Monte Giordano, vallon de Servagno |
En venant de l'ouest
le long de la crête qui domine la vallée de la Stura, le Monte Giordano est le premier sommet à ne plus appartenir
à la zone briançonnaise mais à la zone subbriançonnaise. En effet les terrains qui le constituent présentent les successions stratigraphiques typiques de cette dernière zone, c'est-à-dire pour l'essentiel dépourvues de couches antérieures au Trias terminal et relativement riches en niveaux marneux jurassico-crétacés (voir détails en fin de page).
Les unités subbriançonnaises émergent là à la faveur du fait que l'érosion y perce la chape des unités briançonnaises, sous laquelle on les voit s'enfoncer vers le nord-ouest à la faveur de l'entaille du ravin de Servagno.
Plus au nord-ouest il faut aller jusqu'à Guillestre (dans la vallée de la Durance), pour voir de nouveau affleurer les terrains subbriançonnais, jalonnant comme ici le contact tectonique entre le domaine briançonnais et le soubassement autochtone.
image sensible au survol et au clic
Le haut vallon de Servagno vu d'avion, de l'ouest, depuis l'aplomb de Preinardo.
C'est en rive gauche du vallon de Servagno que se produit
l'émergence des unités sub-briançonnaises.
On voit de près, sur ce cliché, comment l'unité
subbriançonnaise la plus élevée (celle du Giordano) s'enfonce vers la gauche
sous l'unité briançonnaise la plus basse (celle
de Rocca Peroni).
n.Ro = nappe du Rouchouse; n.RP = nappe de Rocca
Peroni ; ØB = chevauchement des unités briançonnaises
sur les unités sub-briançonnaises ; sB = unités sub-briançonnaises (sans distinctions) ; u.Gi : unité subbriançonnaise du Giordano ; u.S : unité subbriançonnaise de Servagno - Piconiera.
f.Be = faille de Bernoir (prolongement sud-oriental présumé de la faille du Ruburent), cf page "Gardetta".
En arrière-plan les crêtes des confins du domaine
briançonnais et de celui des schistes lustrés piémontais.
Le Monte Giordano présente de façon très exemplaire un caractère tectonique qui est commun à la plupart des unités de la zone subbriançonnaise et qui les oppose aux unités de la zone briançonnaise, savoir celui d'être affecté d'un intense plissement de ses couches jurassiques et crétacées. Celles-ci dessinent un véritable accordéon de plis couchés à déversement vers le sud-ouest, de sorte qu'elles affleurent en bandes parallèles répétées qui traversent obliquement les versants de la montagne.
L'entaille de la rive gauche (orientale) du ravin de Servagno donne une excellente coupe de ce dispositif.
Colonne stratigraphique de l'unité du Giordano : succession typiquement subbriançonnaise "de sillon" (sans lacunes), mais ne débutant qu'au Jurassique moyen ("Dogger"), pour cause de décollement tectonique. (extrait de la publication n° 059, M.GIDON 1972, présentation retouchée)
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Les pentes du revers SE de Monte Giordano montrent la suite de cet empilement isoclinal jusqu'aux abords du Gias d'Agosto, où le soubassement rocheux disparaît assez largement sous des épandages torrentiels et des placages glaciaires.
Le col "Giordano - Bodoira", qui abaisse de façon assez marquée la crête entre ces deux sommets, correspond au passage d'une faille NW-SE sub-verticale. Elle abaisse son compartiment nord-oriental, dont les couches, peu pentées, butent contre les replis très redressés de sa lèvre sud-occidentale (voir la coupe ci-après). À cela près les deux compartiments qu'elle sépare ne sont pas de constitution sensiblement différente (voir la page "Bodoira").
Coupe passant par le sommet du Monte Giordano (extrait de la publication n° 059, M.GIDON 1972, présentation retouchée)
Au = autochtone ; Pi = unité de Servagno (considérée comme le prolongement nord- occidental de l'unité de la Piconiera) ; Gi = unité du Giordano ; FB = faille du Bric Bernoir.
A1 à A4 ; S1 à S3 = replis anticlinaux et synclinaux de l'unité du Giordano.
version plus grande (extrait de la publication n° 059, M.GIDON 1972, présentation retouchée) |
version
plus grande de cette
image
Carte structurale de l'unité du Giordano d'après les levés de l'auteur de ce site (extrait de la publication n° 059).
La trace topographique des plans axiaux des plis est figurée afin de
montrer les corrélations structurales entre les diverses
transversales ; pour les synclinaux à remplissage de crétacé
moyen on a représenté les bandes d'affleurement
de ce terrain (qui ont donc la même signification).
La nomenclature des accidents est la même que sur les figures
7 et 8 ; les écailles à semelle de Dogger ont été
désignées par la lettre A, suivie du numéro
correspondant au pli anticlinal homologue dans les niveaux supérieurs
; toutefois l'écaille A4 ne correspond à aucun pli
connu et pourrait être totalement étrangère
au dispositif plissé du Giordano, appartenant à
une unité briançonnaise frontale (unité du
Ruissas).
Les replis synclinaux ont été notés Sla,
Slb, Slc, d'une part, S2a, S2b, S2c d'autre part, comme sur les
figures 7 et 8 ; la coordination de ces replis est plus sujette
à caution que celle des accidents principaux.
Les terrains quaternaires sont laissés en blanc (de même
que ceux de l'unité de Servagno ou de l'Autochtone).
On notera principalement que la surface basale de l'unité
du Giordano recoupe, par rabotage basal, des éléments
tectoniques d'autant plus élevés que l'on va d'W
en E.
page encore à finaliser !
Voir l'exposé sur les traits majeurs de la tectonique de la vallée de la Stura
consulter l'aperçu structural général
sur les montagnes
au SE de la Haute Ubaye
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Monte Oserot |
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