Le Monte Oserot |
La montagne de l'Oserot, qui surplombe Bersezio en rive gauche de la Stura, est le dernier bastion des chaînons briançonnais qui soit visible lorsqu'on descend la vallée de la Stura d'ouest en est. Le point culminant de ce chaînon, coté 2861 mais non nommé sur les cartes, est en fait situé 1km au nord du Monte Oserot (2781).
La crête orientale du sommet 2781 de l'Oserot comporte une succession triasique continue qui débute par une semelle de roches volcaniques permiennes ; elle se rattache, par continuité d'affleurements avec ceux des pentes inférieures du Ruburent, à l'unité de Tête Dure. Les affleurements de son versant sud-ouest dessinent, comme ces derniers aussi, un synclinal du Bric, nettement déversé vers le SW et dont le flanc méridional plonge vers la vallée de la Stura. Dans les pentes au nord de Bersezio on voit que l'unité de Tête Dure y recouvre ici deux écailles imbriquées, l'unité de l'Iretta que sa géométrie rattache aussi à la nappe du Rouchouse et l'unité de la Vicariotta, qui se rattache par continuité d'affleurement au prix d'une faille sub-verticale N-S, à la nappe de Rocca Peroni.
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Le versant sud-occidental du chaînon de l'Oserot et la vallée de la Stura, vus depuis la Cime du Fer (crête frontière au nord des lacs de Vens).
f.Be = faille de Bersezio ; f.sG = faille de la Fontana San Giovani (branche la plus orientale des prolongements nord-occidentaux probables de la faille de Bersezio) ; f.wR = faille ouest de la Repiatetta ; f.sR = faille sud de la Repiatetta ; s.B = synclinal du Bric.
u.tD = unité de Tête Dure (imbrication supérieure de la nappe du Rouchouse sud-occidentale) ; u.Ir = unité de l'Iretta (imbrication inférieure) ; n.rP = unité de la Vicariotta (nappe de Rocca Peroni).
La faille de Bersezio, qu'emprunte ici la vallée de la Stura (voir la page "Bersezio") , tranche cet empilement tectonique et juxtapose à tour de rôle ces unités aux terrains autochtones du massif de l'Argentera.
Le revers oriental de la crête de l'Oserot est constitué par la combe de la Fonda Oserot qui communique du côté avec celle du Passo La Croce inferiore par le colle Oserot : cette combe à une structure très comparable à celle des lacs du Ruburent puisqu'elle suit une cassure verticale bordée du côté SW par la semelle siliceuse de l'unité de Tête Dure et du côté NE par des dolomies triasiques représentant le flanc SW de l'anticlinal du Rouchouse.
Il est toutefois une différence qui est que ces dernières appartiennent à la nappe de Rocca Peroni : cette situation avait fait considérer que cette cassure, inclinée aussi fortement que les couches représentait la surface de chevauchement de la nappe du Rouchouse, basculée par la formation de l'anticlinal du Rouchouse (conformément au dessin des coupes de cette page) ; mais en définitive les faits examinés ci-après portent plutôt à y voir le prolongement de la faille du Ruburent.
En direction du NW les calcaires triasiques redressés à la verticale de la crête de l'Oserot (flanc est du synclinal du Bric) se prolongent jusqu'à la selle de La Repiatetta, point où l'on observe une disposition structurale difficile à interpréter (voir la page "Unerzio sud").
Toute la succession stratigraphique de l'unité de Tête Dure, y compris le Dogger du Bric est coupée là en biseau par une faille verticale E-W, la faille sud de la Repiatetta, qui fait buter ses couches successives contre le volumineux affleurement d'andésites de la Repiatetta.
Or cet affleurement d'andésites de Repiatetta se termine du côté est, à la Colletta Vittorio, en butant contre la surface de chevauchement, redressée à la verticale, qui sépare la nappe du Ruburent de celle de Rocca Peroni.
La pointe occidentale de ces affleurements se situe au Passo Peroni, lequel correspond à l'extrémité sud-orientale du tracé de la faille du Ruburent reconnu, sur le versant des lacs de ce nom. Or il n'est guère concevable, compte tenu de son rejet et de sa longue continuité, que cette grande cassure puisse s'amortir là. En ce cas les données de terrain imposent de considérer que cette faille du Ruburent doit se poursuivre en direction du SE, au prix d'un décalage dextre de son tracé par les failles de Repiatetta, pour se connecter, à l'est de la Colletta Vittorio, avec la surface verticale du chevauchement de la nappe du Rouchouse (ceci porte d'ailleurs à admettre que le fonctionnement de la faille du Ruburent l'a sans doute fait rejouer).
