Roc Cornafion

La crête orientale du Vercors entre col de l'Arc et col Vert

Le Roc Cornafion, qui n'est qu'un accident de relief du chaînon oriental du Vercors, est cependant un élément paysager particulièrement remarquable du panorama oriental des pentes de la station de Villard-de-Lans par sa crête rocheuse urgonienne, plutôt déchiquetée, qui s'abaisse vers le sud jusqu'au point de passage du Col Vert. Ses pentes occidentales sont celles les plus septentrionales de la rive droite du vallon de La Fauge et correspondent du point de vue géologique à la partie orientale du synclinal de la Fauge, d'ailleurs particulièrement large à cette latitude.

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Le versant oriental du vallon de la Fauge vu d'amont (du sud), depuis les pentes du sentier Péronnard en contrebas du point coté 1921 des Rochers des Agnelons.
s.A = synclinal du Cornafion.
Trait bleu pâle = moraine du Mont Chillon.


 L'analyse qui en est donnée ci-après est assez différente de tout ce qui avait été publié antérieurement : elle découle de l'examen attentif de photos prises depuis divers points de vue, notamment lors de plusieurs survols pratiqués, en plus de ses observations au sol, par l'auteur du site.
J'ai également pris en compte les observations que Mr. J.C. Chabod a effectuées sur l'ensemble de ce chaînon. Il les a en effet exposées en 2020 dans un opuscule inédit qu'il m'a obligeamment communiqué : j'ai principalement examiné avec intérêt et profit ses nombreux clichés, mais trop souvent n'ai pas pu souscrire à ses interprétations.

En fait la crête qui court du nord au sud depuis le col de l'Arc jusqu'au col Vert est jalonnée par trois sommets successifs qui sont ceux de la Crête des Crocs, des Rochers de l'Ours et du Roc Cornafion. Le versant oriental de ceux-ci présente des difficultés particulières d'exploration structurale qui résultent de ce que, à la grande hauteur des abrupts urgoniens orientaux qui caractérisent ce versant, s'ajoute le fait que leur formation constitutive est trop massive pour qu'on puisse aisément y suivre les strates. C'est sans doute pour cette raison que la carte géologique en donne une représentation en bonne partie erronée (surtout concernant les surfaces de cassures).

A/ Pour l'essentiel la structure est surtout marquée par deux traits dominants :

1- Au sud du Col de l'Arc la crête des Crocs se rattache encore au demaine plus septentrional par la présence d'un chevauchement des Crocs qui y prolonge en fait celui de Saint-Ange, du Pic Saint-Michel, et dont la surface basale traverse l'arête faîtière au col de Pierre Virari. C'est le dernier témoin de la tectonique de chevauchement qui caractérise le chaînon plus au nord. Elle fait place à une structure bien différente qui se développe dans son soubassement sur les deux versants :

L'essentiel du versant occidental est constitué par les couches sénoniennes du flanc oriental du synclinal de la Fauge (voir la page "La Fauge"). Mais au niveau du Plateau du Cornafion ces couches dessinent un synclinal du Cornafion, déjeté vers l'ouest. Ce dernier constitue un repli annexe qui est greffé à l'extrémité orientale du grand pli de La Fauge d'une façon assez clairement surajoutée par rapport à la formation de ce dernier.

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Le versant occidental du Roc Cornafion, dominant le vallon de la Fauge, vu du sud-ouest, d'avion, depuis l'aplomb des pentes de la Cote 2000.
ØCr = chevauchement des Crocs ; d.C = surface de discordance principale du Cornafion (renversée) ; s.C = synclinal du Cornafion (remarquer que l'orientation vers le NE de son axe fait s'enfonçer le Sénonien du flanc oriental de ce pli sous les Rochers de l'Ours) ; f.A = faille du col de l'Arc ; f.rO = faille des Rochers de l'Ours (lèvre ouest, de droite donc, surélevée).
"br" = poche de brèche à gros blocs d'âge néogène ; "Sé.iL" = Sénonien inférieur à faciès Lauzes ; "Sé.im" = Sénonien inférieur à faciès marneux.

D'autre part vers le haut des pentes les couches sénoniennes s'enfoncent, sectionnées en discordance, sous l'Urgonien qui forme la crête des Rochers de l'Ours. Cette dernière est constituée jusqu'au delà du Roc Cornafion par un puissant escarpement urgonien qui s'avère en majeure partie formé de couches redressées à la verticale, voire un peu au delà, qui ne peuvent qu'appartenir au flanc oriental du synclinal de la Fauge.

