Structure de la marge méridionale du Dévoluy |
Le terme "marges du Dévoluy" désigne les secteurs, périphériques
par rapport au Dévoluy proprement dit, où l'érosion
a déblayé la couverture de Sénonien, de sorte
que l'on y voit affleurer seulement du Crétacé inférieur
et du Jurassique supérieur.
La marge méridionale, examiné ici, est drainée du côté nord par le Grand et le Petit Buëch et du côté sud par la Durance. Elle jouxte le Bochaine proprement dit, au nord de Veynes et le Bochaine oriental (massif des sources du Petit Buëch, ou de Rabou, au nord de Gap) :
Le Bochaine méridional, au sud de Veynes et de la vallée du Petit Buëch, est constitué par les chaînons compris entre les crêtes de Céüse (à l'est) et d'Aujour (à l'ouest). Il a une structure très analogue à celle du Bochaine proprement dit, mais le Sénonien n'y forme plus qu'une seule bande, qui se ferme très vite vers le sud dans le versant ouest de Céüse (rive droite de la vallée du Drouzet). Ceci témoigne d'une remontée générale des axes de plis qui est due à ce que l'on se trouve là au flanc ouest du Dôme de Remollon (coupole anticlinale qui est la structure essentielle du Gapençais proprement dit).
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d'après une image extraite de "google-earth"
Répartition des couches anté- et post-sénoniennes dans le massif du Dévoluy au sens large.
Sur cette vue, prise du sud, la surcharge de teinte vert clair désigne les secteurs où la chape sénonienne est conservée, souvent avec des terrains tertiaires au cœur des grands plis synclinaux ; les charnières dessinées en orange sont celles de plis N-S post-nummulitiques et les alignements de points jaunes les axes des plis NW-SE, également post-nummulitiques mais sans doute antérieurs.
On y constate également, d'est en ouest, une ablation de
plus en plus complète du Sénonien sous les dépôts
continentaux (à faciès Molasse Rouge) du Nummulitique
: ceci annonce ce qui se passe dans les chaînons au NE de Sisteron (secteur de Turriers - Clamensane), où le Nummulitique repose directement sur des terrains anté-sénoniens.
Les plis post-nummulitiques s'y répartissent assez nettement en deux familles, l'une NW-SE (proche de N 130), qui semble la plus ancienne car elle est réorientée par la seconde, dont les axes sont plus proches de N-S (N 170 le plus souvent).
La famille NW-SE se rattache à un système de plis qui se développent très généralement dans les secteurs voisins du Diois, des Baronnies, du Gapençais et du pays dignois. La direction N-S se manifeste plutôt ailleurs en relation avec des déformations tardives, miocènes, telle la mise en place de la nappe de Digne.
Les plis NE-SW (certainement anté-nummulitiques
et probablement anté-sénoniens) ont tous une nette vergence
sud, ce qui s'accompagne parfois d'une rupture en pli-faille (chevauchements
d'Aujour et de Côte Belle-Le Saix). Ils sont en outre affectés par un système de cassures sub-méridiennes, à fort pendage, qui les débitent, transversalement à leur axe, en une succession de tronçons plus ou moins décalés horizontalement.
Les modalités de détail de l'interférence entre les plis anté-Sénoniens E-W et ces cassures N-S, certainement post-sénoniennes (d'âge post-Nummulitique démontré dans certains cas), sont assez curieuses ; elles sont notamment analysables dans la vallée du Drouzet à l'est de Châteauneuf-d'Oze, dans le vallon de Vaux au nord-ouest de Montmaur et dans le chaînon d'Aujour, au sud de Veynes.
On y constate que, si ces failles ont été le siège de mouvements coulissants N-S, il ne s'agit pas, dans la plupart des cas, de véritables décrochements. En effet les sens de rejet, appréciables par le décalage des niveaux repères, s'inversent souvent (de dextre à sénestre) lorsque l'on passe d'un flanc à l'autre du pli. Ceci pourrait suggèrer que leur rejet soit seulement vertical ; mais cette interprétation n'est pas correcte car, en outre, la direction des couches (proche de E-W dans l'un et l'autre flanc du pli) se modifie de telle sorte que, dans l'une des lèvres (souvent la lèvre orientale) elle tend à se rapprocher d'un azimut N-S. Cela indique qu'il s'y est produit un écrasement de l'ancien pli, par raccourcissement E-W, qui est allé jusqu'au dépliage, parfois total, de sa voûte anticlinale ou de son fond synclinal (selon le cas).
N.B. La question abordée ci-dessus a été examinée dans la publication n° 055
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d'après une image extraite de "google-earth"
Le versant septentrional de l'ensemble de la montagne de Céüse vue assez fortement plongeante depuis le nord.
s.C-M = synclinal de Céuse - Matacharre ; s.vM = synclinal du Villard de Montmaur ; ØC = chevauchement de Céüse ; ØP = chevauchement du Pennas ; Ds = surface de discordance, à la base du Sénonien.
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La rive droite de la Durance aux abords de La Saulce vue du sud depuis les crêtes de La Montagne de Melve (Les Croix)
ØC = chevauchement de Céüse
- La Saulce
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Les confins des chaînons de la marge sud du Bochaine et de ceux des Baronnies orientales, entre Durance et Buëch : vue d'ensemble, du nord-ouest, depuis l'aplomb approximatif du Serre de la Bouisse (cliché original obligeamment communiqué par M. P. Bantzhaff)
ØC-S = chevauchement de Céüse
- La Saulce ; a.E = anticlinal d'Espréaux ; ØB = chevauchement de Barcillonnette ; s.S = synclinal des Selles ; ØA = chevauchement d'Aujour ; a.S = accident de Savournon (rompant longitudinalement l'anticlinal du même nom) ; s.S = synclinal de Montmorin ; s.bU = synclinal du Bois de l'Ubac.
voir aussi : le cadre structural du massif , les étapes de déformation, les cartes du massif , les coupes du massif
(entre Monestier d'Ambel et Beaufin) |
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entre le col de la Croix Haute et Veynes |
(versant oriental du Dévoluy) |
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au sud de Veynes et de la vallée du Petit Buëch |
à l'est de Montmaur et au nord de la vallée du Petit Buëch |
aller plus au sud : Dépression de Laragne