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Pointes de Mary et lacs du Roure |
Le long chaînon des Pointes de Mary prend naissance perpendiculairement à la vallée de l'Ubaye en amont de Maurin, face au Péouvou avec la grosse bosse de l'Alpet. Il s'allonge vers le SE, en passant par la Pointe Basse de Mary jusqu'au Monte Maniglia en séparant le vallon de Chabrière, à l'est, du vallon de Mary à l'ouest.
Ce chaînon se poursuit en outre en territoire italien, au delà du Monte Maniglia, par le Colle di Bellino et le Monte Albrage, pour se terminer en fait aux abords d'Acceglio, par le chaînon du Monte Boulliagna. |
Son extrémité septentrionale est coupée presque orthogonalement par la vallée de l'Ubaye, selon une coupe naturelle qui fournit la clé de compréhension de son organisation structurale. Celle-ci s'exprime en premier lieu par la différence de relief qui oppose les deux versants de la crête rocheuse acérée et déchiquetée des Pointes de Mary et de son prolongement, la Crête de la Testeta, qui descend en biais de la ligne de partage des eaux, en direction de Combe Brémond. Le versant oriental est en effet plutôt mou malgré sa raideur et très monotone tandis que l'occidental est vigoureux et très accidenté.
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ØSL = surface de charriage (renversée) de la nappe des Schistes lustrés ; ØcB (en rose) = surface de charriage (renversée) de l'unité de Combe Brémond ; f.C = faille de Ceillac ; u.cC = unité des calcschistes de Ceillac. csb = calcschistes "de l'Alpet" à niveaux de brèches ; M = marbres du Malm et du Crétacé supérieur, non différenciés graphiquement, reposant stratigraphiquement sur les quartzites de l'unité de Combe Brémond ; bz = basaltes. La disposition en bandes parallèles des formations du revers gauche (oriental) de la crête de la Pointe Haute masque un dispositif d'intense plissement isoclinal*. (on trouvera la suite de ce paysage vers la gauche à la page "Chabrière" ; pour l'interprétation de l'arrière-plan droit se reporter à la page "vallon de Mary"). |
Cette différence est due à ce que cette arête constitue une frontière très nette entre deux domaines majeurs, respectivement celui des schistes lustrés piémontais à l'est et celui de la zone briançonnaise à l'ouest. En outre le contraste de relief est accentué par deux caractéristiques qui sont la rareté des roches ophiolitiques dans ce secteur du premier (vallon de Chabrières) et dans le second (vallon de Mary) sa constitution en prédominance par le matériel rocheux de la "semelle siliceuse" (permo-triasique) de la succession briançonnaise de son versant occidental, où prédominent les roches quartzitiques.
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ØsL = surface de chevauchement (renversée) des unités de schistes lustrés ligures ; ØcB = surface de chevauchement de l'unité de Combe Brémond (u.cB) : elle s'enfonce vers l'observateur, sous l'unité du Roure (u.R) qui forme, en avant-plan, les pentes inférieures, plus herbeuses. sP ; a.P = synclinal et anticlinal du Passour (voir la suite du paysage vers le bas à la page "Maurin RG"). "csb" = calcschistes à brèches et olistolites "de l'Alpet" (voir la page "Maurin RG") ; "Mcs" = marbres versicolores du Malm et Crétacé supérieur (voir la page "Maurin"), fortement replissés et non différenciés graphiquement ; "Pcg" = conglomérats permiens. |
La surface de contact entre ces deux domaines, que l'on doit considérer comme résultant du charriage du premier sur le second, est en fait renversée car elle pend vers l'ouest, les schistes lustrés s'engageant ainsi sous le Briançonnais : cette disposition est due à l'épisode relativement tardif de rétro-charriage qui créé le grand synclinal du Val Mollasco, dont le cœur est occupé par les unités liguro-piémontaises (voir la page "Maira") et rebroussé vers l'est son flanc occidental. |
En outre l'analyse du versant ouest de la Pointe Basse de Mary, le long de la crête de la Testeta, révèle que ce matériel briançonnais est lui même partagé en deux ensembles superposés, désignés comme l'unité de Combe Brémond, que recouvre l'unité du Roure. Ils sont imbriqués par une surface tectonique qui s'enfonce vers l'ouest, d'ailleurs presque parallèlement à la pente topographique du revers méridional de cette crête, dont le profil est celui d'un crêt* regardant vers le nord.
Ces deux unités différent par leur stratigraphie mais surtout par leur disposition dans l'espace. L'unité la plus basse, de Combe Brémond, forme une dalle simplement cintrée qui est en série renversée et paraît donc avoir supporté originellement les schistes lustrés. Au contraire l'unité supérieure, du Roure, est globalement à l'endroit et se montre affectée de replis déversés vers l'est qui semblent témoigner de son rétro-charriage par dessus le domaine affecté par le synclinal du Val Mollasco.
