Unerzio méridional |
Au sud-est de la Tête de Moyse et à l'est des lacs du Ruburent la ligne de partage des eaux entre Stura et Maira est constituée par la crête de Vauclave ("Vaouclavia" sur les anciennes cartes italiennes) qui se poursuit vers le SE, par la Scaletta, jusqu'au col de La Repiatetta. Les hauts vallons rocheux qui en drainent le versant NE convergent au Prato Ciorliero (granges Resplendino) pour y alimenter le torrent de l'Unerzio ; ils y séparent les crêtes du Bric Content de la Costa Denti, de la Rocca Peroni, de la Comba Emanuel et du Passo della Gardetta qui assure la communication, du côté oriental, avec la haute valle del Preit.
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Les crêtes et vallons des sources de l'Unerzio, vus du NE (vue pseudo-aérienne obtenue au moyen de "Google-earth") .
f.Ru = faille
du Ruburent (en rouge) ; a.R = anticlinal du Rouchouse
; s.E = synclinal d'Enchiausa ; n.rP = nappe de Rocca Peroni ; n.Ro = nappe du Rouchouse (u.tD = unité de Tête Dure, éc.V = écaille de Vauclave, éc.bC = écaille du Bric Content) ; n.Sa = nappe de Sautron ; u.Ma = unité (bande siliceuse) de Marinet.
Les crêtes des sources de l'Unerzio, vues de l'est depuis le Passo della Gardetta (extrait de la publication n° 024, M.GIDON 1962, graphisme très légèrement corrigé)
Dans ce secteur la remontée générale des structures (et notamment celle de l'axe de l'anticlinal du Rouchouse) a permis à l'érosion de dégager et de mettre largement à nu (comme, à l'opposé, du côté NW aux abords du col des Monges) les terrains du soubassement de la klippe de Moyse. Ces derniers appartiennent d'abord à la nappe du Rouchouse, dont le matériel y est particulièrement porté en altitude à la Tête de Vauclave, qui est le point culminant de la crête du Bric Content.
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La crête frontière franco-italienne à l'est du col du Ruburent
vue d'avion, de l'est, depuis l'aplomb du confluent du Vallonetto
avec la Valle Enchiausa.
n.P = nappe du Parpaillon ; f.R = faille
du Ruburent (en rouge) ; a.Ro = anticlinal du Rouchouse
; n.Ro = nappe du Rouchouse ; n.S = nappe de Sautron.
Du côté sud-ouest de la faille du Ruburent la nappe du Rouchouse est représentée par l'unité
de Tête Dure (u.TD). Elle est traversée par
des failles qui se raccordent à angle aigu sur celle du
Ruburent (la principale s'y connecte au lac d'Oronaye).
Du côté nord-est (bas du cliché) la nappe du Rouchouse est
clivée par deux surfaces de chevauchement secondaires,
qui individualisent les écailles de Vauclave (éc.V) et du Bric Content (éc.BC).
Sur cette crête il s'avère que, dans le détail, cette nappe est fragmentée là en plusieurs unités secondaires plus ou moins imbriquées, les écailles de Vauclave et du Bric Content, le tout étant ployé par l'anticlinal du Rouchouse qui devient de moins en moins ouvert vers le sud-est.
La montée de l'axe de ce pli vers le SE fait que le matériel calcaréo-dolomitique de la nappe de Sautron n'affleure plus nulle part dans cette direction à la voûte de cet anticlinal de nappes. Par contre ce matériel se poursuit en formant, au flanc nord-est de cet anticlinal, la longue crête de la Rocca La Meja, où il affleure avec un pendage sub-vertical.
Plus au SE, sur la transversale du Monte Scaletta, la montée axiale de l'anticlinal du Rouchouse se poursuit, ce qui a amené l'érosion à crever la voûte dessinée les calcaires et dolomies triasiques de la nappe du Rouchouse. Le cœur du pli ainsi mis à nu se révèle également constitué par une succession de calcaires et dolomies triasiques, disposée à l'endroit et ployée aussi en anticlinal : elle appartient donc à une nappe inférieure, la nappe de Rocca Peroni (dont le nom est tiré de celui des rochers et anciens baraquements de ce nom) qui affleure ici en une demi-fenêtre* fermée vers le NW mais qui montre son caractère charrié plus au sud-est, dans les pentes du Monte Oserot.
Il est à remarquer que, dans ce secteur, l'on ne connaît de cette unité de Rocca Peroni que les calcaires et dolomies du Trias moyen. Si sa couverture jurassique n'affleure nulle part ici, par contre ces terrains sont présents, du côté ouest de la crête de partage des eaux entre Stura et Maira, dans les pentes qui tombent sur Argentera et Bersezio : la cause vraisemblable de cette suppression semble donc être un rabotage oblique au couches par le chevauchement de la nappe du Rouchouse, lors de la mise en place initiale des nappes. Il est remarquable que ce dernier semble donc s'accroître du SW vers le NE, ce qui est conforme à l'interprétation selon laquelle cette direction est celle de la zone d'"enracinement*" de la nappe.
