Pont-en-Royans

Débouché aval des gorges de la Bourne

Le cours le plus aval de la Bourne rejoint celui de l'Isère à la marge orientale du bassin molassique miocène péri-alpin*. Elle le fait à la latitude où s'ouvre la dépression du Royans, diverticule oriental de ce bassin qui s'engage vers le sud entre le Vercors proprement dit et le chaînon des Monts du Matin, plus occidental.
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Les confins du Vercors et du Royans vus du sud, d'avion, depuis l'aplomb de la montagne de l'Arp.
s.R = synclinal du Royans ; a.N = anticlinal du Nant ; s.Pr = synclinal de Presles.
f.V = faille de Villeneuve ; f.P = faille de Presles (accident ancien, antérieur au plissement) ; f.pR = faille du Pont Rouillard (décrochement sénestre).
Les tirets jaunes indiquent la limite, le plus souvent masquée sous les alluvions quaternaires, entre terrains tertiaires et secondaires.

Avant de traverser cet ample domaine synclinal à cœur d'affleurements tertiaires le cours de la Bourne s'échappe du Vercors en perçant la barrière constituée par les couches d'âge secondaire du flanc oriental de ce synclinal du Royans.
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Le Vercors occidental à la latitude de Pont en Royans, vu du SW d'avion.
f.V = faille de Villeneuve ; a.N = anticlinal du Nant ; f.P = faille de Presles ; s.P = synclinal de Presles ; a.C = anticlinal des Coulmes.

La localité de Pont-en-Royans se situe très précisément au débouché aval d'une cluse* spectaculaire, le Défilé de Villeneuve, par laquelle la rivière tranche les bancs massifs de l'Urgonien (voir les remarques sur son orientation, plus loin dans la présente page). Ceux-ci plongent vers l'ouest (vers l'aval) et sont dénudés en dalles structurales : elles ébauchent vers le haut une voussure anticlinale qui est le début de la charnière d'un pli, l'anticlinal des Garides, dont le cœur est visible plus en amont dans la gorge (voir plus loin).

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L'agglomération de Pont-en-Royans vue de l'ouest, depuis la bifurcation des routes D.518 et D.531.
f.V = faille de Villeneuve ; a.G = anticlinal des Garides

En rive droite les pentes qui portent l'agglomération sont quant à elles formées par les couches plus récentes, sénoniennes et même éocènes. Elles appartiennent aussi au flanc ouest de cet anticlinal des Garides mais ne reposent pas sur l'Urgonien, pourtant penté vers l'ouest, qui forme le haut de ce versant.
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L'agglomération principale de Pont-en-Royans vue du sud-ouest, depuis la route de Sainte Eulalie
La bande de sables siliceux éocènes du flanc est du synclinal du Royans passe à Pont-en-Royans même. Ces sables y ont été exploités comme matériaux réfractaires (carrières blanches, visibles en rive gauche et en rive droite de la Bourne).
La succession des couches est perturbée par la faille de Villeneuve (f.V). C'est une faille pentée vers l'est et presque orthogonale auc couches, qui fait avancer les dalles urgoniennes des pentes supérieures en chevauchement sur les termes plus récents de la série stratigraphique qui affleurent plus bas dans le versant.

Elles en sont séparées par une cassure, la faille de Villeuve, qui rehausse et fait chevaucher les strates de l'Urgonien pentées vers l'ouest. Mais sa surface de cassure est pentée vers l'est, c'est-à-dire presque orthogonalement aux couches (et non à angle aigu avec elles, comme dans une faille compressive habituelle).

Cette disposition résulte sans doute de ce qu'il s'agit d'une faille anté-Miocène, extensive, à lèvre occidentale abaissée, dont surface de cassure était initialement proche de la verticale : c'est ultérieurement, lorsqu'elle été basculée par le plissement, que cette cassure a acquis son pendage actuel vers l'est.

On peut remarquer que, par ces caractéristiques, cette faille s'apparente avec celle du col de la Croix, qui naît plus au sud à la latitude de Saint-Jean. Elles témoignent sans doute d'une facturation en extension aux limites du bassin sédimentaire miocène du Royans.

Les couches sénoniennes et éocènes de la partie basse du flanc ouest de cet anticlinal des Garides ont donné lieu à des exploitations de sables réfractaires qui sont encore visibles surtout en rive gauche de la rivière.

