Ceillac |
La localité de Ceillac est installée au débouché des gorges amont du Cristillan, peu en amont du point où ce torrent conflue avec celui du Mélezet. Elle se trouve ainsi en marge de la bande de terres cultivables offerte par la petite plaine alluviale de ce dernier. Ce fond de vallée doit son élargissement à ce qu'il occupe l'emplacement d'un ancien lac qui a été largement envahi, du côté nord et en amont, par plusieurs cônes de déjections torrentiels (et notamment par celui du Cristillan qui supporte l'ancien village) et qui a été colmaté en aval par les limons qu'y déversaient ces torrents.
La formation de ce plan alluvial est due à la présence d'un barrage naturel, que le Cristillan a assez profondément crevé mais qui s'observe encore, très en aval du village, à l'entrée amont des gorges inférieures du Cristillan : ce barrage est constitué par un amoncellement d'énormes blocs qui sont les produits d'un vieil éboulement (et non d'une moraine comme on l'a parfois écrit) ; leur répartition et leur nature indiquent qu'ils sont tombés depuis les abrupts de la Mourière, c'est-à-dire du versant sud de la gorge du Cristillan. |
Le versant d'adret de la plaine de Ceillac, en rive droite de la vallée du Cristillan
offre une belle coupe naturelle, transversale aux unités
tectoniques, qui donne la clé de la structure de ce secteur. Deux unités majeures s'y distinguent :
- L'unité de la Chapelue, armée par
une forte dalle de roches siliceuses permo-triasiques (quartzites
et Verrucano) qui s'enfonce, globalement en série renversée,
sous la vallée. Elle est tranchée transversalement,
à l'est du village par le cours du Cristillan qui
la franchit par un rétrécissement comparable à
une cluse*. De part et d'autre de la vallée la puissante
dalle de ces roches pourtant résistantes ne forme cependant
que deux crêtes mousses, celle des Eussellières du
côté sud et celle du signal du col Fromage (crête
des Chambrettes) au nord.
- La nappe de la Clapière, formée,
au nord de Ceillac, par une belle dalle de dolomies noriennes
qui plonge doucement vers l'ouest, également en série
renversée. Sa couverture jurassique et néocrétacée
affleure en rive droite du ravin des Routes et se complète du côté oriental par un ensemble très tectonisé surtout riche en marbres en plaquettes, la bande des écailles de Ceillac-Chiapera.
Coupe schématique passant au nord de Ceillac Les couleurs différencient les unités tectoniques (dont le nom est encadré) ; en brun-rouge le gypse et les cargneules qui emballent les écailles de Bramousse et jalonnent la faille de Ceillac du côté ouest. |
La partie occidentale de cette coupe montre que le renversement de ces unités vient de ce qu'elles s'y intègrent au flanc oriental de l'anticlinal de nappes du Guil : ce pli post-charriage exagère ici son déversement vers l'est, au point que les unités tectoniques y sont franchement superposées à l'envers, avec un pendage vers l'ouest assez modéré (c'est presque un pli couché). |
La limite entre ces deux unités est marquée par la bande des écailles du col de Bramousse. On y trouve, inclus au sein d'une matrice de gypses et de cargneules, des panneaux de taille pluri-hectométrique, formés chacun par une succession de termes triasiques, jurassiques et crétacés de type briançonnais très classique. C'est un couloir de dislocation tectonique qui frange, du côté ouest, une cassure majeure, la faille de Ceillac : on peut penser que les complexités que l'on y observe sont liées au jeu de cette faille.
En fait les écailles de Bramousse ne représentent que la marge orientale d'un ensemble disloqué auquel s'incorporent vers le sud les prolongements méridionaux de l'unité de la Clapière et sans doute d'Assan et même de la Font-Sancte, pour lequel j'avais proposé (en 1958) le nom de "bande Ceillac - Chiapera" (plus de détails ci-après). |
Les gypses et surtout les cargneules affleurent largement dans
les pentes et les ravins au nord du village. Au sud elles sont
largement masquées par les alluvions quaternaires (mais
le vallon du Mélezet doit certainement sa largeur à
l'affouillement par l'érosion de cette bande de roches
tendres).
Au sud du village de Ceillac la vallée du Mélezet suit le tracé de la faille de Ceillac. C'est une combe monoclinale, ouverte dans la bande gypseuse des écailles de Bramousse. Ses deux versants sont très dissemblables :
- En rive droite (cliché ci-dessus) la pente est modérée et dénude presque en dalle structurale le permo-trias siliceux de l'unité de la Chapelue, qui est disposé globalement à l'envers et qui s'enfonce vers l'ouest sous la vallée. Les bas de pente sont garnis par un placage morainique würmien que les ravins percent en mettant à nu quelques affleurements de gypse qui appartiennent à la bande des écailles de Bramousse et jalonnent donc la faille de Ceillac au sud du village (voir compléments à la page "Beaubardon").
- La rive gauche (voir les pages "Lourette" et "Mourière") est constituée par un escarpement boisé où des pointements rocheux discontinus permettent de reconnaître une alternance, en mille-feuille, de lames de Jurassique (Malm et Dogger) alternant avec des marbres en plaquettes. Le tout, à pendage vers l'ouest, est coiffé par des dolomies noriennes qui culminent vers le sud à la Croix du Signal : il s'agit donc très vraisemblablement du prolongement sud-oriental de l'unité de la Clapière (voir la coupe, plus haut dans cette page).
Il s'agit là d'un ensemble tectonique qui avait été appelé originellement la "bande de Ceillac - Chiapera" (M.Gidon 1962). Mais je l'ai depuis souvent désigné, dans le site geol-alp, du nom d'unité des calcschistes de Ceillac parce que ce terme a l'avantage d'exprimer brièvement la constitution qui est principalement la sienne. Toutefois on doit faire trois remarques en ce qui concerne cette constitution : - 1 - À partir du Mélezet, au sud (voir la page"Lourette"), et jusque sur les deux versants de la vallée du Guil, au nord de Ceillac (voir les pages Bramousse et Croseras), les calcschistes de la bande de Ceillac s'intriquent de plus en plus avec des terrains jurassiques et même triasiques qui apparaissent indissociables de l'unité de la Clapière : ces terrains semblent représenter seulement la couverture jurassico-crétacée du Trias supérieur de cette unité. Ces observations illustrent la complexité tectonique de la bande des calcschistes de Ceillac, qui apparaît un peu comme un assemblage de morceaux disparates, en dépit de sa géométrie plutôt monotone de couches toujours pentées vers le sud-ouest. Quoi qu'il en soit cette bande (y compris sa frange orientale, particulièrement
disloquée et injectée en gypses et cargneules, que sont les écailles
de Bramousse) se poursuit vers le nord-ouest comme vers le sud-est,
en donnant un alignement de zones déprimées en
bordure occidentale de la faille de Ceillac : En définitive la faille de Ceillac s'avère donc être un accident majeur,
"linéamentaire". Son jeu, tardif par rapport aux charriages, est sans doute complexe car il semble s'exprimer par une association de
traces de mouvement en extension, voire en coulissements et en rétro-chevauchement (qui se sont sans doute superposés dans le temps). voir à ce sujet la page consacrée au linéament briançonnais oriental. |
aperçu
d'ensemble sur le massif
d'Escreins
approfondir les vues générales
sur la zone
briançonnaise méridionale
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Mourière |
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