Plus au sud-est encore, le matériel de cette nappe de Rocca Peroni forme jusqu'au Passo della Gardetta, les crêtes et sommets secondaires situés en contrebas est de la crête de partage des eaux. Seuls y affleurent les calcaires et dolomies triasiques, toujours ployés par l'anticlinal du Rouchouse, lequel y est éventré par la Comba Emanuel.
La crête de partage des eaux appartient par contre à la nappe du Rouchouse ; au sud des crêtes de la Scaletta elle présente une portion très émoussée dénommée la Repiattetta qui a la particularité d'être constituée par des andésites permiennes. Ces roches affleurent largement à l'intérieur d'une zone triangulaire qui est délimitée par des failles sur ses trois côtés.
a) La limite nord-orientale de ces affleurements est constituée par la surface de charriage de la nappe du Rouchouse, ici sub-verticale, qui détermine le vallon pierreux du colle Oserot, la Colletta Vittorio et plus au NW le collet 2507.
b) Du côté sud une "faille sud de la Repiatetta", verticale E-W, fait buter les andésites contre les couches successives de la succession stratigraphique de l'unité de Tête Dure (y compris le Dogger du Bric) coupées ici en biseau avec un rejet cartographique sénestre.
c) L'affleurement andésitique est enfin limité du côté nord par une cassure orientée NW-SE, également verticale, la"faille ouest de la Repiatetta", qui le sépare des couches triasiques pentées vers le SW de la crête du Monte Scaletta, lesquelles se rattachent à la nappe du Rouchouse proprement dite. Pourtant cette faille est orientée à 90° de la faille du Ruburent et se termine du côté NE, à l'est de la Colletta Vittorio, en butant contre la surface de chevauchement, redressée à la verticale, qui sépare la nappe du Ruburent de celle de Rocca Peroni.
Enfin, du côté ouest, cet affleurement d'andésites de Repiatetta se termine au Passo Peroni en s'y connectant à la bande de roches volcaniques permiennes qui jalonne la lèvre SW de la faille du Ruburent : il en représente donc le prolongement sud-oriental.
Cette situation ne manque pas d'être assez énigmatique : on peut, en définitive, se demander si l'on observe pas là un dispositif extensif ancien, en horst, créé avant le charriage et basculé avec le flanc ouest de l'anticlinal du Rouchouse, qui aurait finalement été recoupé par la faille du Ruburent.
D'autre part, sur cette même transversale sud-orientale, le secteur du Prato Ciorliero, où convergent les vallons pierreux des sources de l'Unerzio, présente, du point de vue structural, un caractère assez stratégique.
Il est assez clair que la succession calcaire triasico-jurassique de la nappe de Sautron y traverse la vallée pour se poursuivre en rive droite par l'arête du Bric Cassin (voir la page "Cassorso") ; celle de la nappe du Rouchouse forme du côté ouest les deux crêtes encadrant le Vallone Roccetta (Bric Content et Costa Denti). Par contre, immédiatement plus au SE, le matériel constitutif des deux nappes subit des modifications notables : on voit en effet s'intercaler là, entre les bandes de calcaires triasico-jurassiques des nappes ployées en anticlinal, des terrains siliceux permo-triasiques.
Ils forment en fait deux bandes qui se poursuivent en continu vers l'E-SE (voir la page "Gardetta") et qui naissent pour la plus septentrionale à la Grange Resplendino et pour la plus méridionale dans la partie inférieure du vallon de Rocca Peroni ; entre les deux s'intercalent, à l'ouest du Prato Ciorliero, les calcaires et dolomies de la nappe du Rouchouse, qui forment la partie inférieure de la Costa Denti, mais ces couches disparaissent à l'est, dans le vallon montant au Passo della Gardetta.
(extrait de la publication n° 024, M.GIDON 1962)
On assiste là, en fait, à l'apparition, à la base des deux nappes de Sautron et du Rouchouse, d'une "semelle siliceuse" permo-triasique qui est inexistante plus au NW dans la première de ces nappes et qui est absente aussi dans la seconde sur cette transversale, à la voûte de l'anticlinal du Rouchouse.
En outre il s'y produit, inversement, un laminage du matériel calcaire de la nappe du Rouchouse, qui disparaît de façon presque définitive plus au SE (voir la page "Gardetta"). Ce sectionnement oblique à la pile des couches, qui apparaît lié au fait que l'on se déplace vers le NE en leur sein, a été considéré comme une géométrie indiquant que l'on se rapproche, dans cette direction, de la "racine*" de détachement de ces nappes.
Mais on ne peut pas négliger non plus le fait que cette géométrie de biseautage des couches se manifeste par la transformation des "racines" des nappes en un faisceau de lames rocheuses sub-verticales, et ce d'une façon de plus en plus accentuée en direction de l'est. Elles sont en définitive affectées par un effilement de leur matériel rocheux, notamment celui siliceux, révélateur sans doute d'un étirement occasionné par un rejeu coulissant des anciennes surfaces de charriage.
consulter l'aperçu structural général
sur les montagnes
au SE de la Haute Ubaye
consulter l'aperçu structural sur la haute Maira
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Ruburent |
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