Les étapes de leur déformation tectonique |
On peut distinguer dans la structure tectonique du massif du Dévoluy et de son pourtour les effets des étapes tectoniques successives suivantes:
· Phase des plissements anté-sénoniens. Cette phase débute dès le Turonien inférieur, mais les mouvements se poursuivent jusqu'à l'aube du Coniacien. Elle aboutit à la mise en place de plis droits ou déversés vers le Nord, orientés NE-SW à E-W, observables sur le pourtour du massif du Dévoluy.
· Phase des plissements anté-nummulitiques. La bordure du Champsaur montre un certain nombre de plis NW-SE déversés vers le Sud-ouest. Ces plis sont recouverts en discordance par le Nummulitique sur la marge sud-est du massif du Pelvoux (chaînons du Vieux Chaillol, feuille Orcières); ils sont orientés à peu près N 130°E et ne possèdent donc aucunement les caractères des plis anté-sénoniens du Dévoluy.
· Phase des fractures nummulitiques. Un certain nombre d'accidents cassants ont fonctionné
avant la sédimentation du Nummulitique tout en affectant
les terrains sénoniens. L'épisode d'érosion
continentale, productrice de conglomérats, qui précède
la transgression marine de l'Éocène supérieur correspond
donc à une phase tectogénétique qui semble
principalement distensive et distincte, par conséquent,
des phases précédentes.
D'autres accidents ont fonctionné pendant le début
de la sédimentation nummulitique: tel est le cas des failles
des versants sud et est de la montagne de Gicon dont le fonctionnement
s'est notamment accompagné de la formation d'olistolites
(de matériel principalement sénonien). Une composante
de rejet coulissant N-S se manifeste au cours de cette étape.
· Phase des plissements post-nummulitiques. Cette phase est responsable de la formation des grands plis orientés sensiblement N.NW-S.SE qui affectent notamment le Sénonien et le Nummulitique du Dévoluy: il s'agit dans l'ensemble de structures à grand rayon de courbure qui paraissent associées à l'apparition d'une schistosité d'azimut moyen N 140° à N 180°E (qui s'observe aussi bien dans les marno-calcaires nummulitiques que dans ceux du Néocomien ou du Jurassique supérieur).
Il semble bien qu'il faut, en fait, les répartir en deux familles correspondant à deux étapes successives de la déformation, car les plis dont l'axe est proche de N-S semblent interférer, en les déformant, avec les plis d'axes plus NW-SE.
En outre
il faut rapporter à cette phase le développement de grands chevauchements
vers l'Ouest qui s'observent au coeur du Dévoluy et à
sa bordure orientale.
Les grands plis méridiens du Champsaur oriental et du Beaumont
méridional sont sans doute à rapporter à
cette phase; ils constituent un synclinorium limité du
côté est par le cristallin de la bordure du massif
du Pelvoux, plus ou moins renversée vers l'Ouest. La schistosité
méridienne y affecte pratiquement tous les niveaux stratigraphiques.
Il faut probablement rapporter en outre à une étape
tardive de cette phase de déformation le jeu coulissant
d'un certain nombre de failles orientées NE-SW qui ont
alors enregistré des mouvements dextres (ce qui est en
accord avec l'orientation est-ouest du serrage responsable des
plis).
image sensible au survol et au clic
d'après une image extraite de "google-earth"
La vallée du Grand Buëch entre Saint-Julien et La Faurie
vue de l'ouest, dans l'axe de l'anticlinal (a5) de La Rochette-Faucon
On voit bien, sous cette perspective plongeante, l'enfoncement, vers l'est, des plis E-W anté-sénoniens, sous la dalle des calcaires sénoniens du synclinal de Lus.
Les affleurements de Sénonien sont marqués par une surcharge orange ; cette teinte est également attribuée aux axes de plis post-sénoniens, alors que les axes des plis anté-sénoniens sont figurés en blanc (leur divergence vers l'avant est un pur effet de perspective).
On a souligné de bleu la corniche tithonique et de vert la barre calcaire barrémo-bédoulienne.
Cette coupe suit sensiblement la limite occidentale
du Dévoluy proprement dit (elle est partagée en deux
tronçons - tronçon septentrional en haut - pour de simples raisons de commodité de mise en
page).
Elle montre la succession des
plis anté-sénoniens dont la nomenclature répond à la même numérotation
que sur la carte structurale du Bochaine septentrional (suite de cette nomenclature vers le sud, dans la légende au bas de la carte du Bochaine méridional) .
On trouvera ci-après deux vues illustrant les rapports discordants entre le Sénonien et son substratum :
image sensible au survol et au clic
La discordance du Sénonien, sous la Tête
de la Cavale (sud de l'Obiou) ; photo prise de l'ouest, au sud de Rochassac ; le personnage cerclé donne l'échelle (plus de commentaires à la page "Obiou ouest").
On voit ici l'angle que font les bancs sénoniens
(presque horizontaux) avec ceux du Tithonique, qui pendent vers
le nord, car ils appartiennent au flanc nord d'un anticlinal
antésénonien (A1 de la coupe ci-dessus).
image sensible au survol et au clic
un exemple de discordance du Sénonien sur une charnière
synclinale, sous le sommet du Chauvet
vu du sud vers le nord, depuis la Tête de l'Are (contexte à la page "col du Festre").
En premier plan les ravines du versant sud-ouest de
la crête du Chauvet mettent à nu les terrains du
flanc oriental de l'anticlinal N-S de la Béoux,
couronnés par la barre calcaire du Barrémo-Bédoulien.
Celle ci décrit, à l'est de la tête de Chauvet,
un net mouvement synclinal (il s'agit du pli S3 de la carte structurale et de la coupe ci-dessus), qui est coupé par la surface de discordance*
(D) du Sénonien.
(entre Monestier d'Ambel et Beaufin) |
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entre le col de la Croix Haute et Veynes |
(versant oriental du Dévoluy) |
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au sud de Veynes et de la vallée du Petit Buëch |
à l'est de Montmaur et au nord de la vallée du Petit Buëch |
voir aussi : l'aperçu structural d'ensemble / le cadre structural du massif / les cartes du massif / les coupes du massif