Grand Veymont, 2341 m. |
Le Grand Veymont, qui est le plus haut sommet du Vercors, n'est que le point culminant d'un long crêt* d'Urgonien. Ce crêt regarde vers l'est et domine de ce côté la dépression de Gresse, qui est sur cette transversale unesimple combe monoclinale* ouverte dans les terrains à prédominance marneuse du Crétacé inférieur (voir coupe ci-après).
Le Grand Veymont apparaît un peu comme le sommet jumeau du Mont Aiguille, tout proche, mais, à la différence de ce dernier sommet, il n'a pas été détaché, par l'érosion, du reste du plateau oriental du Vercors.
Si le Grand Veymont domine cependant ce plateau oriental du Vercors de plus de 500 m, c'est à la faveur d'un redressement accentué du pendage qui y affecte les couches de la dalle urgonienne. Celles-ci dessinent en effet, au pied occidental de la montagne, une charnière synclinale ouverte vers l'ouest. puis ébauchent ensuite un début de voûte anticlinale, aux abords du sommet de la crête mais tout ceci sans changement du sens de pendage des couches (ce type de géométrie est qualifié de flexure monoclinale*). En fait on observe là ce que l'érosion a respecté sur cette transversale du flanc ouest du gros anticlinal coffré de la grande Moucherolle (voir la page "Gresse"), dont la voûte urgonienne est ici complètement éventrée.
Il est intéressant d'observer un aspect du relief qui échappe à qui se déplace seulement à la surface du sol, car il apparaît seulement depuis la haute altitude :
Il s'agit de ce que la crête est en fait rabotée par une surface relativement peu inclinée qui affecte en chanfrain la barre urgonienne (on la prend volontiers comme une surface de couches lorsqu'on marche dessus).
Il paraît extrèmement probable qu'il s'agit d'un témoin d'une vieille surface d'érosion par aplanissement, postérieure évidemment à la formation des plis, comparable donc à celle qui s'observe plus largement, surtout à leur marge occidentale dans les massifs subalpins septentrionaux (voir la page "aplanissement").
La crête septentrionale du Grand Veymont, vue d'enfilade depuis un planeur, à l'altitude d'environ 3000 m. (cliché original obligeamment communiqué par M. Fr. ESTÈVE) Au bord gauche du glacis d'érosion gazonné, bien plat et faiblement incliné, on mesure en coupe transversale la discordance à plus de 45° avec le pendage des strates (ce que soulignent les deux petits croquis). |
fs.GV = flexure synclinale occidentale du Grand Veymont ; fa.GV = sa flexure anticlinale orientale. |
À l'ouest de la crête du Grand Veymont s'étendent les hauts plateaux orientaux du Vercors, dont on remarque que leur surface conforme à celle des strates est presque parfaitement horizontale. Ces plateaux sont limités du côté ouest par une ligne de reliefs qui les sépare du val de la Vernaison et qui correspondant à la flexure anticlinale du But Sapiau (voir la page du col Rousset). Entre le discret bourrelet dessiné par ce pli et la flexure du pied de la crête du Veymont les couches restent sensiblement horizontales. Ce vaste espace correspond en fait au fond plat d'un large synclinal coffré*, qui représente le prolongement vers le nord du synclinal d'Archiane et se raccorde, plus au nord encore, au synclinal de Darbounouse des environs de Corrençon.
On voit sans doute par là que l'on doit se situer, par rapport au socle, non plus sur son flanc ouest mais sur sa voûte, ce qui se traduit par la disparition de l'inclinaison vers l'ouest des plis, si importante plus au nord (voir la page "Moucherotte").
Deux coupes schématiques au nord du Grand Veymont. On voit que le Grand Veymont n'est qu'une portion du flanc ouest de l'anticlinal de la Grande Moucherolle. Pour plus de commentaires se reporter à la page consacrée à la dépression de la Gresse. |
Ce mouvement de flexion se manifeste tout au long de la crête septentrionale du Grand Veymont (qui ferme la dépression de la Gresse du côté ouest) et se termine progressivement par la demi coupôle anticlinale du versant septentrional de la Grande Moucherolle. Par contre il cesse brutalement en direction du sud, au sud du pas des Bachassons, où les rochers du Parquet ne s'élèvent guère au dessus du niveau du plateau : cette différence est clairement en rapport avec le passage, entre les deux, de la faille de la Queyrie (voir schéma interprétatif, à la page Mont Aiguille).
Coupe simplifiée des plateaux sud-orientaux du Vercors, d'après H. ARNAUD, 1976) 1. Marnes valanginiennes ; 2. Calcaires argileux et marnes de l'Hauterivien ; 3. Calcaires argileux du Barrémien tout-à-fait inférieur ; 4-7 = Barrémien inférieur calcaire, formant falaise : 4. Calcaires lités à petits débris ou à silex ; 5. Calcaires bioclastiques lités ; 6. Calcaires dolomitiques ; 7. Calcaires à Rudistes. |
Si l'on examine plus dans le détail la constitution du sommet du Grand Veymont on constate que les couches des falaises "urgoniennes" y sont en réalité formées de "calcaires du Glandasse", qui sont des calcaires à débris ("bioclastiques"), d'âge Barrémien inférieur. Les vrais calcaires urgoniens à rudistes n'y sont pas présents (on n'en rencontre qu'un mince placage sur le plateau en contrebas ouest du sommet)
Le Grand Veymont vu du sud, depuis les Rochers du Parquet f.Q = faille de la Queyrie (dans le vallon du Pas des Bachassons, masqué par les prairies de premier plan). noter l'inclinaison accentuée des couches urgoniennes ("formation du Glandasse" bioclastique = Ui bc) entre le Pas de Chattons et la crête sommitale. |
Coupe plus détaillée du Grand Veymont (extrait de H. ARNAUD 1981) pour plus d'explications sur les annotations stratigraphiques se reporter à la page spéciale |
Carte géologique très simplifiée du rebord sud-oriental du Vercors
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M. Gidon (1977), publication n° 074
légende
des couleurs
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col de Rousset |
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