Le Massif d'Escreins |
Le massif d'Escreins forme la plus grande partie de ce que l'on appelle parfois le "Queyras calcaire", qui s'intercale entre les localités de Guillestre et de Ceillac et culmine aux Pics de la Font Sancte (3387). Il tire son nom du hameau d'Escreins, situé à son cœur dans la vallée du Rif Bel. Sa limite occidentale correspond sensiblement à la vallée du Chagne et franchit la crête de partage des eaux avec l'Ubaye peu à l'est du col de Vars.
Il correspond à la tranche de la zone briançonnaise qui s'intercale entre les entailles transversale du Cristillan (et le cours inférieur du Guil), d'une part (du côté NW), et l'Ubaye d'autre part (du côté SE). Comme pour le reste de cette zone son relief est vigoureux, d'aspect souvent "dolomitique", ce qui est est dû à la présence de niveaux calcaires puissants sous et sur lesquels sont empilés des calcschistes et des schistes argileux.
(voir la page "Pic des Houerts") Un aspect des crêtes du massif d'Escreins : la crête du Pic des Houerts, vue de l'ouest depuis les pentes septentrionales du Paneyron. Le contraste entre les alpages de schistes et les falaises calcaéo-dolomitiques que ceinturent de rudes pentes d'éboulis est typique du relief de la zone briançonnaise et tout particulièrement du massif d'Escreins. |
Du point de vue structural il est constitué par un empilement de nappes de charriage, qui est rendu complexe par le fait que celles-ci sont fragmentées en "unités" dont les relations originelles ne sont pas faciles à reconstituer. La liste de ces unités et la façon dont elles sont disposées sont illustrés dans les deux schémas ci-après :
version de plus grande taille (250 ko) Carte géologique simplifiée du massif d'Escreins Au sein de ces unités les ensembles lithologiques majeurs qui les constituent sont distingués par des figurés en noir, notés en légende de la façon suivante : e-j = calcaires et calcschistes du Jurassique à l'Éocène ; tD = dalle massive du Trias calcaréo-dolomitique (tsD = Trias supérieur ; tmD = Trias moyen) ; ti-r = roches siliceuses massives du Trias inférieur et du Permien ; rV = roches volcaniques du Permien ; h = grès et conglomérats du Houiller. |
version plus grande de cette image Trois coupes géologiques transversales au massif d'Escreins Les couleurs, identiques à celles de la carte du massif, sont purement conventionnelles et distinguent seulement les unités tectoniques. Le niveaux stratigraphiques sont indiqués par des figurés en noir. Les coupes sont localisées en A, B et C sur la carte. Voir aussi la coupe, plus septentrionale, des gorges du Guil. et celle, plus méridionale, de la rive droite de l'Ubaye entre Serenne et Maurin. |
En outre, comme dans les autres massifs briançonnais de grandes cassures interfèrent avec les surfaces de charriage. Elles se répartissent en plusieurs familles qui s'avèrent être les unes antérieures aux charriages, les autres postérieures (tranchant à la fois plusieurs nappes superposées ainsi que leurs plis).
1- Les principales failles anté-nappes,
extensives, se répartissent en deux groupes :
- Les failles "longitudinales" de la nappe de la
Font-Sancte. Orientées comme les axes de plis post-nappes,
leurs plans de cassure ont été déformés
de façon
spectaculaire, par emboutissement lors des étapes compressives.
L'âge de leur jeu extensif (effondrement du compartiment
oriental) est difficile à préciser.
- Les failles transverses de la nappe du Châtelet,
qui ont été récemment étudiées
en détail dans le versant ouest du Pic
des Houerts (M.E. CLAUDEL, 1997) : les affleurements y recèlent
un excellent enregistrement des phénomènes tectono-sédimentaires
induits par leur jeu au Callovien-Oxfordien, à l'Albien
et enfin au Turonien.
Bloc perpectif schématique des chaînons situés au nord-ouest de la Font-Sancte, vu du NW dans l'axe des plis. FFS, FRB et FP sont les failles extensives anciennes (FFS = faille de la Font-Sancte, FRB = faille du haut Rif Bel, FP = faille de Panestrel). n.A (grisés) = nappe d'Assan ; n. FS = nappe de la Font-Sancte ; n. Ch = nappe du Châtelet L'axe du synclinal des Aspaturas passe par le sommet du Pic de Panestrel. Le sommet nord de la Font-Sancte est formé de calcschistes néocrétacés qui forment le coeur d'un "synclinal de la Partietta", dont le Pic des Heuvières représente le flanc nord-oriental. (ces plis sont représentés, mais non dénommés ici). |
2- Deux familles de failles post-nappes traversent de façon transversale la moitié nord du massif d'Escreins :
- Des failles orientées NE-SW.
La principale est la faille de La-Maison-du-Roy (non indiquée
sur les cartes actuelles), qui suit la rive gauche de la gorge
du Guil ("combe du Queyras") sur trois kilomètres
en amont de La-Maison-du-Roy (jusqu'au débouché
du torrent de la Lauze, dans lequel elle s'engage) : elle a donc
dû déterminer le tracé de cette partie de
la gorge, alors qu'elle passe nettement au sud de sa partie aval
(qui est vraisemblablement surimposée). Il s'agit en fait
d'un faisceau de décrochements dextres.
- Des failles orientées E-W,
dotées d'un pendage vers le sud et d'un abaissement de
leur compartiment méridional (ce sont donc des failles
du type "normal", extensives). On en rencontre deux
principales, dont le rejet est de plusieurs centaines de mètres,
qui sont accompagnées d'un certain nombre de cassures satellites
à plus faible rejet :
. la faille de la Mourière : le très fort
abaissement de son compartiment méridional a pour effet
de mettre en contact direct, en plusieurs point des abrupts séparant
la vallée du Cristillan du vallon des Pelouses, le Jurassique
de la nappe de la Font-Sancte, au sud, aux termes les plus élevés
de l'unité inférieure du Guil (marbres en plaquettes,
flysch noir), au nord.
. la faille des Pelouses est suivie par la partie supérieure
(orientée E-W) du vallon de ce nom. À son extrémité
orientale elle détermine le Pas du Curé (qui fait
communiquer ce vallon avec le cirque des Prés Sébeyrands).
Au Pic d'Escreins, elle abaisse le Trias de la nappe de Peyre
Haute au point de le faire buter vers le nord contre le Jurassique,
plissé en accordéon, de la nappe de la Font-Sancte.
Un aspect remarquable de ces deux cassures est que leur rejet
tend à contrebalancer le plongement vers le nord que manifeste
de façon particulièrement accentuée la nappe
de la Font-Sancte (et plus particulièrement les plis de
ses terrains post-triasiques) dans le secteur où elles
la tranchent.
aperçu
structural général sur la zone
briançonnaise méridionale
exploration du massif par lieux
Aller plus au nord ? : | gorges du Guil | |
Aller plus à l'ouest ? : | Vars | |
Aller plus à l'est ? : | Ceillac | |
Aller plus au sud ? : | Gorges de la Haute Ubaye |