Au SE de Bersezio et des crêtes de l'Oserot l'empilement des unités briançonnaises disparaît "dans le ciel" du fait de la montée, d'ouest en est, de toutes les surfaces de chevauchement pour faire place sur le versant Stura aux unités subbriançonnaises empilées sur leur soubassement autochtone (plus de détails à la page "Giordano").
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Le haut vallon de Servagno, vu d'avion, de l'ouest,
depuis l'aplomb de Preinardo.
On voit bien le
plongement vers la gauche, de tous les contact chevauchant des unités
briançonnaises et subbriançonnaises empilées et ployées (à gauche) par le synclinal du Bric.
de bas en haut : sB = unités subbriançonnaises (uS = de Servagno et u.Gi = du Giordano) ; n.rP = nappe briançonnaise la plus basse, de Rocca
Peroni ; u.ir = unité de l'Iretta (nappe du Rouchouse inférieure) ; u.tD = unité de Tête Dure (nappe du Rouchouse supérieure).
f.Be = faille de Bernoir (prolongement sud-oriental présumé de la faille du Ruburent), cf page "Gardetta".
En arrière-plan les crêtes des confins du domaine
briançonnais et de celui des schistes lustrés piémontais.
En effet on voit sans ambiguité, à flanc des pentes de rive droite du ravin de Servagno, que le matériel subbriançonnais s'enfonce vers l'ouest sous la plus basse des unités briançonnaises (celle de Rocca Peroni).
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La rive droite du ravin de Servagno (à mi-altitude de son cours), vue des environs du colle della Montagnetta.
ØtD = surface de charriage de l'unité de Tête Dure (partie méridionale de la nappe du Rouchouse) ; n.rP = nappe de Rocca Peroni (partie la plus méridionale) ; ØBR = surface de charriage basale des nappes briançonnaises : les écailles subbriançonnaises les plus hautes sont masquées, sur ce versant, sous un épais placage glaciaire en partie affecté par d'anciennes coulées boueuses.
version plus grande (extrait de la publication n° 059, M.GIDON 1972, présentation retouchée) |
Coupe oblique au ravin de Servagno, en rive gauche pour sa moitié gauche et en rive droite pour sa moitié droite (extrait de la publication n° 059, M.GIDON 1972, présentation retouchée)
De la droite vers la gauche : RP = Nappe de Rocca Peroni ; Gi = Unité du Giordano ; Pi = Unités
de la Piconiera et de Servagno ; Au = Autochtone.
légende des figurés lithologiques : voir ci-dessus.
Si la disposition du ravin de Servagno fait de celui-ci une frontière structurale et morphologique cela est dû, bien sûr, au travail de l'érosion qui l'a creusé ; mais le fait que l'action de cette dernière se soit exercée tout particulièrement ici se montre vraisemblablement lié à ce qu'elle a été favorisée par deux facteurs :
- le premier est que les surfaces de charriage des unités briançonnaises empilées s'élèvent (tout au long de le zone briançonnaise) vers le SE, portant en saillie des unités de plus en plus basses de leur empilement. Ici la chappe protectrice constituée par les calcaires dolomitiques triasiques de la plus basse de ces unités, la nappe de Rocca Peroni avait, de ce fait, atteint et dépassé l'altitude moyenne de la crête de partage des eaux entre Stura et Maira : devenue vulnérable elle a été à son tour décapée mettant à jour les terrains subbriançonnais plus riches en marnes et donc moins résistants à l'érosion ;
- le second est que ce sur-élèvement progressif des terrains de la rive sud-orientale de ce ravin a été encore renforcé par le jeu d'une cassure transversale, NE-SW, la faille de Servagno : elle fait partie d'une famille de cassures de même direction, à rejet cartographique sénestre, qui est représentée plus à l'est par plusieurs autres failles, telle celle du Gias, qui sont toutes postérieures au charriage car elles affectent à la fois socle et nappes.
Bloc tectonogramme schématique des montagnes entre Stura et Maira, à l'ouest du ravin de Servagno (du Ruburent à l'Oserot) (extrait de la publication n° 024, M.GIDON 1962, retouché 2014)
consulter l'aperçu structural général
sur la zone briançonnaise méridionale
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sur la Haute
Stura
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