La Mortice, lac des Neuf-couleurs, vallon de Serenne |
La montagne de La Mortice représente l'extrémité méridionale du chaînon de la crête de Vallon Laugier, qui culmine plus au nord au Pic des Houerts. Elle est constituée par le matériel calcaire de la nappe du Châtelet (Trias moyen à Jurassique supérieur, mais sans calcschistes néo-crétacés) qui s'abaisse jusqu'à la vallée de l'Ubaye, en affectant l'allure d'une lourde voûte de plus en plus disséquée par l'érosion.
Ce relief vient de ce que ses couches sont ployées en une ébauche de voûte anticlinale dont seul est observable le flanc occidental. En effet la succession des couches est entaillée du côté oriental par un fort abrupt, de sorte que cette morphologie est finalement un peu celle d'un crêt* jurassien. Mais au pied de ces falaises les calcaires triasiques reposent, par une surface de charriage, sur les marbres en plaquettes des Becs de la Grand Roche (nappes de Sautron et des Aiguilles de Chambeyron).
Toutefois le contact n'est visible que dans la partie inférieure de la rive droite du vallon et à son sommet, au col du Grand Caire, car entre les deux il est masqué par les jupes d'éboulis continues qui garnissent les deux flancs du vallon du Grand Caire.
L'extrémité inférieure, méridionale, du chaînon est enfin constituée par les falaises du Péouvou, qui tombent sur la vallée de l'Ubaye en y dominant le spectaculaire verrou rocheux du Pont du Châtelet.
Coupes transversales de l'extrémidé méridionale du chaînon de la Mortice, en rive droite de l'Ubaye consulter la légende générale des abréviations et figurés / / dans sa version de grande taille La coupe inférieure passe peu au nord du verrou du Châtelet ; Le "Grand Colonne" est un petit sommet, au sud du Grand Caire, coté 2656 mais non nommé sur la carte actuelle ; la "Lauze à Robert" est dénommée Lauze Roberte sur la carte actuelle. Ces coupes montrent la disposition des failles "plates" (F1 et F2) qui sectionnent cette partie du chaînon : il s'agit vraisemblablement d'anciennes failles extensives transportées par le charriage puis basculées par le plissement postérieur au charriage. Ø2 = surface de chevauchement de la nappe du Châtelet ; F2 = faille des Terres Noires. |
Depuis le sommet, l'échine de la montagne s'abaisse d'abord doucement vers le sud-ouest en conservant sa carapace de calcaires jurassiques qui, dénudée par ablation de sa couverture de flysch noir, forme une dalle structurale de plus en plus inclinée (en demi-coupole). Puis la voûte de la carapace jurassique est éventrée par l'érosion qui y a affouillé jusqu'à atteindre les dolomies et calcaires triasiques en y sculptant la crête déchiquetée du Grand Caire.
Le pied occidental des rochers du Grand Caire est traversé par un talus d'alpage suspendus en vire à flanc du versant, au dessus des abrupts du Péouvou. Il est dénommé "les Terres Noires" car on y voit affleurer les schistes argileux noirs du flysch noir : ils y reposent sur la tranche des bancs jurassiques des abrupts qui soutiennent cette vire par l'intermédiaire d'une "faille des Terres Noires" dont la surface de cassure est presque horizontale (il s'agit d'une ancienne faille extensive qui a été basculée avec les couches de la nappe lors du ploiement de cette dernière). Une deuxième faille très similaire travers la partie haute des abrupts du Péouvou de Serenne (on trouvera des commentaires plus détaillés sur ces cassures à la page "Châtelet").
Sous cette vire la dalle calcaire de la Mortice s'enfonce, en rive occidentale du ravin de Serenne, sous les schistes de l'unité de Serenne, qui la recouvrent par l'intermédiaire d'un olistostrome* à matrice de flysch noir briançonnais.
Le sommet même de la montagne de La Mortice se singularise par sa forme particulière, très surbaissée, qui tranche (surtout si on la considère du côté occidental), avec celle des crêtes déchiquetées de son voisin immédiat, le Pic des Houerts. Elle comporte un petit cône sommital de flysch noir posé sur une dalle de Marbres de Guillestre (Malm) qui constitue le sommet de la puissante barre de calcaires jurassiques qui couronne les dolomies du Trias moyen de la nappe du Châtelet.
image sensible au survol et au clic |
Le versant occidental de La Mortice, vu d'avion de l'ouest. |
Du côté nord-ouest cette carapace de calcaires jurassique est crevée par l'érosion mais des panneaux en sont conservés car abaissés par le réseau de failles qui affecte cette structure anticlinale. C'est à l'entrecroisement de deux de ces failles que se trouve le lac des Neuf Couleurs, dans un creux à moitié comblé par les gros blocs éboulés de la falaise de la Mortice (ils sont en majorité constitués de marbre noduleux rouge de Guillestre) : c'est une situation paradoxale qui devrait au contraire favoriser l'absorption de l'eau dans le substratum rocheux, de la même façon que cela se produit au gouffre de La Mortice. Sans doute l'étanchéité de son fond doit elle être due aux débris des calcschistes argileux du Dogger qui affleurent sur sa rive nord
consulter l'aperçu structural général
sur la zone
briançonnaise méridionale
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redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074 |
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Paneyron - col de Vars |
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