Traits fondamentaux de la structure géologique, sur la transversale de l'Embrunais, de l'Ubaye et du Queyras |
Les massifs de l'Embrunais-Ubaye occupent,
au sud-ouest de ceux du Queyras et de la Haute Ubaye, une partie
de l'arc alpin qui se singularise par un ensellement* de la voûte
des massif cristallins externes. Cette dernière s'y abaisse
en effet, entre
le massif du Pelvoux et celui de l'Argentera, plus bas que le niveau atteint par l'érosion.
C'est dans cet ensellement que les vallées de la Durance
et de l'Ubaye ont inscrit leur cours en direction du sud-ouest.
Elles franchissent ainsi l'axe de l'alignement des massifs cristallins
en creusant leur vallée dans une pile de terrains sédimentaires,
moins résistants à l'entaille
des rivières que le socle cristallin.
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Les massifs de l'Embrunais-Ubaye, du Queyras et de la Haute Ubaye se rattachent géologiquement au domaine des "zones internes" alpines, c'est-à-dire que leur structure est dominée par la présence de nappes de charriage (voir la page "glossaire : nappes"), qui sont formées de terrains dont l'origine, nord-orientale, est assez lointaine. Sur cette transversale alpine, à la faveur de l'ensellement qu'y manifeste le toît du socle cristallin, ces nappes affleurent plus loin vers l'ouest que sur les autres transversales. En cela la situation ressemble à celle du Chablais, à ceci près qu'il n'y a pas ici de discontinuité d'érosion entre les affleurements des nappes situés à l'ouest et à l'est de l'axe des massifs cristallins.
La structure d'ensemble de ces massifs est
surtout mise en évidence par deux grandes coupes naturelles,
qui ouvrent des fenêtres* dans l'empilement des nappes .
Ce sont :
- au nord-ouest, celle de la vallée du Guil (Queyras)
et son prolongement vers le sud-ouest, le tronçon NE-SW
de la vallée de la Durance aux environs d'Embrun (Embrunais
sensu stricto)
- au sud-est, la coupe de la vallée de l'Ubaye, qui reçoit en rive gauche deux affluents principaux donnant chacun une coupe complémentaire, le Bachelard (en aval de Barcelonnette) et l'Ubayette (en amont).
Ces deux grandes coupes tranchent l'empilement de nappes de charriage par une entaille qui va s'approfondissant de l'amont vers l'aval vis-à-vis de l'édifice structural. De ce fait, à l'amont n'apparaissent que les termes les plus élevés de l'empilement de nappes (ce sont les plus internes*, c'est-à-dire ceux dont l'origine, du côté du nord-est, est la plus lointaine) ; vers l'aval, au contraire, le soubassement autochtone* est atteint de plus en plus profondément, au gré des ondulations qui affectent la surface de charriage, tandis que les nappes ne forment que les crêtes des massifs entaillés par ces vallées.
On regroupe fondamentalement les nappes de
la région en quatre paquets, ou nappes majeures.
Elles proviennent de secteurs successifs (ou "zones paléogéographiques")
qui se sont individualisés par leurs particularités
sédimentaires au cours de l'ère secondaire et qui
se sont alors différenciées par des successions
stratigraphiques assez distinctes.
Depuis les plus externes (qui ont subi le moins de déplacement)
jusqu'aux plus internes (d'origine plus lointaine) ce sont les
zones subbriançonnaise,
briançonnaise, piémontaise et ligure. On rattache à cette dernière le paquet
des "nappes de flysch de l'Embrunais", qui, malgré
cette origine très interne, n'affleure (en haut de l'édifice
des nappes) que dans les crêtes dominant les moitiés
aval des deux grandes vallées.
Cet empilement de nappes est en réalité constitué par une multitude de tranches rocheuses, épaisses en moyenne de quelques centaines de mètres, qui s'étendent horizontalement sur des distances de quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres. Ce sont des fragments des nappes majeures, qui ont été dissociés lors des charriages ou ultérieurement. Elles sont qualifiées de "nappes élémentaires" lorsqu'elles sont assez bien individualisées par des caractéristiques qui se suivent sur des distances importantes ou désignées du noms d' "unités allochtones" lorsque leur individualisation et leurs dimensions sont plus médiocres.
On trouvera une analyse plus fouillée et plus critique des connaissances sur les nappes élémentaires de la zone briançonnaise et sur leurs rapports, actuels et originels, à la page "structure du Briançonnais méridional"
Aperçus plus précisément ciblés sur l'Embrunais, la Basse-Ubaye, la Haute-Ubaye, le massif d'Escreins, l'Ubayette, la Haute Stura, la Haute Maira et le Queyras |