La Fauge, Col Vert |
La terminaison orientale du Val de Lans est constituée par des pentes, en partie colonisées par la station de ski du Balcon de Villard (les Glovettes,) qui s'élèvent vers la crête bordière orientale du massif du Vercors. Elles possèdent un relief accidenté de crêtes et vallons secondaires qui s'allongent grossièrement N-S et s'effacent progressivement vers le nord en se fondant dans le Val de Lans : il s'agit principalement de la Crête des Jaux, qui culmine avec les installations les plus hautes de la station, globalement dénommées "La Cote 2000", et du vallon de la Fauge.
Corrençon et les crêtes du Vercors oriental vus du sud-ouest, d'avion, depuis l'aplomb du sommet de la Sambue. f.A = faille de L'Arc ; ØCr = chevauchement des Crocs ; f.Cl = faille des Clots, à lèvre nord-ouest abaissée ; f.Cb = faille du Clot de la Balme ; f.eC = faille orientale de Corrençon ; f.wC = faille occidentale de Corrençon s.C = synclinal déversé du Cornafion ; s.F = synclinal de la Fauge (son val est masqué par la crête de la Côte 2000) ; a.Jx = anticlinal des Jaux ; s.vL = synclinal de Villard de Lans : son axe plonge ici assez nettement vers le nord (vers la gauche). (commentaires plus détaillés du fond de paysage aux pages "col de l'Arc" et "Cornafion") |
La structure de ces pentes se résume à un enchaînement de deux plis, le synclinal de La Fauge et l'anticlinal des Jaux (voir aussi la page "Moucherolle"). Ces plis plongent vers le nord et disparaissent dans cette direction lorqu'ils rencontrent le tracé de la faille des Clots". Celle-ci, orientée NE-SW (N.35), est fondamentalement un décrochement dextre mais elle se manifeste surtout par une brutale surélévation de son compartiment sud-est, constitué par l'ensemble Cornafion - val de la Fauge - Moucherolle, par rapport à la partie plus septentrionale du val de Lans (voir les pages "Lans" et "col de l'Arc"), apparemment sans se prolonger au delà.
Le domaine skiable la station de ski de Villard-de-Lans (Les Glovettes) vu du nord, d'avion, depuis l'aplomb des Cochettes (pentes à l'est de Villard-de-Lans) s.C = synclinal du Cornafion ; f.Gw = faille ouest du Gerbier ; s.F = synclinal N-S de la Fauge ; a.Jx = anticlinal N-S des Jaux ; a.M = coupole anticlinale de la Grande Moucherolle ; s.cO = synclinal de l'Ours ; a.pM = anticlinal NW-SE de la Petite Moucherolle. f.Ch = faille de la Combe Charbonnière ; f.PO = faille du Pas de l'Oeille (voir la page "Deux-Soeurs") ; f.Cl = faille des Clots. Le synclinal de la Fauge est ici vu presque selon la direction de son axe, qui plonge vers le nord (vers l'observateur). Il est traversé en biais par la faille du Pas de l'Oeille mais cet accident ne le décale pas car il est antérieur (la surface de cassure est tordue en vrille par le synclinal). |
A/ Le vallon de la Fauge :
Très large à son débouché septentrional il se rétrécit progressivement vers le sud et surtout s'y partage en deux branches, le Clot d'Aspres à l'ouest, qui s'ouvre en s'aplanissant entre les Deux Soeurs et la Moucherolle, et la Grande Combe, qui débouche au contraire sur les abrupts du Pas de l'Œil (voir la page "Deux Soeurs").
Du point de vue tectonique il occupe un large synclinal évidé de façon conforme à la disposition des couches (c'est donc un "val" au sens jurassien) et d'axe N10. Mais il est compliqué par une grande cassure, la faille du Pas de l'Oeille, qui le parcourt longitudinalement mais en faisant (selon un azimut N170) un angle aigu avec son axe.
Dans la partie méridionale de son tracé cette faille coupe le flanc oriental du synclinal en déterminant la Grande Combe et la surface de cassure a un pendage vers l'est (voir la page "Deux Soeurs"). Par contre à mi course, au niveau de la Perte de la Fauge, elle traverse son axe ; en même temps, dans la partie septentrionale du val (au nord du Chalet de La Fauge), le pendage de la surface de faille bascule vers l'est de 45° (il devient à peu prés vertical) : ceci atteste clairement de l'ancienneté de la faille par rapport au pli.
B/ Le versant oriental du val change considérablement d'aspect selon que l'on se trouve au sud ou au nord de la transversale du chalet Roybon et du Col vert.
- Du côté sud il est incliné par le flanc est du synclinal qui présente un pendage à peine plus fort que la pente topographique : cela se traduit finalement par le fait que l'Urgonien qui affleure au plus haut dans les rochers du Gerbier s'enfonce dans les pentes plus basses sous la Lumachelle puis elle-même sous les couches argilo-gréseuses de l'Albien et du Cénomanien des abord du cœur synclinal.
