Péouvou, Parouart
le chaînon calcaire le plus oriental de la haute Ubaye et du Queyras

Sur deux kilomètres en amont de Combe-Brémond (voir la page "Maurin") les basses pentes de rive droite de la vallée de l'Ubaye, où passe le chemin qui la remonte, sont constituées par deux échines pierreuses formées de matériel disloqué qui n'est clairement pas de la roche en place. Puis en amont de ce passage la vallée retrouvre brièvement un fond alluvial franchement plat, le Plan de Parouart. C'est un plan alluvial typique, comalté de limons fluviatiles : il correspond en fait à un ancien lac qui n'a fini de se combler qu'à la fin du XIXème siècle (comme en témoignent d'anciens documents).

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Le cours tout-à-fait supérieur de l'Ubaye, en amont de Maurin, vu du SW depuis la Tête du Seingle.
u.P = unité piémontaise du Péouvou ; u.cB = unité ultra- briançonnaise de Combe Brémond ; u.C = unités des calcschistes de Ceillac. f.Fr = faille du col Fromage ; f.C = faille de Ceillac ; f.B = faille de La Barge.


La cause de la formation de ce lac est clairement la présence des deux échines juxtaposées qui, s'intercalent en aval, entre lui et Combe Brémond, car elles forment un barrage en travers de la vallée. Elles correspondent en fait à deux glissements de terrain, qui sont descendus de la rive droite de la vallée : celui des Casses, à l'extrémité méridionale des pentes du Rocher de l'Eissassa et celui du Tiéouré, à l'extrémité méridionale des pentes du Rissace.

Ils ont barré la vallée et repoussé le cours de la rivière vers le sud en lui faisant mordre, sur l'autre rive, le bedrock du pied de la montagne de l'Alpet ; ils ne datent sans doute que d'une époque reculée seulement de quelques siècles, si l'on en juge par leur fraicheur relative et leur faible colonisation par la végétation ...

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La vallée de l'Ubaye en amont de Maljasset, vue du SW depuis la Tête du Seingle.
On distingue clairement, immédiatement en amont de Combe Brémond, le chaos de blocs des Casses située qui constitue le matériel de la large loupe de glissement qui a obstrué là le cours de l'Ubaye. Sa niche d'arrachement, garnie d'éboulis récents, se situe plus à gauche dans le socle des Rochers de L'Eissassa (voir la page "Maurin").
Cet éboulement masque le contact entre les schistes lustrés de Parouart (SL) et les roches vertes (RV = prasinites à pillows) qui représentent leur soubassement (ancien fond océanique).


Le Plan de Parouart est dominé par les falaises de l'extrémité méridionale du puissant chaînon calcaire du Péouvou, dont le cours de l'Ubaye longe le pied méridional en le contournant et qui n'a pas de prolongement sur la rive gauche de la rivière (il s'agit donc là de sa terminaison géologique, uniquement interprétable comme le résultat d'une troncature par faille).

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Le Péouvou versant sud (côté Ubaye)
vu du sud, depuis les pentes de Tuissier (rive droite du vallon de Mary)
Øo = surface de chevauchement des schistes lustrés ligures ("océaniques") sur ceux de l'unité piémontaise externe du Péouvou. f.l = faille longitudinale : elle plaque directement les couches jurassiques à l'endroit (qui pendent vers l'ouest) contre les bancs du Trias, qui ont un pendage de même sens (s0), mais oblique et qui sont disposés en série inverse (les couches jurassiques reposent en contact stratigraphique sur ces dolomies triasiques sur le versant opposé de la crête rocheuse : cf. cliché suivant).
f.t = faille secondaire, transverse (oblique) au chaînon.
Le glissement de terrain du Tiéouré prend naissance sous la cabane de ce nom par un arrachement dans les schistes lustrés.