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Le sommet du Roc Cornafion, vu du sud (cliché original obligeamment communiqué par M. Cl.Mansiot).
Les couches, initialement déposées horizontalement dans l'ordre qui va maintenant de droite à gauche, ont été basculées au delà de la verticale par le plissement (flanc oriental du synclinal du Cornafion).
"U.moyen" = couches les plus hautes de la masse inférieure urgonienne (explications supplémentaires page "Gerbier").


Dans le versant occidental de la crête il faut en outre remarquer la convergence vers le haut qui affecte les tracés des deux surfaces repères que sont celle du sommet de l'Urgonien et celle de la base du Sénonien supérieur : cette disposition (surtout visible plus au nord en versant ouest des Rochers de l'Ours) est considérée comme tectonique sur la carte géologique. Mais elle doit plus exactement correspondre à une discordance du Cornafion, d'origine stratigraphique, résultant du onlap* d'ouest en est du Crétacé supérieur sur l'Urgonien affectant le flanc oriental du synclinal de La Fauge et faire partie du système de discordances multiples ("progressives") qui est révélé plus au sud par l'étude des Rochers du Ranc des Agnelons (voir les pages "Gerbier" et "Fauge").

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La crête orientale du Vercors au niveau du Roc Cornafion : vue d'enfilade du sud, d'avion (depuis l'aplomb approximatif du col Vert).
a.M = anticlinal du Moucherotte ; f.A = faille du col de l'Arc ; ØCr = chevauchement des Crocs ; ØsA = chevauchement de Saint-Ange ; d.C = surface de discordance du Cornafion ; f.rO = faille sud des Rochers de l'Ours (rejet plutôt décrochant dextre) ; ØrC = chevauchement (mineur) du Roc Cornafion.
"br" = poche pluri-décamétrique de brèches à gros éléments (d'âge néogène).

B/ Les abrupts du versant oriental de la crête, inclinés en moyenne à environ 50° vers l'est, ont un cachet particulier, car ils sont dénués des habituels ressauts alternés de vires, au contraire de ce qui est généralement le cas (notamment immédiatement plus au nord, au Pic Saint-Michel). Ceci est dû à ce qu'ils ne tranchent pas les couches plus ou moins orthogonalement mais ont au contraire une pente sensiblement concordante au pendage des couches urgoniennes, en raison du fait qu'ils sont constitués presque sur toute leur hauteur par le flanc oriental du synclinal du Cornafion, redressé au delà de la verticale (donc fortement penté vers l'est).

La charnière de ce grand pli est bien visible au bas de ces escarpements (voir le cliché ci-après) et il est notable que son orientation y est sensiblement N.45 (comme plus à l'ouest dans le Sénonien du Plateau), alors que l'azimut des couches est voisin de N.15 au sommet du Cornafion. Ce changement, intervient peincipalement de part et d'autre du couloir déterminé par la faille de l'Ours.

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Détails du versant oriental du sommet du Roc Cornafion : vue d'avion, relativement rapprochée, du S-SE vers le N-NW.
s.C = charnières du synclinal du Cornafion (à plusieurs niveaux de la succession) ; f.O = faille verticale des Rochers de l'Ours : elle est vue presque d'enfilade (noter le rejet vertical qu'elle occasionne à la limite basse de l'Urgonien inférieur) ; ØCr = chevauchement des Crocs : contact de couches à l'endroit sur celles, à l'envers, des Rochers de l'Ours.
ØrC = chevauchement mineur du Roc Cornafion ; ØrO = chevauchement mineur des Rochers de l'Ours ; ØB = chevauchement mineur du Bachasset : il s'amortit vers la gauche avant d'atteindre le pied du monolithe 1585.
Les petits schémas en blanc représentent la disposition spatiale des couches.
Les surfaces, pentées vers l'est, des crochons des cassures similaires à celle du Bachasset sont représentées par une surcharge rose. Celle, à gauche de "f.rO", qui est probablement le prolongement décalé de celle du Bachasset, est la seule visible en section).
"br" = poche de taille pluri-décamétrique emplie de blocs de matériel urgonien.


