Le Brec de Chambeyron proprement dit |
L'essentiel du Brec de Chambeyron est formé de calcaires et dolomies du Trias moyen ; mais sa pyramide sommitale est couronnée par un chapeau de calcaires du Dogger et du Malm (qui constitue une sorte de butte-témoin* de ces terrains jurassiques).
Les marbres de Guillestre (du Malm) forment l'essentiel du glacis sommital du Brec ; pourtant l'extrême sommet du Brec n'en est pas constitué, mais sculpté dans les calcaires gris bleutés du Dogger : cela est dû à ce que les couches jurassiques sont décalées par une faille verticale (en fait très mineure) qui traverse ce glacis sommital à flanc de pente, une trentaine de mètres en contrebas du point culminant. Cette faille du couloir Bujon détermine, en face nord, la ravine de ce nom. Elle est visible depuis la Tête de la Fréma, depuis les Rochers de Saint-Ours ou même depuis le haut vallon de Fouillouse ; mais elle n'est pas visible depuis le refuge de Chambeyron, parce que son tracé est orienté presque N-S et suit le fond de la ravine déterminée par la cassure. |
Toutes ces couches sont inclinées vers le sud-ouest ; elles déterminent des abrupts, tourmentés de couloirs et de clochetons, qui contrastent fortement avec le relief, mamelonné et garni d'alluvions quaternaires, du plateau des lacs de Chambeyron, formé quant à lui de calcschistes du Crétacé supérieur ("marbres en plaquettes").
La superposition de ces deux ensembles est évidente puisque la ligne de séparation fait le tour de la montagne, bien qu'elle soit cachée par une jupe d'éboulis presque continue (notamment sur le versant italien). Elle est en outre clairement anormale puisque des terrains relativement anciens surplombent d'autres plus récents. Elle se fait selon une surface presque plane, doucement pentée vers l'ouest, de superposition tectonique qui isole du chaînon du Brec en une klippe.
Cette disposition résulte du charriage d'une entité structurale particulière, l'"unité du Brec", nettement individualisée par son isolement*.
Coupe transversale au vallon de Fouillouse, passant par le sommet du Brec. (le sud-ouest est à droite, conformément à l'orientation du cliché ci-dessus). Ø5 = chevauchement de la nappe du Châtelet , Ø'5 = chevauchement de la "digitation" du Brec. |
Cette unité du Brec repose sur les unités immédiatement inférieures dans l'édifice structural, qui sont les nappes de Sautron et de Chambeyron (ici assez difficiles à délimiter l'une de l'autre). Mais elle se rattache assez évidemment à la nappe du Châtelet, en tant que subdivision de cette dernière (désignée comme "digitation" du Brec), seulement due à un chevauchement secondaire au sein de cette nappe.
Cette conclusion découle de ce que l'unité du Brec a la même succession stratigraphique et de ce que ses affleurements se placent pratiquement dans le prolongement des affleurements extrêmes de la nappe du Châtelet proprement dite, en direction de l'est. En effet, depuis le Pas de la Coulette jusqu'aux abords du col du Vallonnet le bord ouest de la base triasique de la tranche de roches qui constitue l'unité du Brec ne chevauche que médiocrement les affleurements jurassiques qui représentent, notamment au Replat des Génisses, le bord oriental du corps principal de la nappe du Châtelet : ces derniers se terminent d'ailleurs rapidement par biseautage sous ceux du Brec aux abords orientaux du Pas de la Couletta (voir cliché ci-dessus). |
|
|
|
|
Fouillouse |
|
|
|
|
|
|
|
|