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Les crêtes de rive droite de la vallée de l'Ubaye immédiatement en amont de Maurin.
u.P = unité piémontaise externe deu Péouvou ; u.rN = unité (ligure) de Roche noire ; f.FrE, f.Fr = failles orientale et occidentale de Fromage ; u.Ch = unité (briançonnaise) de La Chapelue ; u.cB = unité (ultra-briançonnaise) de Combe Brémond.
Øo = chevauchement des unités "océaniques" ligures qur les unités de la marge piémontaise ; f.Fr = faille du Col Fromage ; f.C = faille de Ceillac.
"sL" = schistes lustrés : sLcs = calcschistes du Crétacé supérieur ; sLs = schistes argilitiques du Crétacé moyen ; sLj = calcschistes et calcaires lités du Jurassique - Crétacé.

Le chaînon du Péouvou n'appartient pas au domaine briançonnais mais à celui, dit piémontais externe, comme ceux, plus septentrionaux de Rochebrune et surtout du Chaberton.

Dans ce domaine le soubassement des schistes lustrés n'est pas constitué de croûte océanique mais par des sédiments, essentiellement d'âge triasique et liasique, déposés avant l'ouverture oéanique sur les marges de la future déchirure de la croûte continentale.

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Le Péouvou versant nord (côté Cristillan) vu du nord-ouest, depuis le col Allonget
Øo = surface de chevauchement des schistes lustrés ligures ("océaniques") sur ceux de l'unité piémontaise externe du Péouvou.
f.l = faille longitudinale au chaînon ; f.t = faille transverse (oblique) .

Du côté nord ce chaînon se prolonge sur plus de 1 km au-delà de la crête de partage des eaux avec le Cristillan, plus précisément jusqu'au nord du ravin de Clausis, dans les rochers qui dominent le lac de Clausis. Mais son armature calcaire s'étrangle au pied de ces derniers avant d'atteindre le cours du Haut Cristillan, de façon presque symétrique de ce qui se passe en Ubaye, de sorte qu'elle affleure sous forme d'une lentille allongée de 4 km du nord au sud.

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Le vallon de Clausis, au pied nord-ouest du Péouvou, vu du nord, depuis la bergerie de Bois Noir (vallon du Cristillan) .
ØSLo = surface de chevauchement des schistes lustrés ligures ("océaniques") sur ceux de l'unité piémontaise externe du Péouvou.
f.l = faille longitudinale au chaînon.

En définitive le chaînon du Péouvou a donc globalement la forme d'une énorme amande, à coeur de dolomies noriennes, fichée presque verticalement au milieu des schistes lustrés. Cette amande de dolomies est flanquée, à l'est comme à l'ouest, par des schistes lustrés "continentaux" disposées de façon symétrique et avec une polarité opposée, ce qui évoque une disposition anticlinale.

Toutefois les dolomies noriennes ne montrent nulle part la moindre ébauche du ploiement synforme ou antiforme qui indiquerait qu'elles représentent bien le coeur d'un tel pli. Leur disposition est seulement celle d'une lame monoclinale plutôt renversée vers l'est.
La manière dont s'est mis en place un tel dispositif est plutôt énigmatique : on peut notamment s'interroger sur l'époque de formation et sur le type de fonctionnement de la faille longitudinale (d'ailleurs remarquablement parallèle aux surfaces de couches) qui sépare cette lame triasique des couches jurassiques qui représenteraient le flanc ouest du pli originel supposé.


Coupe schématique le long des crêtes de rive droite (septentrionale) du cours supérieur de la Haute Ubaye
en amont de Maurin.
Sur ce schéma la représentation de la lame triasique du Péouvou est réduite à l'essentiel (f.l = faille longitudinale) et l'on a seulement suggéré, de façon plutôt symbolique, la manière dont pourraient se raccorder les surfaces de chevauchement (replissées) qui l'encadrent.


Carte géologique simplifiée du cours amont de l'Ubaye
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Aiguille de Chambeyron

(Beaubardon, Rissace, col Albert)

(Rr Blanc , Avers)

(Crete du Cristillan)
Mélezet, Tronchet

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