Une autre particularité de ce versant est d'être traversé, presque en courbe de niveau, par des zones moins déclives qui s'avèrent correspondre au fait que les les couches y réduisent également leur pendage vers l'est. C'est principalement le cas talus du Bachasset, particulièrement large et végétalisé, qui coiffe la falaise urgonienne la plus basse (où se dessine d'ailleurs la charnière du synclinal). Ces bandes de basculement intercalées entre deux flexures antithétiques peuvent être considérées comme l'équivalent de cassures de chevauchement ayant une vergence* ouest, voire comme des ébauches plus ou moins avancées de ruptures en pli-faille* de ce flanc oriental du synclinal (voir le schéma ci-après).

En outre on constate que ces talus s'atténuent jusqu'à s'effacer si on les suit du nord vers le sud : ce fait est flagrant pour celui du Bachasset où la torsion des couches cesse clairement avant d'atteindre le pied du monolite coté 1585 (cliché ci-dessus)). Cette observation doit sans doute être mise en relation avec le changement d'azimut des couches entre le bas et le haut du versant en lui attribuant à un jeu rotatif anti-horaire de la lèvre supérieure de ces chevauchements mineurs.


Disposition des couches dans le flanc oriental du synclinal du Cornafion, selon l'orientation de la prise de vue .
A = aspect de leur succession dans un segment intercalé entre deux talus ; il est sigmoïde du fait de son "crochonnement" en haut et en bas par les cassures de chevauchement mineures correspondant à ces talus.
B = aspect de la déformation induite par une de ces cassures (principalement celle du Bachasset).
Les schémas de droite correspondent à la coupe au nord du ravin de la faille de l'Ours (cliché ci-dessus) ; à l'inverse ceux de gauche s'appliquent à la vue des pentes des Crocs du cliché suivant dans la page.


Une explication plausible de l'origine de ces accidents, qui les replace dans le contexte tectonique régional, consiste à les considérer comme des cassures satellites (de "Riedel"*) induites par un chevauchement (supposé prolongement occidental de celui de l'Éperrimont ?), dont la surface devait être tangente à la pente topographique des abrupts est du Cornafion, avant son ablation par l'érosion (voir la coupe schématique ci-après...).


Coupe schématique, transversale à la crête orientale du Vercors. entre col del'Arc et Col Vert.
Les traits blancs représentent l'emplacement approximatif, par rapport au schéma d'ensemble, de 3 profils de latitude différente.
ØAg = situation présumée du chevauchement des Agnelons (prolongement occidental de celui de l'Éperrimont ?).
ØCr = chevauchement des Crocs ; ØrO = chevauchement du sommet des Rochers de l'Ours ; ØBs = chevauchement du Bachasset.
Ces 3 derniers accidents sont interprétables comme des chevauchements mineurs satellites (failles de Riedel*) du chevauchement principal ("ØAg").


Cette hypothèse fournit d'ailleurs une explication assez plausible de la rotation avec amortissement vers le sud de ces chevauchements mineurs par l'obliquité de l'accident qui les induit : en effet l'azimut de ce dernier apparaît nettement plus proche de N-S que celui celui, N.45, des couches des couches du flanc de synclinal qu'il affecte et converge donc vers le nord avec lui.

Ces caractères suggèrent donc d'interpréter le relief de ce versant oriental du Roc Cornafion comme le prolongement vers le nord de celui du Ranc des Agnelons (voir la page "Gerbier"), c'est-à-dire comme une surface structurale résultant de la dénudation par l'érosion de la surface de friction du prolongement occidental du chevauchement de l'Éperrimont (laquelle plongerait vers l'est en sectionnant le flanc oriental du synclinal juste au dessus de sa charnière).


Coupe transversale au Roc Cornafion, montrant les affleurements les plus septentrionaux de la lèvre supérieure du chevauchement de l'Éperrimont.
ØrC = chevauchement du Roc Cornafion ; f.O= faille de l'Ours ; d.C = surface de discordance du Cornafion ; ØB = chevauchement du Bachasset ; ØAg = chevauchement (présumé) des Agnelons ; f.L = faille du Lavanchon ; ØEp = chevauchement de l'Éperrimont ; sC = synclinal du Cornafion.

