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Tignes-les-Boisses, lac du Chevril |
Le lac de retenue artificielle du Chevril noie le plan alluvial où était construit le village de Tignes proprement dit, en amont des anciennes gorges du Chevril. Le barrage, en forme de voûte de béton concave assez mince, obture ces gorges d'un mur dont la crête domine de 230 m le village des Brévières, situé à leur débouché, à peine 2 kilomètres en aval.
La dépression grossièrement N-S que remplit le lac de retenue s'allonge de façon presque transversale aux structures tectoniques de ce secteur de la vallée, lesquelles se correspondent assez bien d'une rive à l'autre (voir plus loin dans la présente page).
Elle est limitée par deux verrous d'érosion glaciaire :
Le verrou aval (des Boisses) est bien dessiné en rive gauche : son sommet, aplani par le passage du glacier de l'Isère, y supporte désormais le nouveau village de Tignes - Les Boisses. Ce barrage naturel est armé par une puissante barre de quartzites, qui plonge doucement vers le nord (voir la page "Brévières"). Il se prolonge vers le sud sur 1 à 2 km sur l'une et l'autre rive du lac et s'y montre en réalité formé par une imbrication de lames de quartzites qui se chevauchent mutuellement (ce sont donc des "écailles tectoniques"), ce qui lui confère au total plusieurs centaines de mètres d'épaisseur.
Le verrou amont (de la Daille) est en grande partie traversé en tunnel par la D.902 (ex. N.202). Il est constitué par des calcaires triasiques qui sont plissés mais forment une barre globalement verticale sur les flancs de la vallée. L'entaille sinueuse du cours de l'Isère que suit cette route met bien en évidence le fait que son tracé ne correspond à aucune structure notable qui soit orientée N-S comme l'est la dépression du lac. Les gorges de la Daille débouchent dans l'extrémité septentrionale de la dépression de Val d'Isère. Leur caractère d'entaille d'un verrou glaciaire* typique, est confirmé par la substistance du sommet de ce dernier, raboté par le glacier : il forme deux épaules, en rive droite celle de la Plate de la Daille, et en rive gauche celle des Rochers du Grand Saut, (plus de détails à la page "Val d'Isère").
Cette dépression est traversée dans sa partie moyenne par le prolongement oriental de la faille du col du Palet (voir clichés plus loin dans la présente page) qui aboutit dans la retenue au débouché du torrent exutoire du Lac de Tignes. Cette cassure, sans doute tardive car dotée d'un fort pendage, semble prolonger vers l'ouest la faille de Rhêmes, qui passe en rive droite au nord du village du Franchet car leurs caractéristiques sont similaires (voir la page "Franchet"). Ces deux cassures correspondraient donc à une importante ligne de dislocation, presque W-E, que la carte géologique au 1/50.000° dénomme la faille Rhêmes - Chardonnet. |
La rive orientale du lac donne une coupe naturelle où l'on voit que, jusqu'au Villaret du Nial, les lames de quartzites du verrou des Boisses supportent en outre (par l'intermédiaire du chevauchement du Saut) une lame de socle cristallin qui prolonge celui du massif du Pourri (et qui supporte d'ailleurs des témoins de sa couverture spécifique).
Cette lame s'amincit fortement vers le sud, sous le recouvrement de la nappe des schistes lustrés de la Grande Sassière, et semble se connecter, en rive sud du fond du vallon de la Sassière, à l'unité de la Tsanteleina (voir la page "Rocher de Franchet"). |
![]() La partie septentrionale de la rive droite (orientale) du lac du Chevril vu du sud-ouest depuis le village du Lavachet (Tignes le Lac) ØSL = chevauchement basal des schistes lustrés ligures ; ØS = chevauchement du Saut (prolongement oriental vraisemblable de celui de La Sache) ; le matériel que l'on peut rattacher au socle cristallin du Mont Pourri, rétrocharrié par cet accident se réduit, au sud de La Revirette, à une lame de schistes permiens associée à des marbres chloriteux du Crétacé supérieur. j = marbres calcaires de la Revirette (jurassique supérieur), reposant directement sur les schistes cristallins du socle du Pourri ; ØF, ØV, surfaces de chevauchement des écailles imbriquées de quartzites triasiques (écailles du Franchet et du Villaret) ; n.MM = nappe de schistes lustrés de Méan Martin ; n.Sa = nappe de schistes lustrés de la Grande Sassière. (pour les hautes pentes de ce versant (en amont du Saut), se reporter à la page "Grande Sassière"). |
Ce dispositif se modifie au sud du ravin du Saut, où les quartzites du Franchet plongent vers le sud et s'enfoncent sous les calcaires et dolomies des gorges de la Daille, qui en sont la couverture normale originelle (mais qui sont également imbriqués par écaillage). On observe donc là un plissement d'ensemble, par un anticlinal du Villaret déversé vers le sud, de l'ensemble des écailles imbriquées, disposition qui se confirme et s'accentue plus en amont dans le secteur de Val d'Isère.