 Les pentes occidentales de rive droite du bas Vallon de Mary, vues de l'ouest depuis le versant méridional du col de Girardin (alt. : env.2450) (cliché original obligeamment communiqué par M. M. Delamette). n.sL = nappe des schistes lustrés ; u.cB = unité de Combe Brémond ; u.Ro = unité du Roure ; u.cC = unité des calcschistes de Ceillac. ØsL = surface de chevauchement (renversée) des unités de schistes lustrés ; ØcB = surface de chevauchement (renversée) de l'unité de Combe Brémond ; f.T = faille de Tuissier ; f.B = faille de Balet ; f.C = faille de Ceillac. s.P = synclinal du Passour ; a.P = anticlinal du Passour. sLcs = calcschistes ; sLs = schistes non carbonatés ; csb = calcschistes à brèches de l'Alpet (niveaux les plus bréchiques marqués par des alignements de points rouges, "cL" (en bleu vif) = calcaires en lauzes) ; M = marbres du Malm et du Crétacé supérieur, reposant stratigraphiquement sur les quartzites de l'unité de Combe Brémond ; oph = marbre d'ophicalcite. |
Du point de vue de sa constitution stratigraphique l'unité de Combe Brémond, qui affleure tout du long de la crête de la Testeta, montre une succession typiquement ultra-briançonnaise (voir la page "Maurin", où elle est définie). Le revers méridional immédiat de ce crêt* est formé de terrains siliceux peu épais, principalement des quartzites triasiques et du Verrucano permien, qui forment une dalle de plus en plus inclinée vers le sud-ouest en descendant le versant. Son abrupt nord est au contraire constitué par une barre de marbres du Malm qui repose par l'intermédiaire de marbres en plaquettes (souvent entremêlés d'ailleurs à ces marbres par des micro-plis très aplatis) sur des calcschistes "de l'Alpet" (non datés), plus argileux et au sein desquels se développent des niveaux de brèches, voire des olistolites, à éléments de matériel briançonnais, ainsi qu'un niveau de calcaires se débitant en lauzes.
L'unité du Roure forme, au sud de la crête de la Testeta au niveau du lac de Tuissier, l'essentiel du versant de rive droite du Vallon de Mary (alors que l'unité de Combe Brémond se prolonge, plus haut, par la crête des Aiguilles). Son matériel siliceux, épais et presque exclusif débute par des termes anciens tels que grès et conglomérats permiens ; mais en fait de couverture carbonatée elle ne montre que des lambeaux de cargneules hébergeant de minuscules témoins de dolomies triasiques.
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ØCB = surface de chevauchement de l'unité de Combe Brémond (u.cB) : elle s'enfonce vers l'observateur, sous l'unité du Roure (u.R) qui forme, en avant-plan, les pentes inférieures, plus herbeuses. "csb" = calcschistes "de l'Alpet", à brèches et olistolites ; "Mcs" = marbres versicolores du Malm et Crétacé supérieur, fortement replissés et non différenciés graphiquement. |
Au sud de la crête de la Testeta le relief change quelque peu, entre une partie haute, constituée par les escarpements rocheux à crêtes déchiquetées, entrecoupées de vallons pierreux, des Pointes de Mary, et une partie basse, à pentes modérées et encore garnies d'alpages, qui correspond plus précisément à la rive droite du vallon de Mary. Mais ce changement de modelé n'est pas justifié par un changement de nature des roches, qui sont essentiellement quartzitiques dans les deux cas ; il est seulement dû aux modalités de l'érosion par les glaciers quaternaires, qui ont occupé presque totalement le vallon en élargissant son fond par rabotage tout en laissant émerger les crêtes, soumises à l'érosion à l'air libre par les actions périglaciaires.
Le relief de ce versant se singularise aussi dans sa partie située au nord-est de la bergerie de Mary dans le secteur de la Plate de Tuissier ("Plateau" de la carte I.G.N), par le spectaculaire développement des glaciers rocheux. Ils y ont colmaté d'anciens cirques glaciaires avec les abondants éboulis tombés des crêtes rocheuses. En effet l'importante altitude de ces dernières favorisait l'action de la gélivation sur ces roches quartzitiques, particulièrement sensibles à celle-ci.
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ØcB = chevauchement (renversé) de l'unité de Combe Brémond (u.cB) ; u.R = unité du Roure ; f.C = faille de Ceillac ; u.CC = unité des calcschistes de Ceillac-Chiapera ; f.B = faille de La Barge "Mcs" = marbres versicolores du Malm et Crétacé supérieur ; "csb" = calcschistes à brèches "de l'Alpet"; "Pcg" = conglomérats versicolores permiens ; "Pa" = andésites permiennes. |
Au contraire, plus au sud, le vallon du Roure montre une juxtaposition de bosses arrondies peu saillantes où la roche affleure largement en roches moutonnées* ; entre ces dernières des espaces surcreusés par le glacier hébergent plusieurs lacs pittoresques. Ce relief indique clairement que ce vallon a été occupé et aménagé par une langue glaciaire assez large qui descendait des crêtes de Maniglia et transportait les éboulis plus en aval.