Cette interprétation est envisageable sans difficultés car l'azimut de cette surface d'érosion, qui est inférieure à N 20 aux Agnelons (voir la page "Éperrimont"), passe seulement à N 45 à la latitude du pied des Rochers de l'Ours (butte de Saunier), ce qui ne représente pas un forte torsion azimutale.
On a pu envisager d'autre part que cette surface topographique corresponde à la dénudation de celle du chevauchement de Saint-Ange. Mais l'azimut de la surface qui limite la tranche chevauchante de ce dernier (c'est-à-dire la faille du Col de l'Arc) est de l'ordre de N 120, c'est-à-dire presque orthogonal au versant est de la Crête de l'Ours. (voir cliché ci-après et la page "Col de l'Arc"). En fait elle se dispose très obliquement au synclinal du Cornafion lui même, dont elle tranche la charnière sur toute son épaisseur, en se prolongeant, plus bas dans le versant, par la faille des Charbonniers.
Quant au pendage, plus au nord, du chevauchement de Saint-Ange proprement dit, il est beaucoup moins redressé et n'est pas dirigé vers le SE mais vers l'ouest.

C/ Trois failles sub-verticales traversent en biais le versant oriental de la crête ; ce sont du nord au sud celles des Rochers de l'Ours, du Saunier et des Charbonniers :

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Le versant est de la crête des Crocs : détails, vus du nord-est, d'avion, depuis l'aplomb de Saint-Paul de Varces.
s.C = synclinal du Cornafion (au Bachasset son axe est orienté presque tangentiellement au versant ; au Saunier et surtout au Bacon il devient plus transverse, rentrant de la gauche vers la droite, avant d'être tranché à angle aigu par "f.Ch" puis "f.A").
ØCr = chevauchement des Crocs ; ØBs = chevauchement du Bachasset ; ØF = chevauchement de la grotte du Pré du Four et du Bacon ; ØsA = chevauchement de Saint-Ange ; ØrC = chevauchement (mineur) du Roc Cornafion ; ØrO = chevauchement (mineur) des Rochers de l'Ours.
f.rO = faille des Rochers de l'Ours ; f.S = faille du Saunier ; f.Ch = faille du ravin des Charbonniers ; f.A = faille du col de l'Arc ; f.nA= faille nord du col de l'Arc.
N.B. : dans les escarpements qui dominent le talus du Bachasse, on distingue bien la striation par des ravines parallèles dont le dessin témoigne de l'ondulation sigmoïde des couches du flanc oriental du synclinal du Cornafion.


La faille de l'Ours, orientée N 155, qui détermine le grand ravin à l'est du sommet du Cornafion, a un tracé assez net, bien qu'il juxtapose Urgonien contre Urgonien. Sa lèvre septentrionale abaisse la charnière du synclinal du Cornafion et surtout elle la fait pivoter dans le sens horaire (avec tout le compartiment oriental), faisant passer son axe de N.10 (au SW) à N.40 (au NE). La manière dont elle traverse la crête du chaînon suggère qu'elle puisse avoir en outre un rejet horizontale sénestre ...

On peut s'interroger quant à l'éventualité de son prolongement vers le sud, dans les pentes orientales du chaînon : en effet il est remarquable de constater que c'est en direction du col de l'Éperrimont, point où se terminent vers le sud les affleurements du Jurassique supérieur chevauchant de l'Éperrimont, que conduirait le tracé de cette faille, limitant et surélevant ainsi du côté occidental la surface du chevauchement de cet accident.

La faille du Saunier, pratiquement parallèle à la précédente, a par contre un rejet horizontal sénestre qui surhausse sa lèvre orientale d'une centaine de mètres. Vers le bas elle semble tordre, par un crochon chevauchant, les couches de la limite Urgonien - Hauterivien (voir cliché ci-dessus), mais c'est dû en fait au fait qu'elle traverse à ce niveau la charnière du synclinal du Cornafion, dont elle épouse le dessin. Vers le haut son tracé l'amène à rencontrer (mais en un point précis mal localisable) celui du chevauchement des Crocs. En tout cas elle ne l'affecte pas et doit donc passer "en tunnel" dessous (voir aussi la page "col de l'Arc").


Coupe transversale de la partie sud de la Crête des Crocs, passant 2 km plus au nord que celle du Roc Cornafion - Le Pieu (voir plus haut).
sC = synclinal du Cornafion ; d.C = discordance sédimentaire du Cornafion.
ØC = chevauchement des Crocs ; ØB = chevauchement du Bachasset ; ØAg = chevauchement présumé des Agnelons (prolongement occidental du chevauchement de l'Éperrimont ?) ; f.S = faille de Saunier ; f.L = faille du Lavanchon (emplacement supposé) ; ØEp = chevauchement de l'Éperrimont (emplacement vraisemblable, enlevé par l'érosion).

