Mont du Fût, Valbuche |
Le Mont du Fût (2824) est, au sud du groupe montagneux après le Cheval Noir, celui qui se détache sur la crête de partage des eaux entre Maurienne et Tarentaise au sud-est du col de la Madeleine et au nord de la Montagne des Coins (dont il est séparé par le Col de Valbuche). Il couronne du côté oriental les pentes de rive gauche du Nant Brun (affluent de l'Isère).
image sensible au survol et au clic |
En jaune la surface de transgression du Tertiaire. ØF = chevauchement du Mont du Fût (voir remarques plus loin dans la page) ; ØUD = chevauchement de l'unité ultradauphinoise principale (des Aiguilles d'Arves); ØI = chevauchement de l'écaille intercalaire (entre autochtone et ultradauphinois) ; s.cC = synclinal de la Chal de Chaussy (voir la page "Montagne des Coins"). pour situer ce cliché dans un contexte plus large, voir le panorama de la rive droite de la Maurienne. |
Le versant ouest de cette crête donne une coupe presque complète de la puissante succession des termes du Nummulitique de l'unité ultradauphinoise des Aiguilles d'Arves.
Ce sont ici, de bas en haut :
1- des conglomérats épais mais lités répartis en deux niveaux (Ncgi et Ncgs) séparés par une bande
de flysch marneux (Nfli) ;
2- un flysch "marneux" (Nflm), où les marnes prédominent
sur les grès ;
3- un flysch, "gréseux"
(Nflg) où au contraire, prédominent les grès ;
4- un chapeau
de conglomérats massifs (NcgF) formant la crête et le revers oriental du Mont du Fût.
Les conglomérats de la partie inférieure du Nummulitique sont souvent riches en galets violacés (voir cliché) qui proviennent à l'évidence des pélites permiennes de leur substratum. Ils semblent bien contenir aussi, sur le versant est de la montagne, des olistolites de Permien, de Houiller et de Trias (c'est notamment cette interprétation qui a été proposée pour le gros affleurement du cirque de Valbuche).
Le versant occidental de la montagne montre, à flanc de pente, le substratum de cette série, qui est constitué par une puissante lame de grès pélitiques permiens, reposant sur une semelle discontinue de grès sombres houillers. Comme à la Montagne des Coins, ce Paléozoïque* repose sur le Jurassique de la zone dauphinoise, qui forme la partie basse des pentes, par l'intermédiaire d'un coussin, ici moins épais, de gypses et cargneules.
Sur le versant oriental de la montagne, dans les pentes qui descendent vers les chalets de
Valbuche, réapparaîssent des conglomérats
qui ont un très fort pendage vers l'est, de sorte qu'ils
s'enfoncent sous les affleurements paléozoïques du
bas de versant.
On est tenté d'admettre que ces conglomérats sont
la réapparition de ceux de la base de la série nummulitique
et réapparaissent là à la faveur d'un "synclinal
de Valbuche", déversé vers l'ouest.
Ceci semble en effet corroboré par la présence,
plus à l'est, autour des chalets de Valbuche, d'affleurements
paléozoïques et triasiques analogues à ceux
du substratum des conglomérats, dont ils représenteraient
donc la réapparition, au flanc oriental du synclinal.
Cette interprétation n'est pas celle que suggèrent
les carte géologiques au 1/50.000°, sur lesquelles
le flysch marneux de la crête des Coins est indiqué
comme se terminant en pointe vers le nord au col de Valbuche.
Selon la carte "Saint-Jean de Maurienne" la limite entre
ce flysch et les conglomérats du versant est du col correspondrait
à une faille subverticale qui se prolongerait vers le nord
par le chevauchement du Mont du Fût. |
Il faut noter qu'une bonne partie du matériel anté-nummulitique de Valbuche affleure de façon chaotique et semble, pour cette raison entre autres, représenter des olistolites emballés dans un olistostrome nummulitique. Plus au nord les conglomérats du versant est du Mollard des Boeufs hébergent des lames de Trias, de Permien et de Houiller qui doivent vraisemblablement représenter aussi des olistolites, prolongeant ceux du fond du cirque de Valbuche. De ce fait il paraît satisfaisant de les rattacher à la formation terminale de la série nummulitique, qui présente communément de telles caractéristiques.
Cela porte à proposer une interprétation alternative selon laquelle les conglomérats du versant est du col seraient d'âge plus récent que ceux du versant ouest et représenteraient un faciès qui envahit, à partir d'ici et plus au nord, la partie haute de la succession nummulitique (par passage latéral aux dépens du flysch marneux).
Au nord de la Pointe de Valbuche ces conglomérats du versant est du col se poursuivent en formant le sommet et les crêtes orientales de la montagne du Mont du Fût. Ils sont censés reposer sur la succession du versant ouest de la montagne par un chevauchement du Mont du Fût délimitant une unité supérieure au sein de la zone ultradauphinoise.
En fait les remarques faites plus haut portent à mettre en doute l'existence même de ce chevauchement : l'"unité du Mont du Fût" pourrait bien correspondre, en fait, à un ensemble purement stratigraphique de conglomérats, envahissant ici le sommet de la succession nummulitique. En tous cas rien ne semble justifier de prolonger cet hypothétique accident, comme le faisait R.BARBIER (1948, fig.54, p.207) par la faille sub-verticale du Cheval Noir, qui traverse les crêtes sud-orientales de ce sommet : cette dernière ne montre pas de caractère chevauchant (voir la page "Cheval Noir") et son prolongement hypothétique, dans les pentes nord du Mont du Fût, ne présente aucune évidence sur le terrain. |
Les affleurements du versant est du Mont du Fût et de Valbuche se situent dans la partie supérieure de la vallée du Nant Brun, qui a fait l'objet d'une plaquette (avec description de 3 itinéraires), réalisée par J.M. Bertrand et A-M. Boullier. |
aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive droite de la Maurienne
Carte géologique simplifiée des environs
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
plus au sud
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Montaimont ; La Chambre |
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