La Balme-de-Rencurel
Le synclinal médian à la latitude des gorges de la Bourne

Le village de La Balme-de-Rencurel est installé à l'entrée supérieure des gorges aval de la Bourne (voir la page "Bourne aval") à la bordure occidentale du vallon N-S partiellement déboisé qui descend vers le sud depuis le col de Romeyère en marge orientale de la Forêt des Coulmes (voir la page "Romeyère"). Ce vallon largement garni de prairies grâce à son substratum de molasse miocène est traversé orthogonalement par le cours de la Bourne qui échappe ici passagèrement au trajet en gorges qui est le sien sur presque toute sa longueur de son cours.

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La vallée de la Bourne immédiatement en amont de La-Balme-de-Rencurel, vue de l'ouest depuis le tournant 783 de la route D.255 menant à Saint-Julien.
ØR = chevauchement de Rencurel ; ØF = chevauchement des Rochers de la Ferrière (= faille du Pont de Valchevrière).
La crête rocheuse du Perrellier se profile en avant-plan sur les escarpements qui descendent de la crête sur le vallon de La Basse Valette (elle masque la branche orientale du chevauchement de Rencurel).

Mais en aval du pont de la Goule Noire, où la rivière sort à proprement parler de ses gorges supérieures, elle doit traverser la barrière rocheuse du Perrellier avant de déboucher dans la dépression de Rencurel. Elle en donne une splendide coupe, qui n'est d'ailleurs pas absolument orthogonale à cette crête rocheuse en raison de l'ouverture du versant de rive droite.


Le débouché aval des gorges supérieures de la Bourne, à l'est de la Balme de Rencurel, vu du sud, depuis l'encorbellement de la D.103.
Vu de ce point la rive droite des gorges montre d'enfilade le chevauchement de Rencurel, qui se repère spectaculairement le changement brutal de modelé du relief.


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La partie méridionale du vallon de Romeyère et le débouché aval des gorges supérieures de la Bourne vus du sud, depuis la brèche de Chalimont.

Cette vue montre clairement que le compartiment du Perrellier est délimité par deux surfaces presque parallèles : ce sont les deux "branches" du chevauchement de Rencurel.

ØR = branche principale du chevauchement de Rencurel ; Ø'' = branche orientale, secondaire, de cet accident ; s.M = synclinal médian du Vercors..

Les couches ainsi sectionnées décrivent en outre un enchaînement sigmoïde de deux ondulations, l'une anticlinale (côté ouest), l'autre synclinale (côté est) dont on a souligné les plans axiaux (respectivement : pa a et pa s) d'une ligne de tirets blancs cernés de noir.
Ces ondulations sont vraisemblablement des crochons générés par le jeu en chevauchement (demi-flèches) sur les surfaces de cassure.

(l'astérisque rouge indique la position de la carrière décrite à la page "Romeyère").


Malgré le pendage vers l'est de l'une et l'autre des deux failles qui délimitent cette lame, cette dernière ne saurait représenter le reste du flanc inverse d'un pli-faille*. En effet la disposition des couches entre ces deux failles s'y oppose : elles n'y sont ni renversées ni même redressées et nullement étirées, mais sectionnées franchement sous un angle proche de 90° par les deux failles.
En définitive il s'agit d'un fragment découpé par imbrication à l'extrême marge occidentale du synclinorium d'Autrans (voir la coupe en fin de page). Il s'inscrit finalement, bien que doté d'un rejet plus important, dans le système des écailles de la Valette (voir la page "Bourne amont").

En rive gauche de la Bourne la D.103 franchit la barrière urgonienne qui prolonge vers le sud la barre du Perrellier en s'entaillant à flanc de falaise plusieurs dizaines de mètres au dessus du lit de la rivière. Au débouché occidental de son encorbellement elle donne, depuis que la chaussée a été élargie, une coupe montrant la surface de friction de la branche occidentale du chevauchement de Rencurel, laquelle y est bien dégagée en forme de toit.

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La D.103, vue de l'ouest, à l'extrémité occidentale de son encorbellement.
L'encart gris, à droite, donne le schéma d'interprétation : rebroussement en crochon* des couches basales du Miocène.

Le toit dessiné par l'Urgonien chevauchant y est d'autant plus marqué qu'il s'intercale là sous la surface de chevauchement un coin de marnes noires, d'autant plus tendres qu'elles sont broyées par la conjonction d'un écrasement et d'un cisaillement tectonique, dont elles montrent des figures micro-tectoniques bien typiques.

Le contact de chevauchement, vu d'enfilade, tel qu'il a été mis à nu, lors de l'entaille pratiquée au cours des travaux de juillet 1968 (le cadre rouge localise le marteau qui donne l'échelle).
On constate le pendage, d'environ 40° vers l'est, de cet accident ; le toit porte en outre des stries de friction dirigées à peu près vers l'ouest (obliques d'environ 45° à l'entaille du mur rocheux)


Ces marnes sont quelque peu énigmatiques car elles représentent assez clairement le soubassement stratigraphique des bancs de molasse calcaire burdigalienne, qui est là rebroussée en crochon : elles doivent donc être d'âge secondaire. Elles contiennent des fragments de bancs marno-calcaires et d'autres gréso-glauconieux ce qui porterait à les attribuer aux marnes bleues apto-cénomaniennes si ce faciès ne manquait pas, dans ce secteur, par lacune stratigraphique.


