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Tignes-le-Lac (station de ski) |
La vallée en haut de laquelle est logé le lac de Tignes se jette dans celle de l'Isère au niveau du lac de retenue du Chevril (voir la page "Chevril"). Dans sa partie aval elle suit grossièrement la limite méridionale des affleurements de la semelle siliceuse briançonnaise (principalement quartzites), qui plonge, par un enroulement anticlinal déversé vers l'est, sous les calcaires et dolomies triasiques qui les recouvrent (toutes ces roches sont par ailleurs organisées en lames imbriquées, ce qui résulte de chevauchements antérieurs à ce plissement).
Le lac de Tignes lui-même est retenu derrière le verrou rocheux du Lavachet dont les calcaires et dolomies triasiques briançonnaises percent sous un large nappage d'alluvions glaciaires tapissant les pentes. Sa cuvette a été creusée par la langue glaciaire qui descendait du sommet de la Grande Motte et a laissé ses dépôts morainiques haut sur les pentes latérales. Ce surcreusement a en outre été grandement favorisé par le fait que la vallée traverse là une bande de roches particulièrement tendres puisque essentiellement formée de gypses et de cargneules.
Cette bande gypseuse appartient au diverticule le plus oriental des affleurements de la nappe des gypses. Elle joue le rôle de coussin basal par rapport aux unités de schistes lustrés. Ceux-ci ont été en majeure partie enlevées ici par l'érosion ; mais, du côté est du vallon du lac, un lambeau de schistes lustrés est conservé, en klippe*, au sommet de la Tovière, où il couronne les gypses. Cette klippe minuscule représente en fait l'extrémité septentrionale, fragmentée par l'érosion, de la grande klippe qui forme les crêtes de la Sana et de la Pointe du Grand Pré.
![]() Les pentes orientales du vallon du Lac de Tignes, vues de l'ouest depuis le sentier du col du Palet (environs du point coté 2233). En arrière-plan, au col de la Leisse (masqué au pied de la Pointe du Grand Pré), la nappe des gypses se poursuit vers la droite en s'insinuant localement entre la nappe des schistes lustrés et celle de la Grande Motte (n.gM), qu'elle est réputée recouvrir d'une façon plus générale ... (voir la page "Leisse"). |
Sur l'autre versant du vallon du lac, des schistes lustrés affleurent, d'ailleurs plus largement, à la Pointe et aux lacs du Chardonnet. Mais cette autre klippe a une situation tectonique plus compliquée car elle est coincée entre des failles qui l'encastrent au sein des unités briançonnaises. Il se peut, cependant, que les cargneules qui la bordent du côté nord, sur le versant sud de l'Aiguille Percée, appartiennent aussi à la nappe des gypses.
Dans le schéma de superposition généralement admis par les divers auteurs depuis F. Ellenberger on est confronté à une difficulté du fait que du côté nord du lac de Tignes le matériel de la "nappe des gypses" repose directement sur des unités briançonnaises, sans intercalations de témoins de la nappe de la Grande Motte (laquelle est pourtant largement représentée du côté sud).
![]() Les pentes occidentales du vallon du Lac de Tignes vues de l'est, depuis la Pointe du Lavachet. La nappe des gypses s'appuie à gauche (= du côté sud) contre le matériel de la nappe de la Grande Motte. Ce dernier ne semble pas s'enfoncer sous elle, mais plutôt avancer en chevauchement sur elle (ØgM). Les gypses affleurent en buttes coiffant les cargneules, qui prédominent dans le versant ; f.cP = faille du col du Palet, interprétable comme le prolongement méridional de celle de Rhêmes (voir la page "Franchet") : il s'agit, en tous cas, d'une cassure postérieure au charriage des schistes lustrés. |
Cela a conduit à considérer que les affleurements de la nappe des gypses y recouvrent, en l'encapuchonnant, le front septentrional des affleurements de la nappe de la Grande Motte, ce qui est pourtant en contradiction flagrante avec les observations relatives à la géométrie de ces derniers (voir aussi la page "Pramecou").
L'interprétation alternative soutenue ici lève cette difficulté en ne considérant pas que le matériel de l'amas tectonique désigné comme "nappe des gypses" provient d'un domaine plus interne que celui de la Grande Motte (et qu'il ne vient donc recouvrir ce dernier qu'à la faveur d'accidents locaux). Il est envisagé au contraire que l'origine de ce matériel gypsifère est une expulsion latérale à partir de sa position originelle, relativement autochtone, à savoir la base, évaporitique, de la succession des couches du domaine sédimentaire de la Grande Motte. |
Carte géologique simplifiée des abords de Tignes
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines >
plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges
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Col du Palet |
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