Crête de la Souvagea, Replat des Génisses |
La rive droite du vallon de Fouillouse s'élève au dessus du village pour culminer à la crête de La Souvagea. Mais celle-ci ne constitue pas un relief majeur : en effet elle ne s'invidualise du côté NW que assez haut dans les abrupts de rive gauche de l'Ubaye (voir la page "Châtelet") et elle s'efface assez vite vers le SE dans les hautes pentes de rive droite du vallon de Plate Lombarde, après avoir formé, au pied ouest du Brec de Chambeyron, le verrou qui retient le lac Premier.
En fait l'individualisation de cette crête vient de ce qu'elle est armée par la terminaison sud-orientale des affleurements calcaires triasico-jurassiques de la Nappe du Châtelet proprement dite, surtout représentés en rive NW de l'Ubaye (La Mortice), lesquels s'intercalent entre deux bordures de matériel moins résistant à l'érosion, argilo-gréseux au SW (Fouillouse) et argilo-calcaire au NE (Lacs de Chambeyron).
La crête prend naissance au flanc de la vallée de l'Ubaye, dans les pentes en amont du Châtelet, mais elle ne s'individualise bien qu'au niveau où la gorge du Vallon d'Aval s'épanouit vers le haut pour déboucher plus haut sur la dépression des lacs au Pas de la Souvagea. Elle culmine là au sommet 3018 du Bec Roux ( anciennement nommé "Panastrel de la Souvagea" par les habitants de la vallée).
Il s'agit là d'un crêt* jurassien bien caractérisé dont l'abrupt, formé par le Trias moyen, regarde vers le nord-est et tombe sur le vallon d'aval. C'est au pied de ses escarpements nord-orientaux que passe la surface de chevauchement de la nappe du Châtelet, qui fait reposer ses calcaires anisiens sur les marbres en plaquettes des lacs de Chambeyron (lesquels appartiennent peut-être, en fait, à la nappe de Sautron : voir la page "massif de Chambeyron").
Le revers méridional du crêt de la Souvagea n'est pas exactement une dalle structurale car les niveaux plus élevés de la succession des couches triasiques sont coupés en biseau peu oblique par la surface d'érosion. Les termes plus anciens du matériel de cette nappe du Châtelet affleurent dans les pentes qui dominent le village de Fouillouse.
image sensible au survol et au clic |
Le revers méridional de la crête de la Souvagea, vu de Saint-Paul / Ubaye (voir le cliché d'ensemble à la page "Saint-Paul") |
On traverse cette succession de couches, affleurant presque en dalles structurales, dans les pentes qui s'élèvent au dessus du village de Fouillouse , le long du sentier qui mène au refuge de Chambeyron : il s'élève d'abord en lacets dans l'enveloppe de flysch noir de l'anticlinal des Passets (que coiffe une petite klippe de flysch gréseux de l'Embrunais) puis il traverse la série, dans le sens stratigraphiquement descendant, en parcourant le versant en diagonale. à la faveur du fait que le pendage des couches y est notablement plus fort que l'inclinaison de la surface topographique (les couches les plus anciennes sont celles qui affleurent le plus haut sur la pente) |
Au sud du Pas de la Souvagea la crête rocheuse s'émousse et s'abaisse jusqu'à ne plus former qu'une échine presque horizontale, la Tête Viturière au pied est de laquelle se blottit le refuge de Chambeyron. Il s'agit là d'un verrou rocheux très caractérisé, qui retient les eaux du Lac Premier et qui a été franchi anciennement par la langue du glacier qui occupait l'autre bord de la cuvette des lacs en y ouvrant le raide mais large vallon des Passets, à profil typique d'un lit ancien du glacier.
Le bord opposé, méridional, de l'entaille des Passets forme la petite crête de la Plate des Génisses. On y voit s'y prolonger dans les strates de la nappe du Châtelet et l'on y constate qu'elles sont ployées en une voûte (l'anticlinal des Passets), ce qui fait que leurs affleurements les plus orientaux, ceux du col de la Coulette sont horizontaux.
Mais la surface de charriage de la nappe n'est pas affectée par cette torsion de sorte qu'elle coupe les couches en biseau et que ce sont les couches jurassiques du sommet de la succession qui affleurent seules avant de disparaître par biseautage tectonique à l'est de la Coulette. Il est en outre remarquable que ce soit à cet endroit que, compte tenu de son pendage, la surface de charriage de la nappe du Châtelet doit se prolonger sous le pied des escarpements du Brec de Chambeyron : elle doit donc sans doute s'y raccorder, voire se prolonger par la surface de charriage de cette Unité du Brec. |
La cuvette du Lac Premier, vue du nord, depuis les abords du Pas de la Souvagea. On distingue parfaitement le verrou* (bosse garnie de végétation, sous le mot "n.Châtelet") qui ferme la dépression du lac et au revers duquel s'abrite le refuge. Les abruptsqui soutiennent la bosse du Replat des Génisses représentent le flanc gauche (méridional) de la vallée à fond plat par laquelle le glacier poursuivait son cours plus en aval en rabotant les dalles moutonnées des ravins des Passets (voir à la page "sommet du Brec"). On a figuré quelques détails stratigraphiques et quelques unes des cassures mineures du Replat des Génisses u.Brec = unité (digitation) du Brec ; ØCh = surface de chevauchement de la nappe du Châtelet ; a.P = anticlinal des Passets ; f = failles mineures. |
Le dessin de cet anticlinal des Passets est très visible, en fond de tableau, lorsque l'on monte au village de Fouillouse ....
Au sud du Replat des Génisses (= Plate des Manzes des anciens documents) le Jurassique de la voûte anticlinale n'affleure plus que occasionnellement sous les marbres en plaquettes , à la faveur de cassures transverses. Ces derniers terrains eux mêmes disparaissent enfin vers le sud, recouverts par les flysch de l'Embrunais dans le haut vallon de Plate Lombarde.
On assiste ainsi à la disparition des terrains appartenant la nappe du Châtelet proprement dite mais l'érosion les remet à nu de l'autre côté (SE) du col du Vallonnet, et sans doute dans la montagne de la Rocca Blanca car elle se rattache aux affleurements du fond de ce Vallonnet par un système de plis un peu comparable à l'anticlinal des Passets.
image agrandissable |
La rive droite du vallon de
Plate Lombarde, en amont de Fouillouse (pentes de la Couletta et du Brec),
vue d'amont, du sud, depuis les pentes du Pra de Balces, au sud du col du Vallonnet (dessin extrait de la publication n° 024). |
ØE = chevauchement des nappes de flysch de l'Embrunais ; n.Ch = nappe du Châtelet ; ØFS = chevauchement de la nappe de la Font Sancte ; n.aC = nappe de l'Aiguille de Chambeyron. |
Diverses pages relatives au massif du Chambeyron :
Vue d'ensemble du chaînon du Brec, Le Brec lui-même , La crête méridionale du Brec , La dépression des lacs de Chambeyron , l'Aiguille de Chambeyron , Fouillouse et La Souvagea.
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