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à l'arrière-plan : roche moutonnée de quartzites masquant le pied de la crête du Fond de Roure |
Du point de vue structural on observe que ce versant est parcouru, presque à niveau à travers crêtes et vallons, par une bande de cargneules (hébergeant de minuscules lambeaux de calcaires du Trias moyen) : elle passe dans la brèche orientale du point 2907 de la crête qui descend de la Pointe Haute de Mary et s'élargit du nord-ouest vers le sud-est, où elle aboutit au col du Roure.
C'est très vraisemblablement à la présence de ces cargneules que le col du Roure doit son nom et c'est par contagion vers le bas que celui-ci s'est appliqué au vallon des lacs (qui ne possède, quant à lui, rien qui justifie ce qualificatif). |
Ces cargneules jalonnent une surface tectonique inclinée vers le sud-ouest, un peu plus fortement que la pente topographique, qui doit se prolonger vers le NW (au delà du hiatus d'affleurements du glacier rocheux de Tuissier) pour se raccorder, au Lac de Tuissier, au chevauchement séparant l'unité de Combe Brémond de celle du Roure. (voir la page "Maurin, rive gauche"). Les affleurements quartzitiques situés à l'est de cette ligne, y compris ceux du Monte Maniglia sont en effet en continuité avec ceux du revers ouest de la Pointe Basse de Mary qui appartiennent sans ambiguïté à l'unité de de Combe Brémond.
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csb = calcschistes, à brèches et olistolites "de l'Alpet" ; M+cs = marbres versicolores du Malm et du Crétacé supérieur non différenciés graphiquement (fortement replissés ensemble). ØCo = surface de chevauchement de l'unité de Combe Brémond (elle s'enfonce vers l'observateur) ; u.R = unité du Roure, la recouvrant en avant-plan. L'unité des andésites de Marinet forme la crête de la Roche Noire et le verrou garni d'alpage qui retient le lac inférieur de Marinet (et qui masque le fond du vallon de Mary. |
En marge orientale du vallon du Roure, notamment à la montagne de La Spera, les couches siliceuses du Permo-Trias plongent, en succession renversée, en direction du sud-ouest, les couches les plus récentes (quartzites du Trias inférieur) s'enfonçant vers le sud-ouest sous celles plus anciennes qui affleurent aux approches du fond du vallon de Mary. Cette disposition correspond au flanc occidental d'un synclinal, appartenant au système des replis très déversés que l'on observe dans les crêtes plus au nord ainsi qu'au niveau des lacs.
Entre la Pointe Haute de Mary et le Monte Maniglia l'érosion qui a ouvert le vallon du Roure a fortement rongé cette bande d'affleurements quartzitiques, au point que ce sont les terrains calcaires de l'unité de Combe Brémond qui sont mis à nu le long de la crête. Ils ont l'air d'être constitués par plusieurs gros bancs superposés. En réalité cette succession est fortement plissée en accordéon par des plis très aplatis, surtout multiples au sein de la couverture carbonatée.
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Les traits verts correspondent aux lames de marbres en plaquettes pincées en synclinaux très aplatis (on peut en dénombrer trois) entre les barres de calcaires du Malm. Le trait orange correspond au contact stratigraphique du Malm, directement transgressif sur les quartzites triasiques (toute la succession est, dans son ensemble, renversée ; c'est celle de l'Unité de Combe Brémond). |
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h5 = grès et conglomérats houillers ; ra = andésites ; rA = conglomérats permiens ; rt = Verrucano , tiQ = quartzites werféniens ; tiK = cargneules ; tmC = calcaires aniso-ladiniens ; tmD = dolomies ladiniennes ; js = Marbres du Malm ; c-e = calcschistes néo-crétacés ; js-c = marbres du Malm et du Néocrétacé ; cB = calcschistes à brèches de l'Alpet ; dB = ophicalcites. |
La partie droite des deux coupes ci-après donne une idée approximative de la disposition des couches dans les unités de Combe-Brémond et du Roure sur deux transversales successives de la crête des Pointes de Mary (extrait de la publication n° 024 (M.GIDON, 1962)) :
 .Coupe transversale du haut vallon de Mary, peu au sud de la bergerie supérieure de Mary (coupe orientée SW-NE). La bande des calcschistes de Ceillac-Chiapera, délimitée par Ø6 à gauche et ØR à droite, est ici étranglée entre deux bandes de terrains siliceux plus résistants qui l'encadrent : celle de l'écaille des andésites de Marinet (éc.AM) à l'ouest et celle du Roure, à l'est). Ø4 = surface de chevauchement de la nappe de Chambeyron ; Ø6 = faille de La Barge ; ØM = surface de chevauchement de l'écaille des andésites de Marinet ; ØR = faille de Ceillac ; Ø'R = chevauchement (renversé) de l'unité de Combe Brémond. légende des figurés plus grande (nouvelle fenêtre)
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consulter
l'aperçu structural général sur la zone briançonnaise
méridionale
consulter
l'aperçu d'ensemble sur les montagnes
au SE de la Haute Ubaye
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| vallon de Mary |
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