à l'ouest des Monges : Authon, Trainon |
Le versant ouest de la montagne des Monges est une zone déprimée, suspendue à plus de 1200 m d'altitude, où la montagne a été fortement incisée par les ravins tributaires de rive droite du Vançon. C'est dire que les rapports entre relief et structure s'inversent totalement par rapport au versant est de la montagne (voir la page "Monges-Feissal") où le Tithonique de l'anticlinal des Monges dessine au contraire un mont jurassien*. Ici la voûte de ce pli est éventrée par le réseau des ravins : ils y ont creusé une combe anticlinale qui se partage, quelques 3 kilomètres à l'ouest du sommet des Monges, en deux combes monoclinales symétriques que sépare le mont dérivé intermédiaire du Chauvet et ils ont même découpé ce dernier en plusieurs tronçons. En outre, à Authon, la combe méridionale raccorde à celle, également monoclinale mais de pendage inverse, du flanc sud-ouest du synclinal de Feissal
La montagne des Monges et le bord sud-occidental de l'écaille de Valavoire, vus de l'ouest, d'avion depuis l'aplomb de Saint-Geniez (cliché original obligeamment communiqué par M. Thierry Dumont). a.M = anticlinal des Monges ; s.F = synclinal de Feissal ; f.sM = faille de Saint-Michel (voir plus loin un cliché plus rapproché) ; ØV = chevauchement de l'écaille de Valavoire sur le Tertiaire autochtone (voir la page "Saint-Symphorien"). "Lc" = calcaires du Lias (sans distinctions de étages). |
C'est là un exemple de relief de région plissée qui est assez représentatif du passage d'un type conforme (jurassien), à un type inversé, ceci en liaison évidente avec l'abaissement en direction de l'est des axes de plis ; ce plongement des plis vers l'est est d'ailleurs clairement lié au basculement induit par le fait que tout cet ensemble appartient à l'écaille de Valavoire et a donc été basculé par l'effet de surhaussement dû au chevauchement de la marge sud-occidentale de cette entité sur l'autochtone que traverse le cours inférieur du Vançon.
Au sujet de cette inversion de relief on peut se demander si l'ablation de la voûte tithonique de l'anticlinal, à l'ouest du sommet, n'est pas due à un épisode préalable d'aplanissement qui aurait écrété les reliefs dépassant l'altitude actuelle de 2100 : le fait que la crête constituée par le flanc nord du pli (crête du Clôt des Martres et de Jouère) reste, sur un long tracé, pratiquement subhorizontale porterait assez à le croire. En ce cas cet aplanissement serait post-Oligocène puisque les plis ainsi arasés affectent les terrains oligocènes, qui sont conservés dans le synclinal de Feissal et serait corrélatif avec d'autres effets de l'érosion anté-miocène que l'on observe plus au sud-est, notamment dans les secteurs de Lambert et Esclangon. |
D'autre part le flanc sud du cœur liasique de l'anticlinal des Monges est rompu, presque sur toute sa longueur depuis Authon, par le chevauchement du Taillefer, qui est un accident mineur à vergence sud. Cette rupture de la partie occidentale du pli témoigne sans doute de ce qu'elle a subi un rétrécissement lié à un effort de cisaillement dirigé vers le sud, en quelque sorte satellite de celui du chevauchement de Valavoire, tout proche |
La localité d'Authon est située dans la combe de Terres Noires du flanc sud de l'anticlinal des Monges. Elle est installée à l'endroit où cette combe formée par l'éventrement de la voûte tithonique du pli s'élargit en passant d'une orientation NE-SW à celle NW-SE, du fait qu'elle y recoupe l'axe du synclinal de Feissal, dont le Tithonique disparaît là à la faveur du relèvement axial de son axe.
Le site d'Authon : entrée orientale du village, vue du sud-ouest, depuis la D3. Le village est installé sur le cône de déjections du ravin de la Peyrouse (en premier plan), qui draine les pentes occidentales des Monges et s'écoule en suivant la combe monoclinale des Terres Noires. La montagne de Chauvet, sur sa rive droite, est un mont anticlinal formé par le Lias du coeur de l'anticlinal NE-SW des Monges. Le rocher de Pierre Mont est un promontoire de Tithonique qui correspond à la charnière du synclinal de Feyssal, dont l'axe s'lève vers la gauche. Elle est détachée de la falaise de Géruen (constituée par le Tithonique du flanc sud de ce pli) par la gorge supérieure du Vançon. |
Authon se trouve d'autre part à proximité du bord méridional du lobe chevauchant (= "écaille") de Valavoire : en effet, peu à l'ouest du village, le torrent du Vançon s'échappe de la combe des Terres Noires en tranchant le crêt liasique qui limite cette combe et qui constitue la terminaison septentrionale de la Montagne de Mélan : il s'agit des couches inférieures du flanc SW du synclinal de Feissal. Au pied de l'abrupt de ce crêt le torrent traverse le chevauchement de l'écaille de Valavoire et s'encaisse dans le Tertiaire du bassin de Valensole (voir la page "Saint-Symphorien").
