Villard-de-Lans

L'extrémité méridionale de la dépression du Vercors nord-oriental

La bourgade de Villard-de-Lans est installée à l'extrémité méridionale d'un val jurassien* typique, celui de Lans, qui forme la moitié est du Vercors oriental. Son large fond plat horizontal est garni d'alluvions fluviatiles et glaciaires, ces dernières apportées depuis le SE par un glacier descendant du vallon de la Fauge, dont les moraines sont encore largement conservées aux abords orientaux de la station de ski des Balcons de Villard (ancien village des Glovettes).

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Vue d'ensemble du Val de Lans, du S-E (d'enfilade) depuis les pentes occidentales de la Petite Moucherolle (point 1836 de l'arête ouest).

Le bedrock* de ce val est surtout constitué ici par la dalle des calcaires à silex du Sénonien supérieur, qui revient au jour au sud du village en fermant périclinalement le val par des collines boisées (cette disposition témoigne du fait que l'axe du synclinal de Villard-de-Lans plonge là vers le nord). À proximité sud de Villard-de-Lans et à l'est, vers les Nobles, il affleure localement aussi des molasses riches en conglomérats qui montrent que le synclinal avait un cœur de Miocène. Mais c'est surtout dans la partie septentrionale du val (à partir de Lans jusqu'à Saint-Nizier) que ces couches affleurent en occupant sa moitié orientale.

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Le val de Lans et le chaînon le plus oriental du Vercors vus du sud-ouest, d'avion, depuis l'aplomb sud de Corrençon.
On a représenté en bleu les amas morainiques abandonnés par la langue glaciaire qui descendait dans le vallon de la Fauge (à droite hors du cliché) à la fin du Würm et en jaune les affleurement miocènes.
s.vL (en jaune) = synclinal de Villard de Lans. Il est affecté par 3 failles presque parallèles à son axe : f.P = faille du Peuil ; f.tC = faille du torrent de Corrençon ; f.Cl = faille des Clots.
Son flanc oriental est accidenté par les deux plis Jx = anticlinal des Jaux et s.F = synclinal de la Fauge. On voit que leurs axes plongent sous la cuvette du Val de Lans : la cause en est que cette cuvette post-miocène correspond à l'extrémité méridionale du grand synclinal méso-subalpin, qui est orienté N45, donc obliquement à ces plis orientés N10.
Les accident d'arrière-plan : f.B = faille des Blancs ; f.A = faille de l'Arc ; ØCr = chevauchement des Crocs, sont étudiés aux pages "Lans", "Pic Saint Michel" et "Col de L'Arc".


A/ À l'ouest de Villard-de-Lans le flanc ouest du synclinal est caractérisé par l'accroissement vers le bas du pendage des couches de Sénonien supérieur : ce trait est l'expression du style "coffré" de ce large pli. Au nord de Villard-de-Lans ce flanc occidental est en outre affecté par une cassure qui le coupe en biseau aigu et disparaît vers le sud sous les alluvions quaternaires du fond du val : elle y sépare en deux la charnière anticlinale de l'anticlinal de Sornin, vraisemblablement par un jeu coulissant de décalage dextre.

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Panorama du val de Lans et du Vercors nord-occidental vu du sud-est, depuis l'arête est de la Grande Moucherolle .
La succession de vals garnis de prairies et de monts boisés qui forment cette partie du Vercors apparaît clairement. On notera que le mont qui sépare les vals d'Autrans et de Lans est en réalité formé par deux anticlinaux qui se relaient l'un l'autre :
a.Ja = l'anticlinal des Jarrands plonge vers le nord et s'amortit dans le flanc oriental du synclinal d'Autrans à l'ouest du col de la Croix Perrin.
Il est relayé au nord de ce col par a.So = l'anticlinal de Sornin, plus oriental, qui accroît son ampleur vers le nord.
f.cP = La faille de la Croix Perrin, N-S, qui les sépare par un biseau aigu est vraisemblablement un décrochement dextre ; a.Jx = En avant-plan la voûte de l'anticlinal des Jaux (son axe plonge vers l'arrière) qui est presque parallèle à ces plis, mais décalé de 2 à 3 km vers l'est par rapport à eux.


La Bourne draine ce val en s'en échappant par son flanc (en effet elle ne peut le faire par son extrémité méridionale car le fond du val s'y relève et est au contraire traversé par les apports d'eaux du ruisseau de Corrençon). Aucune faiblesse d'origine tectonique ne justifie que la rivière ait choisi d'entailler là le crêt* qui joignait originellement le Sommet de Meillarot, au nord, à la crête du Peuil, au sud. Pourtant ce crêt est assez résistant puisque les calcaires à silex du Sénonien supérieur du flanc ouest du synclinal de Villard-de-Lans y ont un pendage très redressé qui les transforme en un véritable mur : il faut donc admettre, là encore, que ce tracé à une origine épigénique* ("imposée par le haut") et non structurale. D'autre part les couches se montrent amincies sur ce flanc de pli par le jeu de failles extensives (à rejet cartographique dextre) dont la plus importante, que l'on peut appeler la faille du Peuil, décale la base du Sénonien au village du Peuil de Corrençon.

Sitôt ce barrage naturel franchi, la rivière élargit sa vallée car elle y affouille les marno-calcaires tendres du Sénonien inférieur, et ce d'autant plus que le pendage des couches s'atténue aux approches de la voûte de l'anticlinal des Jarrands. Son lit suit alors une combe dont le tracé se courbe pour contourner par le nord le cœur d’Urgonien de ce pli, en suivant sensiblement la limite entre les grès verts albiens et la Lumachelle : c'est dans le prolongement méridional de cette combe du Sénonien inférieur que s'inscrit également le vallonnement qui mène à Bois-Barbu.

