Crête des Couniets, Pointe de Pastourlet |
La crête des Couniets limite du côté ouest le Vallon Laugier en prolongeant vers le sud-est la Crête de Vars. Mais son relief est doté d'un modelé de tout-à-fait différent, car, à la différence de cette dernière, formée par les calcaires et dolomies de la nappe de Peyre Haute, la Crête des Couniets est formée pour l'essentiel par les termes supérieurs, schisteux ("flysch noir"), de la nappe du Châtelet, que l'érosion à débarrassé du chapeau de la nappe de Peyre Haute sous lequel elle s'enfonce au nord du col de la Coulette.
Il est à noter que ce col de la Coulette, dont l'altitude est de 2362
m, est occupé par deux crêtes parallèles de
matériel morainique, orientées NW-SE comme la crête.
Il est probable que leur présence témoigne du niveau
atteint par les glaciers au maximum de la glaciation de Würm et indique que les appareils glaciaires qui descendaient du Vallon
Laugier à l'est de la crête et du Paneyron, à
l'ouest, s'y rapprochaient alors à se toucher, ne laissant
émerger la crête qu'au nord et au sud du col. |
Coupe schématique transversale à la Crête des Couniets et au vallon Laugier Les couleurs correspondent aux différentes unités tectoniques (voir la légende générale à la page "massif d'Escreins"). La mention "crête de Pastourlet" désigne sa partie septentrionale, ou Rochers des Oliviers. |
À la crête des Couniets les affleurements de flysch noir de la nappe du Châtelet sont accidentés, par places, d'escarpements dus à de gros bancs de grès clairs d'aspect presque quartzitique : c'est le cas notamment à la Pointe de Pastourlet (on en voit des éboulis sur le chemin du Pas des Couniets, qui mène au lac des Neuf-Couleurs). On y rencontre aussi, surtout sur le versant ouest la crête, des affleurements discontinus de matériel calcaire.
- Les uns sont des klippes* appartenant à la nappe de Peyre Haute. C'est le cas des pitons des Oliviers, au nord de la Pointe de Pastourlet, qui sont formés de dolomies noriennes et de Jurassique (Marbres de Guillestre et calcaires noirs du Dogger). Ils se singularisent d'ailleurs par leur relief en clochetons que séparent d'anciennes crevasses en partie comblées d'éboulis. Cela trahit le fait qu'ils ont été disloqués en paquets disjoints, en glissant, au quaternaire, à la surface des schistes argileux de leur soubassement (ce glissement a certainement été favorisé par le fait que la surface basale de la nappe à laquelle ils appartiennent est inclinée sensiblement comme la pente topographique).
- Les autres représentent des olistolites : c'est ainsi que les lames de marbres en plaquettes du soubassement de la Pointe de Pastourlet et les larges affleurements de marbres en plaquettes des alpages des Couniets (1 km au sud de la Bergerie), sont interstratifiés dans le flysch noir briançonnais du sommet de la série stratigraphique de la nappe du Châtelet.
- Le cas du chapelet de pitons rocheux qui forme une crête N-S entre les points cotés 2561 et 2636 du versant ouest du pas des Couniets est plus ambigu.
En effet il est constitué par la barre calcaire du Dogger qui a visiblement glissé dans le versant en ouvrant une profonde crevasse longue de près de 500 m, dont le sentier suit le bord oriental : cela évoque la situation des pitons des Oliviers. Cependant cette barre rocheuse repose sur une lame de marbres en plaquettes et paraît faire corps avec elle, comme s'il s'agissait de deux olistolites superposés (mais on ne peut savoir si, comme le voudrait cette hypothèse, le rocher était originellement recouvert de flysch noir ...). |
La portion de la crête sommitale qui se détache vers le sud pour rejoindre, depuis le col de Serenne, le sommet de la Tête de Paneyron est formée de schistes noirs qui sont, par bandes alternées, soit des schistes de la formation de Serenne, soit du flysch noir briançonnais. Quelle que soit leur nature ils sont affectés de glissement de versant qui remontent localement jusqu'à la crête de partage des eaux entre Chagne et Ubaye.
Le site du Lac de l'Étoile, vu du SW, d'avion. |
C'est l'origine du Lac de l'Étoile, qui est paradoxalement perché sur cette crête même, car il y est logé dans la crevasse d'arrachement d'un des paquets tassés du versant ouest.
Coupe passant peu au nord du col de Vars (par C. Kerckhove, légèrement retouché) ØE = surface de charriage des nappe de l'Embrunais ; s.M = synclinal de Meyronnes ; f.P = faille du Paneyron (prolongement de l'accident de Saint-Ours). "sVg" = niveaux gréseux de la pointe de Chatelret, intercalés dans les schistes du col de Vars |
Les affleurements de flysch noir du versant occidental de la crête des Couniets se poursuivent vers le bas des pentes jusqu'au village de Sainte-Marie (au nord duquel ils sont largement masqués par un enduit morainique). Ils y font place, du côté occidental, aux schistes noirs du Col de Vars, appartenant aux nappes de l'Embrunais (unité de Serenne), avec lesquels ils sont en contact par un important accident sub-vertical, la faille du Paneyron, qui a fonctionné plus tardivement que les charriages.
Les basses pentes septentrionales des Couniets et du Paneyron : rive droite du Chagne en amont de Vars - Sainte-Marie, vu du nord-ouest, depuis les pentes de Rebrun. Relief très mou, dû à la présence de matériel morainique recouvrant les formations à prédominance argileuse du flysch noir briançonnais (fn) et de l'unité de Serenne (sS et scV). ØS = surface de chevauchement de l'unité de Serenne (nappes de flyschs de l'Embrunais) sur la zone briançonnaise ; f.P = faille du Paneyron : cet accident est le prolongement septentrional de l'accident de Saint-Ours et (vraisemblablement) de la faille du Ruburent (son tracé est jalonné de copeaux de matériel briançonnais et de schistes gris de Serenne, en forme de navettes* à contours cartographiques fusiformes). |
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(Les Claux - La Mayt) |
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