Les faubourgs méridionaux de Pont-en-Royans vus du sud-ouest, depuis la route de Sainte Eulalie (rive gauche de la Bourne).
observer l'ancienne carrière dans les sables réfractaires blancs.
f.V = faille de Villeneuve .

En amont du village la coupe naturelle de la cluse n'est pas orientée E-W, perpendiculairement aux couches, mais en grande partie NE-SW. Cela confère au cours de la rivière un curieux tracé local en baïonnette dont il est difficile de fournir une explication géologique .

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Les abords de Pont-en-Royans vus du sud, depuis la fermeture aval de la reculée de Combe Laval ("col Gaudissart", route D76).
s.R = synclinal du Royans ; a.G = anticlinal des Garides ; f.pR = faille du Pont Rouillard (elle passe sur le revers est de la crête des Garides et est recoupée plus au nord par la route qui mène de Saint-André, par le bas de la combe de Vialonge, au col de Toutes Aures) ; f.V = faille de Villeneuve

Le fait que l'entaille de cette cluse est orientée non pas perpendiculairement mais en biais par rapport à la direction des couches est difficile à interpréter mais porte à envisager qu'il résulte de la déformation tardive d'un cours initalement orthogonal.
En effet la bande des affleurements calcaires urgoniens des Garides et du Mont Baret est limitée du côté ouest comme du côté est par deux failles parallèles (respectivement celle de Villeneuve et celle du Pont Rouillard). De plus elles présentent à leur extrémité septentrionale; près de Saint-André, un assez évident rejet de coulissement sénestre (voir la page "Chérennes").
Il est donc comme plausible d'envisager que ce fonctionnement coulissant ait induit, par un cisaillemnt horizontal sénestre le pivotement anti-horaire de ce panneau calcaire intercalaire et donc du tracé du Défilé de Villeneuve.

L'entaille du cours de la Bourne y met en évidence à cette occasion la charnière du bel anticlinal des Garides, dont on observe la retombée urgonienne au débouché amont en rive droite de la gorge.


La cluse de la Bourne
, en amont de l'agglomération vue du sud-ouest, depuis le hameau de Villeneuve
Noter la dysharmonie* de plissement entre l'Urgonien de la voûte de l'anticlinal des Garides qui dessine un seul pli ample et les petits bancs de son coeur qui décrivent plusieurs ondulations secondaires (ces dernières couches anciennement rapportées au Barrémien inférieur sont plutôt d'âge Hauterivien terminal).

Par sa situation à la bordure occidentale du Vercors cet anticlinal des Garides semble représenter le simple prolongement méridional de l'anticlinal du Nant, qui affecte cette bordure plus au nord (voir la page "Chérennes"). Toutefois il présente par rapport à lui des différences très notables, en même temps que limitées au secteur des gorges (c'est-à-dire sur moins de 2 km en extension N-S) où ce pli est tranché en biais, selon une direction NNW-SSE par les deux failles du Pont Rouillard, qui passent à l'entrée amont de la cluse de la Bourne.

Une première différence est que la charnière urgonienne de l'anticlinal des Garides est beaucoup moins large et beaucoup plus fermée que celle, très ouverte plus au nord, de l'anticlinal du Nant.
D'autre part son axe est sensiblement oblique à celui, plus N-S, de l'anticlinal du Nant : il est sensiblement parallèle au tracé des failles du Pont Rouillard.
Cela porte à penser qu'il s'agit d'un accident déterminé par le jeu de ces failles. Mais il est exclu qu'il soit un crochon associé au rejet vertical de ces failles car ce dernier consiste en un soulèvement (et non un affaissement) de leur lèvre orientale. L'examen de leur terminaion septentrionale porte d'ailleurs à leur attribuer un jeu coulisssant sénestre (voir la page "Chérennes").


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Coupe de la Bourne aval (par H. Arnaud)
(couleurs comme sur la carte d'ensemble du Vercors)


 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Romans


Carte géologique très simplifiée des gorges de la Bourne et de la Vernaison
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
légende des couleurs


Bas Royans nord

Saint-Pierre de Chérennes

Coulmes
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Royans sud-est

Vernaison aval
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