col de Romeyère - Rencurel (chef-lieu)

partie septentrionale du val médian du Vercors

Au sud des Écouges la combe monoclinale qui correspond au vallon de ce nom s'échancre perpendiculairement à son fond (au lieu-dit Pont Chabert) là où son ruisseau "des Grandes Routes" converge avec le cours amont de la Drevenne, qui descend du sud vers le nord depuis le Col de Romeyère. Le tracé de ce dernier torrent ne fait que suivre cette même combe et le tracé du talweg y est déterminé également par le repos de la molasse sableuse sur les calcaires sénoniens de sa rive occidentale.

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L'extrémité septentrionale du vallon des Écouges, vue d'enfilade, du sud depuis les abords nord du col de Romeyère.
ØR = chevauchement de Rencurel ; ØF= chevauchement de Fessole (leurs rapports sont masqués derrière l'épaulement des conglomérats miocènes qui bouche le fond de vallon au pied du Pas de Montbrand.

C'est à ce point de confluence que la rivière s'échappe vers l'ouest pour tracer son cours inférieur E-W qui lui fait rejoindre la vallée de l'Isère à l'ouest de Saint-Gervais. Elle franchit pour cela la ligne des falaises urgoniennes du flanc oriental de l'anticlinal des Coulmes par une entaille, spectaculaire par sa hauteur et son étroitesse que l'on a pris la coutume d'appeler le canyon des Écouges.


Le canyon des Écouges, vu de l'ouest, depuis la route D.35, au tournant du Cadet.
N.B. : les couches dérives un "V topographique"* qu'accentue la perspective en contre-plongée (cela fait notamment croire que la route et les strates s'élèvent de gauche à droite (alors qu'elle descendent dans ce sens).

Descendant du col de Romeyère la D.35 s'engage d'abord dans cette entaille à son sommet. Puis elle s'en échappe par le vertigineux encorbellement du Balcon des Écouges qui traverse en diagonale la falaise urgonienne, verticale sur près de 300 m de haut, en suivant pratiquement un seul niveau de strate. Ses constructeurs ont en effet utilisé, à plusieurs reprises, une même surface de strate, en la dégageant par en-dessous, pour former un toit protecteur au dessus de la chaussée (ou en creusant par dessous pour l'agrandir, là où ce surplomb avait déjà été dégagé par l'érosion naturelle).

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Les pentes de rive gauche de la Drevenne vues du nord, depuis le balcon des Écouges
a.Co = anticlinal des Coulmes; a.N = anticlinal du Nant ; ØB = chevauchement des Belles
noter, à l'extrême gauche, le toit plan qui surplombe la chaussée. Il est incliné vers la gauche, comme les strates qui sont visibles à l'arrière-plan, au Bec de Neurre : il correspond lui aussi à une surface de strate.

Au sud du col de Romeyère la combe monoclinale des Écouges s'allonge vers le sud en marge orientale de la Forêt des Coulmes. L'espace entre ses crêtes bordière s'épanouit par divergence car les couches de la lèvre orientale du chevauchement de Rencurel prennent un azimut absolument N-S alors que celles du flanc oriental de l'anticlinal des Coulmes gardent une direction un peu NE-SW tout en atténuant leur pendage. La largeur des affleurements miocènes, correspondant aux surfaces cultivables, s'ouvre de plus en plus jusqu'à la latitude du chef-lieu de Rencurel.

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La vallée de Rencurel - col de Romeyère vue du sud, d'avion, depuis l'aplomb de la Balme de Rencurel (vallée de la Bourne).
a.Co = flanc oriental de l'anticlinal des Coulmes ; ØR = chevauchement de Rencurel ; s.A = synclinal d'Autrans.
L'astérisque rouge indique la position de la carrière décrite au cliché suivant.

Le matériel miocène qui affleure dans les pentes inférieures de sa rive orientale est simplement la couverture stratigraphique normale de l'Urgonien de l'anticlinal des Coulmes. Mais ici, à la différence de ce que l'on observe souvent plus au nord, il n'y a pas repos direct du Miocène sur l'Urgonien. Entre ces deux terrains l'érosion anté-Miocène a laissé subsister des couches de l'Aptien supérieur et du Sénonien, qui garnissent une large hauteur des pentes boisées de rive droite (occidentale) du vallon.

On observe toutefois que les couches du sommet de ce garnissage de crétacé supérieur sont tranchées, en faible discordance* angulaire, par la surface basale de dépôt du Miocène.

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Discordance du Miocène sur des plis décamétriques du Sénonien : flanc est de l'anticlinal de Choranche, entre Rencurel et le col de Romeyère (voir localisation sur le cliché précédent) ; en haut à droite le personnage donne l'échelle.
Cette photo n'a plus qu'une valeur d'archive du passé ; en effet depuis la date de juillet 1965, à laquelle elle a été prise, la carrière a considérablement été agrandie et l'on n'y voit plus désormais, sur un front de 100 m de large, que des couches sénoniennes à pendage régulier de 30° vers la route.