- Du côté nord on observe aisément dans le paysage que le contenu du synclinal est beaucoup mieux conservé, jusqu'à y montrer dans la même situation des dalles de Sénonien calcaire. En outre ses couches s'y rebroussent vers l'est en une charnière synclinale accessoire très déversée en direction de l'ouest : on peut la désigner comme synclinal du Cornafion et imaginer qu'elle se poursuivrait vers le sud si l'érosion n'y avait pas creusé plus profondément.
image sensible au survol et au clic |
Le Col Vert est le seul point, entre le col de l'Arc et le Pas de l'Oeille, où un sentier permet de franchir la crête du chaînon qui domine le vallon de La Fauge. Il profite pour cela d'un amoindrissement de l'épaisseur de l'Urgonien de cette crête, lequel se révèle dû à la conjugaison de deux facteurs, en premier lieu la torsion en synclinal déjeté vers l'ouest de l'Urgonien du Cornafion et, en second, un système de discordances multiples qui affecte ce dernier.
Ce deuxième thème devient prédominant au sein de l'Urgonien dans les abrupts au sud du col, mais les conditions d'observation l'y rendent difficile à lire. Par contre, dans les pentes occidentales du Roc Cornafion (voir le deuxième cliché de la page Cornafion) il est mis en évidence par la convergence vers le haut qui affecte les tracés des deux surfaces repères que sont celle du sommet de l'Urgonien et celle de la base du Sénonien supérieur.
Cette disposition, surtout visible plus au nord, en versant ouest des Rochers de l'Ours (voir les 2° et 3° clichés de la page "Cornafion"), est considérée comme un accident tectonique sur la carte géologique. Mais elle correspond plus vraisemblablement à une discordance stratigraphique affectant le flanc oriental du synclinal de La Fauge : en effet elle se manifeste par un onlap*, d'ouest en est, du Crétacé supérieur sur un Urgonien de plus en plus dégarni de ses couches sommitales (on pourrait l'appeler la discordance du Cornafion). |
Aux abords du col ce thème structural interfère donc avec le jeu plus tardif de cassures chevauchantes affectant la barre urgonienne. De fait sur le versant ouest du col le tracé du sentier traverse à plusieurs reprises des petites failles, à rejet apparent de décrochement sénestre, dont le tracé est orienté très peu obliquement par rapport à la ligne de crête. En outre il utilise des vires (dont celle des couches à Orbitolines) qui suivent des niveaux de couches dont l'inclinaison vers l'intérieur de la montagne montre qu'elles sont renversées, ce qui atteste d'une composante de chevauchement vers l'ouest. Enfin la surface de contact de la Lumachelle avec l'Urgonien elle-même semble avoir été reprise en chevauchement.
Au col même la disposition redressée des couches avec leur base du côté est apparaît clairement dans les abrupts du versant occidental en regardant vers le sud. Mais la pente orientale est beaucoup plus modérée à ce col qu'au Roc Cornafion. Ce dernier point semble lié à une modification structurale qui a été attribuée à un sectionnement de ces couches par le chevauchement des Agnelons (prolongement de celui de l'Éperrimont), dont le pendage est supposé avoir été grossièrement tangentiel à l'actuelle pente topographique (mais cette interprétation est en fait trop simplifiée : voir la page "Gerbier").
C/ À son extrémité septentrionale (aval), entre les Mourets et
La Conversaria, au nord-est et Les Cochettes, au sud-ouest, le val de la Fauge se ferme sur des échines
boisées qui le barrent et le séparent
de la dépression du Val de Lans. Elles sont formées
par les calcaires du Sénonien supérieur, qui pendent
doucement vers le nord pour s'enfoncer sous le Miocène
du coeur du synclinal de Lans.
Cette disposition est due au passage de l'importante faille
des Clots, orientée NNE-SSW, dont le compartiment
nord-occidental est abaissé (voir la page "Villard-de-Lans"). Ceci a pour effet (par exemple à l'extrémité
nord de la prairie des Plâtres) de faire buter, du côté
nord (aval), les grès verts du coeur du synclinal contre
les calcaires du Sénonien supérieur : ces derniers
font un barrage que les ruisseaux de
la Fauge et de la Combe du Beyle, qui drainent le val, doivent franchir en gorges.
La recherche d'un prolongement vers le nord de la faille du Pas de l'Oeille au delà de son interruption par la faille des Clots, amène à constater que la cartographie n'en propose aucun (voir la page "Col de l'Arc"). |
Les pentes de rive droite du bas vallon de la Fauge présentent en outre un trait de relief assez particulier qui est le petit vallon suspendu des Plâtres ; il est souligné par une bande de prairies que parcourt la piste pastorale menant au chalet Roybon et bordé à l'ouest par une crête boisée parallèle au fond du vallon de la Fauge. Or cette dernière s'avère être constituée par des cailloutis glaciaires : il s'agit donc clairement d'une moraine latérale abandonnée sur sa rive droite par un glacier local qui occupait le val de la Fauge à l'époque wurmienne. Quant au vallon des Plâtres il représente le sillon marginal externe de cette moraine, par lequel s'écoulaient les eaux de fonte et de ruissellement des pentes de ce versant.
Il existe en fait deux moraines parallèles dans ce secteur. La seconde, plus élevée de 50 m, détermine la crête du Mont Chillon et son sillon marginal externe est représenté par la Combe de Lurbeillet : cette dernière représente sans doute la moraine du maximum d'extension de Würm. (voir la carte topographique à 1/25.000 et, ci-dessus, l'avant-dernière photo de la présente page). |
Voir, au sujet de l'ensemble de ce secteur, la page "Vercors nord-oriental".
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Vif
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La Fauge |
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