Vue actuelle (08.2013) montrant les rapports entre les couches sous le chevauchement.
Le personnage observe les couches de base, renversées (pendage 60° est), des calcaires gréseux burdigaliens .

Dans les pentes au sud des gorges le prolongement de la lame du Perrellier s'élève vers le sud jusqu'à se raccorder vers le haut à la crête de Chalimont. Mais (contrairement à ce que suggère la carte géologique) ces deux barres urgoniennes ne se raccordent pas en une voûte anticlinale, car elles pendent l'une et l'autre vers l'est avec une même disposition, à l'endroit, de leurs strates. En fait elles sont imbriquées l'une sur l'autre par l'intermédiaire du prolongement de la faille orientale du Perrellier. Cette dernière franchit la crête des Rochers de Chalimont en y déterminant un petit col sous le sommet 1583, puis en traverse le versant ouest en se rapprochant de la crête : elle doit la franchir aux abords du point 1587, dit le Sapin du Vercors, car au delà il est clair que c'est la barre inférieure (prolongement du Perrelier) qui forme le crêt de cette dernière.

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La rive gauche de la Bourne vue du NW depuis la sortie amont du village de La Balme de Rencurel.
L'astérisque rouge indique l'emplacement d'observation de la surface de chevauchement ØR.
ØR'' désigne la branche orientale du chevauchement de Rencurel.

La poursuite du tracé de ce chevauchement est masquée sous les bois du versant est de la crête, mais le relief indique qu'il doit aboutir à proximité nord du chalet de Chalimont : il traverse ainsi en biais le flanc ouest du synclinal d'Herbouilly (voir les pages "Bourne amont" et "Saint-Martin") et ne montre plus au delà de rejet perceptible.

Cela veut dire que la flèche de chevauchement de ce chevauchement supérieur de Rencurel s’accroît vers le nord à partir de ce point où il naît : on comprend dès lors pourquoi son tracé rattrape et "déborde", au nord de Rencurel, celui du front du chevauchement inférieur. Cela implique par ailleurs un pivotement anti-horaire relatif de la lèvre orientale de cet accident, mouvement qui n'est pas sans implications plus régionales.

En effet cet accroissement de flèche est comparable à ce qui a lieu plus au sud, au niveau de Saint-Martin, où la naissance du chevauchement inférieur fait avancer le flanc oriental du synclinal médian sur son coeur. Au total cela implique que le mouvement tectonique de tout ce secteur a consisté en un pivotement anti-horaire de la marge est du grand synclinal médian, par le jeu du chevauchement de Rencurel.

De fait ce pivotement se traduit par l'obliquité du front de chevauchement par rapport à l'axe du synclinal médian : seule une partie de plus en plus étroite de son flanc occidental reste visible à l'ouest du front de chevauchement (voir la page "Romeyère"). Quant au pli suivant, l'anticlinal des Coulmes, ce dernier manifeste aussi vers le nord une augmentation de sa compression transversale : sa voûte se rétrécit et se rompt par des accidents compressifs comme le chevauchement des Belles au nord de Malleval et le chevauchement de Fessole au nord des Écouges.



Coupe selon le cours amont de la Bourne (par H. Arnaud)
(couleurs comme sur la carte d'ensemble du Vercors)


 Au delà du col de Romeyère vers le nord, la bande d'affleurements de Miocène du flanc ouest du synclinal médian se prolonge loin, jusqu'au pied occidental du signal de Nave (voir la page "Écouges"). Mais elle s'interrompt aux abords du col de Montaud), où elle est tranchée en biseau par le prolongement méridional de la faille de Voreppe (voir la page "Bec de l'Orient".

Le jeu dextre de cette faille de Voreppe conduit à considérer que le synclinal médian du Vercors devait originellement se raccorder là au synclinal de Voreppe, et qu'il en représente donc le prolongement méridional, décalé vers l'ouest. Comme ce synclinal de Voreppe limite du côté ouest le massif de la Chartreuse on est amené à conclure que le chevauchement de Rencurel et le synclinal médian du Vercors séparent deux ensembles structuraux assez différents :
- un ensemble oriental (synclinorium d'Autrans etc...) qui prolonge vers le sud les structures de la Chartreuse occidentale : celles-ci sont proprement subalpines par leurs faciès et par le déplacement vers le SW qui y résulte du jeu de l'association de décrochements et de chevauchements ;
- un ensemble occidental (anticlinal ses Coulmes etc...) dont les plis sont des prolongements de ceux du Jura, plis dont les voûtes urgoniennes disparaissent dans l'axe de la cluse de l'Isère en s'enfonçant sous le remplissage molassique du sillon miocène du Bas Dauphiné.

Le rétrécissement que manifestent du sud vers le nord les structures de ce dernier ensemble semble en définitive attribuable à une diminution du nord vers le sud du serrage qu'il a subi du fait de l'avancée vers l'ouest du premier.


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Vif


Carte géologique très simplifiée des vallées aval de la Bourne et de la Vernaison
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074.
légende des couleur


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