La combe monoclinale de Romeyère se termine vers le sud à la Balme de Rencurel, où elle est coupée orthogonalement par le cours de la Bourne (voir la page "Balme de Rencurel"). Au sud de de La Balme de Rencurel la combe de Romeyère - Rencurel se prolonge, sans discontinuité structurale et en s'ouvrant de plus en plus largement, par celle de Saint-Julien et de Saint-Martin. Elle représente en fait le prolongement nord du synclinal médian du Vercors (= synclinal de la haute Vernaison). Mais, à la différence de ce qui se passe au sud de Saint-Martin, le flanc est du synclinal ne s'observe pas ici car la combe est ici limitée du côté oriental par le "chevauchement de Rencurel", dont le jeu a rompu ce flanc du pli.

 Au delà du col de Romeyère vers le nord (voir la page "Écouges"), la bande d'affleurements de Miocène qui détermine cette combe se prolonge loin, jusqu'au pied occidental du signal de Nave. Mais elle change de caractère en se transformant en une zone de vires à flanc de pente en même temps que le chevauchement de Rencurel se double d'une cassure satellite secondaire.
Plus au nord encore cette bande d'affleurements miocènes s'interrompt dans les pentes abruptes du versant nord-ouest du Bec de l'Orient, où elle est tranchée en biseau par le prolongement méridional de la faille de Voreppe.

Si l'on tient compte du jeu dextre de cette faille de Voreppe on est conduit à considérer que le synclinal médian du Vercors devait originellement se raccorder là au synclinal de Voreppe, et qu'il en représente donc le prolongement méridional, décalé vers l'ouest. Comme ce synclinal de Voreppe limite du côté ouest le massif de la Chartreuse on est amené à conclure que le chevauchement de Rencurel et le synclinal médian du Vercors séparent deux ensembles structuraux assez différents :
- un ensemble oriental (synclinal d'Autrans etc...) qui prolonge les structures de la Chartreuse occidentale vers le sud ;
- un ensemble occidental (anticlinal ses Coulmes etc...) dont les plis s'enfoncent vers le nord dans le sillon molassique du Bas Dauphiné.

Au sud du chef-lieu de Rencurel le vallon se rétrécit quelque peu du fait du surgissement sur son versant oriental de la crête rocheuse du Perrellier. Cette lame rocheuse est un panneau, essentiellement formée d'Urgonien, qui est limité de chaque côté par une surface de faille, chacune assez fortement pentée vers l'est et à sens de rejet compressif (failles "inverses"). Ces deux cassures se rejoignent clairement du côté nord, montrant ainsi que c'est le grand chevauchement de Rencurel qui s'y subdivise en deux branches, la plus importante par son rejet semblant être la branche occidentale.


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La partie méridionale du vallon de Romeyère et le débouché aval des gorges supérieures de la Bourne vus du sud, depuis la brèche de Chalimont.

Cette vue montre clairement que le compartiment du Perrellier est délimité par deux surfaces presque parallèles : ce sont les deux "branches" du chevauchement de Rencurel.

ØR = branche principale du chevauchement de Rencurel ; Ø'' = branche orientale, secondaire, de cet accident ; s.M = synclinal médian du Vercors..

Les couches ainsi sectionnées décrivent en outre un enchaînement sigmoïde de deux ondulations, l'une anticlinale (côté ouest), l'autre synclinale (côté est) dont on a souligné les plans axiaux (respectivement : pa a et pa s) d'une ligne de tirets blancs cernés de noir.
Ces ondulations sont vraisemblablement des crochons générés par le jeu en chevauchement (demi-flèches) sur les surfaces de cassure.

(l'astérisque rouge indique la position de la carrière décrite plus haut dans cette page).


Malgré le pendage vers l'est de l'une et l'autre des deux failles qui délimitent cette lame, cette dernière ne saurait représenter le reste du flanc inverse d'un pli-faille*. En effet la disposition des couches entre ces deux failles s'y oppose : elles n'y sont ni renversées ni même redressées et nullement étirées, mais sectionnées franchement sous un angle proche de 90° par les deux failles.
En définitive il s'agit d'un fragment découpé par imbrication à l'extrême marge occidentale du synclinorium d'Autrans (voir la coupe en fin de page). Il s'inscrit finalement, bien que doté d'un rejet plus important, dans le système des écailles de la Valette (voir la page "Bourne amont").

La structure résultante est observable en coupe transversale, peu au sud-est de Rencurel, à la faveur des gorges de la Bourne (voir la page "Balme de Rencurel").


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Vif


Carte géologique très simplifiée des environs de Malleval - Rencurel.
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

légende des couleurs


Malleval

Écouges

Autrans
Coulmes LOCALITÉS VOISINES Méaudre

Bourne aval

Balme de Rencurel

Bourne amont
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