chaînon du Mont Pourri, |
Le Mont Pourri est un important sommet qui, avec ses 3779 m, est le second en altitude (après la Grande Casse) de la Vanoise proprement dite. C'est le point culminant d'un puissant chaînon N-S qui constitue la ligne de partage des eaux entre le bassin versant de l'Isère (Haute Tarentaise) et celui du Ponturin.
La crête et ses abrupts, sur les deux versant de ce chaînon, sont entaillés, sur un millier de mètres de dénivellation, dans le complexe paléozoïque anté-Permien des roches métamorphiques du socle de la Vanoise septentrionale.
Cet épais ensemble de roches dont le métamorphisme est peu intense (niveau dit "des micaschistes") et sans doute d'âge alpin avait été longtemps considéré comme d'âge Houiller. Mais il s'avère héberger un pluton intrusif de microgranite qui a été daté du Cambrien terminal : il devrait donc dater d'un paléozoïque plus ancien voire du Précambrien.
Il comporte une succession de trois formations : |
Sur le versant occidental de la crête, la vallée du Ponturin traverse les roches métamorphiques, d'amont vers l'aval depuis le lac de La Plagne jusqu'au hameau de la Gurraz (au pied du verrou qu'elle traverse en gorges). Elle ne recoupe le chevauchement de ce socle paléozoïque sur la zone houillère qu'un peu plus en aval, exactement là où a été construit le chalet de Rosuel (entrée du Parc de la Vanoise), dans un secteur où l'érosion glaciaire a donné à la vallée un profil à fond plus large.
Le versant occidental du chaînon du Mont Pourri vue de l'ouest, depuis la Montagne de Bellecôte (point coté 2739, au dessus de la Pointe de Friolin). La vallée du Ponturin entaille dans toute son épaisseur le paléozoïque du socle de la Vanoise orientale. Elle montre son chevauchement (ØVs) sur la bande de cargneules qui garnit le sommet de la succession de la zone houillère briançonnaise. La charnière anticlinale de la Gurraz (a.G), qui bascule la série à l'aplomb de l'Aiguille du Saint-Esprit semble correspondre à un vaste crochon créé par le chevauchement du socle de la Vanoise. On peut remarquer qu'elle semble analogue, à l'azimut de son axe près, à la charnière que traverse le Doron de Champagny au niveau des gorges de La Pontille (voir la page "Roche de Mio"). Le détail de l'analyse des roches paléozoïques du socle est fourni par le schéma ci-dessous. (suite du paysage vers la droite à la page "Peisey"). |
Croquis interprétatif dû à Fr. Guillot (1987) ; Légende des notations : P = schistes métamorphiques permiens, à niveaux carbonatés basaux (= Pc). Détail du Houiller métamorphique : - formation supérieure (Pzs) : Sn = micaschistes noirs, pyriteux et charbonneux à patine rouille. - formation moyenne (Pzm) : q2 = micaschistes quartzeux (anciennes ignimbrites* ?) + gab = roche grenue verdâtre (ancien gabbro* ?) ; - formation inférieure (Pzi) : rv-q1 = rubanement d'alternances de roches vertes (rv) et de strates quartzeuses (q1) (voir ci-après le cliché de détail de la pyramide sommitale). myl (croisillons) = bande de mylonite* de la face nord de Bellecôte et son prolongement oriental. |
C'est à l'épaisse formation inférieure ("Pzi") de cet ensemble métamorphique qu'appartient la puissante pyramide sommitale du Mont Pourri. Elle se montre formée par un monotone empilement de strates d'anciennes laves spilitiques (métamorphisées en "roches vertes" chlorito-albitiques) qui comporte en outre quelques fortes intercalations de lits quartzeux.
Le versant sud-occidental du sommet du Mont Pourri vue du sud depuis le lac de La Plagne. s1 : foliation métamorphique (alternances de lits chlorito-albitiques et de bancs quartzeux) : elle est, partout ici, très parallèle et doucement inclinée vers le nord-ouest. |
Du côté septentrional ces roches métamorphiques sont fortement surélevées par rapport au matériel mésozoïque qui affleure à son pied ouest aux environs des Arcs : elles y surplombent le long vallonnement à remplissage de cargneules qui descend depuis col de la Chal jusqu'à la station d'Arc 2000. Toutefois il faut aller jusque à l'extrémité nord de ce vallon pour que l'entaille de la vallée de l'Isère, qui le recoupe transversalement, montre que ce contact y présente un véritable caractère chevauchant (repoussant le socle de la Vanoise septentrionale sur la zone houillère briançonnaise), à la différence de ce que l'on observe plus au sud dans la coupe de la vallée du Ponturin (voir la page "Peisey").
Le sommet et les crêtes septentrionales du Mont Pourri vus du nord, depuis les alpages de Praina (rive droite de la moyenne Tarentaise), après les premières neiges d'automne. |
Du côté sud, le chaînon du Mont Pourri se termine au Dôme de la Sache, où la crête s'abaisse brutalement en faisant place à un vaste abrupt triangulaire qui ferme l'horizon septentrional des environs de Tignes. Cet abrupt est déterminé par un accident tectonique important qui fait avancer vers le sud-est le socle cristallin, sur la zone tectoniquement déprimée des environs de Tignes.
Le tracé de ce chevauchement de La Sache est pratiquement suivi par la partie haute du vallon de la Sache (voir la page "Tourne") et s'en échappe pour passer à flanc du versant occidental du talweg de l'Isère où il s'abaisse doucement en direction du nord en suivant le rebord supérieur des abrupts qui dominent le village des Brévières. On voit bien que ceux-ci, qui sont constitués par les quartzites triasiques de la couverture des unités briançonnaises plus méridionales, s'enfoncent vers le nord sous le socle du Pourri (voir la page "Chevril").
aperçu général sur la Vanoise
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Moûtiers, Tignes
Carte géologique simplifiée des abords du Mont Pourri
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M. Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines > plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges
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Peisey |
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Mont Pourri |
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