale" du Pelvoux et de Belledonne, notamment dans le sud du massif du Taillefer.
On désigne traditionnellement sous ce nom d'anciennes roches volcaniques acides (rhyolites et trachytes) d'âge carbonifère (qui ont, bien sûr été quelque peu métamorphisés à l'Alpin). Elles doivent leur nom à la présence de grands cristaux blancs de feldspath orthose, qui se détachent sur la pâte microlitique, le plus souvent verdâtre, parfois pourprée, de la roche.
Ce sont soit des laves soit des tufs volcaniques, plus ou moins fins ou bréchiques. Ces roches sont en général très massives et restent en saillie sous l'effet de l'érosion.
échantillons d'orthophyre à texture de tufs
|
|
|