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Les abords occidentaux de la localité de Villard-de-Lans vus du sud-est, depuis la Grande Moucherolle (arête est).
s.A = synclinal d'Autrans ; a.J = anticlinal des Jarrands ; s.VL = synclinal de Villard-de-Lans.
La Bourne perce orthogonalement la barre des calcaires à silex du Sénonien supérieur, ici assez fortement redressée, du flanc ouest du synclinal de Villard-de-Lans.


B/ Du côté oriental le val de Lans est bordé par des reliefs de Sénonien puis d'Urgonien qui appartiennent fondamentalement au crêt à regard est des arêtes du Cornafion et du col Vert, lequel surplombe de l'autre côté le sillon subalpin de la vallée du Drac (voir les pages "La Fauge" et "Cornafion").

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Corrençon et les crêtes du Vercors oriental vus du sud-ouest, d'avion, depuis l'aplomb du sommet de la Sambue.
f.A = faille de L'Arc ; ØCr = chevauchement des Crocs ; f.Cl = faille des Clots, à lèvre nord-ouest abaissée ; s.C = charnière de renversement du Cornafion ; s.F = synclinal de la Fauge (son val est masqué par la crête de la Côte 2000) ; a.Jx = anticlinal des Jaux (ant. nord de La Moucherolle) ; s.vL = synclinal de Villard de Lans : son axe plonge ici assez nettement vers le nord (vers la gauche) ; f.Cb = faille du Clot de la Balme.
(commentaires plus détaillés du fond de paysage aux pages "col de l'Arc", "Cornafion" et "La Fauge"
)

Plus au SE la structure de ces pentes se complète par succession de plis plus occidentaux enchaînant le synclinal de La Fauge, l'anticlinal des Jaux et pour finir un anticlinal de la Petite Moucherolle (voir la page "Moucherolle"). Les deux premiers de ces plis plongent vers le nord et y disparaissent lorqu'ils rencontrent le tracé de la faille des Clots". Celle-ci, orientée NE-SW (N.35) se manifeste surtout par une surélévation de son compartiment sud-est, constitué par l'ensemble Cornafion - val de la Fauge - Moucherolle, par rapport à la partie la plus orientale du val de Lans. Cette part compressive et à vergence W-NW de son rejet découle clairement de la cartographie du vallon de Machiret, au versant occidental des abrupts sénoniens du Plateau de Cornafion (voir les pages "Lans" et "col de l'Arc"). Elle est en outre observable à l'affleurement peu au NE des Clots, car c'est elle qui y occasionne la petite cascade de La Fauge. Au total elle s'accroît vers le NE tandis qu'elle s'atténue vers le SW en direction de Corrençon.

Indépendamment du passage de cette cassure la partie la plus occidentale des pentes du soubassement septentrional boisé de la Grande Moucherolle sont formées, jusqu'aux Rochers de Combeauvieux, par l'Urgonien presque sommital de sa coupole anticlinale (voir la page "Corrençon"). Il érodé le plus souvent en dalles structurales percées de lapiaz. Mais c'est d'une origine non tectonique que relèvent la plupart des autres ravines qui agrémentent ces pentes. Elles y sont, comme la Combe de l'Ours, bordées de petits abrupts qui représentent seulement l'entaille, en un crêt miniature, d'un banc rocheux formant le rebord d'érosion d'une dalle structurale.

En fait on constate, à l'ouest comme à l'est du val de Lans, que les plis plus mineurs qui le bordent ne lui sont pas parallèles mais obliques (plus méridiens), faisant avec lui un angle très aigu : l'anticlinal de Sornin, à l'ouest, et l'anticlinal de la Moucherolle, à l'est, plongent l'un et l'autre obliquement vers le val de Lans (respectivement vers le sud et vers le nord), de sorte que l'Urgonien de leurs voûtes s'y enfonce sous les molasses de ce val.

 En définitive on peut penser que l'explication de cette disposition de ses plis bordiers est que val de Lans correspond à l'entrecroisement, à angle aigu, de deux synclinaux, l'un et l'autre très ouverts, dont les axes se recoupent aux abords même de Villard de Lans : Le synclinal de Sassenage, presque N-S, et le grand synclinal méso-subalpin, NE-SW, qui lui a été superposé tardivement (voir à ce sujet la page "Lans"). C'est sans doute pourquoi les ondulations des deux flancs du synclinal de Villard-de-Lans, anticlinal de Sornin au nord-ouest et anticlinal de la Moucherolle au sud-est, plongent symétriquement sous le val de Lans, de part et d'autre de ce pli transverse et tendent à s'atténuer (sans doute par une sorte de "dépliage") dans le secteur où elles sont traversées par ce pli tardif.

Tout ce dispositif est en outre tranché en biais par la faille des Clots, dont l'azimut est proche de N40. Cette dernière se partage vers le nord-est (voir le deuxième cliché de la présente page) en deux branches : la "faille de Machiret" qui se connecte à celle de l'Arc, et la "faille des Blancs" orientée selon un azimut un peu plus N-S (voir les pages "col de l'Arc" et "Lans").
Son prolongement vers le SE est envisagé dans la partie suivante de la présente page : il porte à envisager qu'elle ait joué en décrochement dextre.

 


Voir la page "Vercors nord-oriental ".
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Vif



Carte géologique très simplifiée du Vercors oriental à la latitude de Villard de Lans
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
légende des couleurs


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