Le rebord sud-ouest de la dépression d'Authon dans la gorge du Vançon vu depuis la route D.3 Saint-Geniez - Authon, en direction de l'est (le village d'Authon est très en contrebas derrière la crête). Le Vançon saute en cascades les barres calcaires liasiques qui constituent la partie inférieure de la succession de l'écaille de Valavoire et qui appartiennent au flanc SW du synclinal de Feissal. Elles sont tranchées, immédiatement au nord (à gauche) du Rocher Saint-Michel par la faille de Saint-Michel (F-F). on trouvera une vue de la partie de cette gorge située immédiatement plus en aval à la page "Saint-Symphorien" |
À l'ouest d'Authon la barre liasique du flanc SW du synclinal de Feissal s'interrompt brutalement à l'ouest du Rocher de Saint-Michel où elle est tranchée par une faille de Saint-Michel. Celle-ci fait reposer la base triasique de cette barre sur les Terres Noires qu'entaillent plus au nord les ravinements du Malpas, que la D.3 (qui permet de joindre Saint-Geniez depuis Authon) traverse à flanc de pente.
Cette faille de Saint-Michel semble, à première vue, être un chevauchement à vergence nord, car elle suit la base des dolomies jaunes du Keuper ; mais, d'une part, cette cassure ne décale pas la surface de chevauchement de l'écaille de Valavoire (hors du champ du cliché ci-dessus) ; d'autre part les portions extrêmes de cette cassure, vers le haut comme vers le bas (emplacements repérés par les lettres F), prennent un pendage vertical, très oblique aux couches : il s'agit donc, assez vraisemblablement, d'une ancienne faille verticale, déformée en chevauchement lors du déplacement de l'écaille de Valavoire par l'effet de compression résultant du jeu de ce dernier (on peut également penser qu'elle a également joué, lors du chevauchement, en déchirure à coulissement dextre, à la façon d'une rampe latérale*). |
Au nord de l'entaille associée à cette faille la crête de la Montagne de Trainon s'élève progressivement jusqu'à dominer Saint-Geniez. Elle constitue grossièrement le prolongement de l'anticlinal des Monges (voir la carte en fin de page), lequel vient à son tour, après le synclinal de Feissal, se faire sectionner par le chevauchement de l'écaille de Valavoire. Mais si on examine plus en détail sa structure on constate que l'on a là un crêt jurassique d'orientation NW-SE au flanc NE duquel l'anticlinal des Monges vient se greffer obliquement (à 45°) et mourir par amortissement.
En fait ce changement d'orientation correspond au fait que les couches du crêt de Trainon y prennent l'orientation de la surface de chevauchement (sur laquelle elles reposent d'ailleurs par une lame triasique basale). Toutefois ce parallélisme cesse au niveau du Malpas, où ces couches sont traversées par la D.3 : là elles viennent à tour de rôle, du Trias jusqu'aux Terres Noires, se biseauter contre ce chevauchement : cette géométrie s'explique en considérant qu'elle correspond au sectionnement, à cet endroit, du flanc nord du synclinal de Feissal.
L'examen de la carte schématique peut suggèrer que l'anticlinal E-W anté-oligocène des Monges se poursuit par le crêt liasique NW-SE de Trainon au prix d'une torsion de sens horaire qui pourrait avoir été due à un crochonnement dextre associé au mouvement chevauchant de l'écaille de Valavoire. En fait la manière dont l'anticlinal des Monges s'amortit au flanc NE du crêt du Trainon montre que ce dernier ne peut pas être son simple prolongement pivoté. Le changement d'orientation des structures auquel correspond ce raccord structural doit sans doute plus à la déformation qui a résulté de l'entrecroisement de plis induit par le plissement NW-SE. En effet la barre liasique de Trainon se poursuit en direction du NW jusque dans les pentes du Riou d'Entraix (Les Moulières), à l'ouest de Valavoire (en constituant toujours la semelle de la dalle rocheuse chevauchante de l'écaille de Valavoire). L'azimut de ses couches y reste NW-SE, c'est-à-dire parallèle à celui de la barre tithonique qui domine Valavoire et à l'axe du synclinal post-oligocène d'Esparron dont elle représente le flanc SW (voir les pages "Reynier" et "Esparron"). Le tracé de la surface de chevauchement, depuis Trainon jusqu'à Valavoire, correspond donc probablement à la ligne de rupture d'une structure anticlinale créée lors des mouvements post-oligocènes. Par contre ceci cesse d'être vrai plus à l'ouest, à partir des Moulières, car cette surface tectonique s'y raccorde à la faille de Vermeil, qui est au contraire une déchirure oblique aux couches et aux plis de l'écaille de Valavoire. |
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