En outre à l'altitude de la crête de Picheru et de l'Aiguille du Franchet, les quartzites et les calcaires triasiques de l'écaille du Franchet se rebroussent en une charnière déversée vers le sud-est : cela ressemble fort à un crochon induit par le chevauchement du Saut, car c'est à cet endroit que ce dernier accident tranche le contact entre les couches de la semelle siliceuse briançonnaise et de leur couverture carbonatée. Il fait en outre reposer, en discordance sur ce dernier, l'extrémité occidentale des affleurements de l'unité de la Tsanteleina.
Ceci est une interprétation personnelle, qui diffère un peu de celle adoptée sur la carte géologique, dont le dessin ne rend pas compte de l'enroulement des écailles ni de leur troncature par le chevauchement du Saut. Cette carte interprète uniquement ces dispositions par une faille verticale transverse, passant au niveau du Franchet. Cette faille de Rhêmes - Chardonnet est, quant à elle, un accident tardif qui recoupe effectivement toutes les structures, y compris l'anticlinal du Villaret qu'il sectionne en oblique. |
En rive gauche des gorges de la Daille la partie de la rive ouest du lac du Chevril qui est située au sud (en rive droite) du torrent exutoire du lac de Tignes est assez encombrée d'éboulis et garnie de bois (voir aussi le cliché à la page "Tignes-le-Lac"). On y reconnaît wnéanmoins qu'elle est formée par les calcaires triasiques de l'unité du Franchet, qui y dessinent successivement le synclinal du Rocher du Glaçon puis l'anticlinal de la Daille. Mais cette structure ne se prolonge pas en rive gauche du torrent : cela semble s'expliquer la poursuite vers l'est de la faille du Col du Palet, jalonnée par les cargneules formant le promontoire qui s'avance dans le lac.
Au nord du torrent exutoire du Lac de Tignes la rive occidentale du lac a une structure similaire à celle de sa rive droite car on peut y reconnaître
les écailles de quartzites imbriquées et enroulées
par l'anticlinal du Villaret. L'écaille du Franchet est
amputée de sa partie méridionale par suite de son
sectionnement par la faille du col de Palet et la bande de cargneules
qu'elle chevauche est plus épaisse et inclue une épaisse
lame de calcaires triasiques.
Enfin on voit là que ces écailles se biseautent
vers le nord, au sein d'une bande de cargneules qui forme le replat
du Marais : cette géométrie indique que leur vergence*
originelle était dirigée vers l'ouest ou le nord-ouest.
![]() Les montagnes de rive gauche de la vallée de l'Isère à la latitude du barrage du Chevril vues de l'est, depuis les pentes entre La Revirette et Le Saut. f.cP = faille du Col du Palet ; f.Gr = faille de Grattaleu ; a.V = anticlinal du Villaret ; ØS = chevauchement (rétrodéversé) de la Sache ; js = couches reposant directement sur les schistes cristallins du socle du Pourri (marbres calcaires, quartzites et brèches à niveaux datés du Callovo-Oxfordien). écailles imbriquées de la semelle siliceuse briançonnaise : ØV = chevauchement du Villaret ; ØF = chevauchement du Franchet. autres unités briançonnaises : u.rR = unité des Rochers Rouges ; u.M = unité briançonnaise du Marais (à couverture adhérente réduite : Malm et marbres en plaquettes) ; ØM = chevauchement du Marais. (pour plus de détails sur les pentes supérieures du versant voir les pages "Tourne" et "Tignes-le-Lac" ). |
aperçu général sur la Vanoise
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Tignes
Carte géologique simplifiée des abords de Tignes
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M. Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines >
plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges
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La Tourne |
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