La faille du ravin des Charbonniers a un tracé qui suit, au dessus de Saint-Paul de Varces le fond de thalweg de ce nom jusque un peu plus haut que la Source des Mousses. Il est orienté N130 (donc de façon oblique aux deux précédentes) et possède un rejet vertical d'abaissement de plusieurs centaines de mètres de la lèvre septentrionale (vu le pendage ouest des couches cela traduit sans doute un rejet coulissant dextre. Mais surtout ce tracé se tord vers le haut, en limitant vers le nord le Sénonien qui affleure dans le rentrant boisé du Bacon, en devenant un chevauchement du Bacon qui s'avère difficile à interpréter. On trouvera sa description plus précise et son essai d'interprétation à la page "Col de l'Arc".

Quoi qu'il en soit il apparaît que la faille des Charbonniers est sans doute associée au fort changement de style des structures qui se manifeste à cette latitude, lequel témoigne d'une certaine indépendance de déformation entre les structures qui y parviennent les unes du nord et les autres du sud. Cela porte donc à considérer qu'il à dû jouer à la manière d'une déchirure coulissante au moment où se formaient de part et d'autre le chevauchement de Saint-Ange, au nord, et le synclinal du Cornafion, au sud.

 On peut remarquer que deux failles coulissantes, respectivement sénestre (Saunier) et dextre (Charbonniers), convergent vers l'ouest au abords occidentaux du Col de l'Arc. L'angle de 40° qui sépare leurs azimuts leur fait délimiter un compartiment intermédiaire qui remplit exactement l'ouverture vers l'est qui doit résulter du pivotement relatif des deux tronçons, nord (Pic Saint-Michel) et sud (Cornafion), du chaînon oriental du Vercors (voir la page "col de l'Arc"). La signification et la cause de cette situation et ses rapports avec les autres structures sont examinées à la page "Vercors NE".

D/ La crête des Rochers de l'Ours présente plusieures particularités qui, pour relever de l'ordre des détails, n'en sont pas moins dignes d'être notées.

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Le versant oriental de la crête des Crocs et des Rochers de l'Ours, vu du nord depuis le sommet du Pic Saint-Michel.
La perspective presque d'enfilade de la crête de l'Ours projette le compartiment chevauchant des Crocs devant celui de la partie haute du flanc oriental du synclinal du Cornafion. Cela met en évidence la flagrante différence de pendage des couches de l'un par rapport à l'autre.
ØrO = chevauchement mineur, des Rochers de l'Ours ; ØCr = chevauchement des Crocs (la perspective s'ajoute à un accroissement de son pendage S-N pour le faire disparaître au niveau du vallonnement qui descend depuis la Pierre Virari).
"psO" = vires des "pseudo couches à Orbitolines" ; "Um" = Urgonien "moyen" (entre ces couches et les véritables couches à Orbitolines) ; "br" = prolongation vers le N présumée des brèches probablement néogènes du sommet .

1- Au sud du col de la Pierre Virari les couches formant le sommet coté 2038 appartiennent à la partie haute du flanc oriental du synclinal du Cornafion, dèjà inclinée un peu au-delà de la verticale. Du côté oriental les niveaux à lits marno-calcaires attribuables aux "pseudo-couches à Orbitolines" y forment deux lignes de vires séparées par des lames calcaires saillantes.

Au sommet, puis à son revers occidental, les couches plus récentes (Urgonien moyen et supérieur) basculent de plus en plus vers l'ouest et se terminent, au pied de leur falaise, par quelques lits de Lumachelle ; ces derniers ne sont d'ailleurs séparés que par moins de 50 m. des lits du Sénonien supérieur du flanc oriental du synclinal qu'ils dessinent encore (point 1896 : voir aussi le 3° cliché ci-après ) bien qu'il soit plus tronqué qu'il ne l'est plus au sud, au Plateau du Cornafion (voir le 2° cliché de la page).

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Le revers oriental de la crête septentrionale du Roc Cornafion
, vu du N-NW depuis les abords du col de la Croix Perrin ; (cliché original obligeamment communiqué par M. Méril Cognet).
ØC = chevauchement des Crocs ; ØrO = chevauchement (mineur) des Rochers de l'Ours* ; f.Fs = faille de Font Froide sud ; a? = flexure anticlinale de l'extrémité septentrionale de la dalle sénonienne ; f.O = faille de l'Ours ; s.C = synclinal du Cornafion (d.C = discordance de son flanc oriental).
*N.B.: Vu sous cet angle le rentrant du haut de la Combe Noire (sous la Pierre Virari) masque le sectionnement de ØrO, qui bute contre Øc.

Mais ils en sont séparés par un contact tectonique car ces derniers ne sont que redressés et non renversés : la surface plane et polie de ce dernier est d'ailleurs observable au nord du point 2038, au sommet du ressaut sénonien supérieur de la Combe Noire (observation communiquée par M. Delamette). On constate donc que ces couches sommitales sont détachées par un chevauchement des Rochers de l'Ours, analogue à celui des Bachassets : elles forment ainsi un chapeau tectonique dont la surface de base s'incline progressivement vers le versant oriental.

Au nord des Rochers de l'Ours le tracé de ce chevauchement mineur ne franchit pas la crête principale car il bute en contrebas de celle-ci, vers 1900 m au creux de la Combe Noire, contre les couches à pendage ouest de l'Urgonien inférieur de la crête des Crocs : il y est tranché par le chevauchement des Crocs et réapparaît sur le versant oriental (après passage en tunnel) peu au sud du point coté 1826 du sentier des Deux Cols.

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La crête des Crocs, vue sud depuis les abords du sommet des Rochers de l'Ours ; (cliché original obligeamment communiqué par M. P. Sombardier).
ØC = chevauchement des Crocs ; ØrO = chevauchement des Rochers de l'Ours (tracé en versant ouest) ; Les "brèches néogénes" indiquées sur le cliché n'ont pas été observées sur le terrain mais seulement localisées par analyse des vues zénithales.

2) Immédiatement au sud du point culminant (coté 2038) l'ensellement de la ligne de crête qui le sépare du piton rocheux du sommet sud correspond à une poche remplie de blocs rocheux dont certains ont une taille plurimétrique. Profonde de plusieurs dizaines de mètres et ouverte en "V" elle semble (d'après l'examen des clichés aériens zénithaux) se prolonger vers le N25 sur près de 500 m en suivant à peu près la crête de l'échine herbeuse. En tous cas elle est entaillée dans l'Urgonien moyen renversé, avec deux murs assez plans, pentés en sens opposé d'environ 70°. Mais ces derniers ne paraîssent cependant pas d'origine tectonique car on ne les voit pas se poursuivre vers le bas par des décalages significatifs des couches).

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Le versant occidental des Rochers de l'Ours, vu du SW, depuis le Plateau du Cornafion ; (cliché original obligeamment communiqué par M. M.Delamette).
ØrO = chevauchement des Rochers de l'Ours ; s.C = crochon synclinal du Plateau du Cornafion ; "br" = remplissage brèchique de la poche qui coupe en biais la crête (selon la direction N25).

Cette poche, à ma connaissance signalée en premier par M. J.-C. Chabod, a été visitée par M. M. Delamette en juin 2020 (cliché ci-dessus). Elle a fait l'objet en 2024 d'une publication de V. Mai Yung Sen et al., qui l'interprétent comme un canyon néogène à remplissage d'âge composite (en désignant son emplacement par le nom erroné de "Vallon de l'Ours" ...).

E/ Les basses pentes orientales du Roc Cornafion, depuis le Col Vert (voir la page "La Fauge") jusqu'au Col de l'Arc (voir la page "Col de l'Arc") sont celles de la rive gauche (occidentale) du torrent du Lavanchon, lequel débouche vers le nord dans la plaine alluviale du sillon subalpin à Saint-Paul-sur-Varces et prend sa source du côté sud au Col de l'Éperrimont.

Le cours de son vallon suit pratiquement la limite stratigraphique entre Crétacé à l'ouest et Jurassique à l'est et constitue la frontière avec le petit chaînon secondaire de l'Éperrimont qui s'allonge entre Vif et Prélenfrey. Elle semble bien correspondre au tracé d'une faille du Lavanchon, proche de la verticale, laquelle sectionne et limite du côté occidental le chevauchement de l'Éperrimont.
L'étude de ce dernier accident est abordée à la page "Éperrimont" : on y trouvera en outre des éléments factuels complémentaires et une discussion critique sur les rapports de la tectonique de ce chaînon annexe avec celle de la crête du Cornafion, du Col Vert et du Gerbier, où le prolongement éventuel de ce son "chevauchement de l'Éperrimont" a été et reste encore envisagé
.

 

Voir, au sujet de l'ensemble du chaînon du Moucherotte, la page "Vercors nord-oriental"

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Vif


Carte géologique très simplifiée du Vercors oriental à la latitude de Villard de Lans
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
légende des couleurs



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