Chillol, aiguilles de Marinet |
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Les crêtes déchiquetées du Grand Bec de la Blachière et l'échine escarpée des Rochers de la Queue, tombent abruptement en rive gauche de l'Ubaye. Elles masquent à qui parcourt le fond de vallée l'existence des hauts vallonnements suspendus de Chillol. Les ravins escarpés qui s'en échappent, notamment celui des Velhasses, sont obligés, pour rejoindre la vallée de l'Ubaye, de trancher dans la voûte ou dans le flanc oriental, formé de Verrucano et de quartzites triasiques, du gros anticlinal de Marinet qui est la structure permettant de voir les couches les plus basses (et les plus anciennes) de l'édifice tectonique du Briançonnais sur cette transversale.
À l'est de cette barrière le haut vallon de Chillol (torrent des Velhasses) s'épanouit en mettant à nu de larges affleurements de Permien volcano-détritique (anciennes laves et tufs volcaniques). Bien qu'enserrés entre deux crêtes quartzitiques ces affleurements du haut vallon de Chillol n'affleurent pas au coeur du gros anticlinal de Marinet. S'ils constituent le soubassement stratigraphique de la crête des aiguilles quartzitiques dont l'alignement limite ce vallon du côté nord (Le Peigne, Gélinasse, Aiguille Pierre André et Aiguille Large), au contraire ils sont séparés, du côté sud, des quartzites du flanc NE de l'anticlinal de Marinet proprement dit (Unité de Marinet) par un contact tectonique presque vertical.
Il y a donc un redoublement de la succession siliceuse, disposée à la verticale, du flanc NE de l'anticlinal de Marinet. On interprète cette dispositon actuelle comme le résultat du chevauchement, sur l'unité de Marinet proprement dite, d'une écaille des Aiguilles et des andésites de Marinet . Postérieurement à ce charriage mineur l'imbrication de ces deux unités tectonique a été reployée lors du plissement de l'anticlinal de Marinet, comme le montre le fait que l'on voit la surface de chevauchement être enroulée par ce pli en rive droite de l'Ubaye (voir la page "Tête du Seingle").
Cette dénomination, qui peut toujours être abrégée en "u.aM", remplace celle de "écaille des Aiguilles de Mary" utilisée dans la thèse de M. Gidon en 1962 car ce dernier nom était mal choisi. En effet il pouvait induire une confusion avec les "Pointes de Mary" de rive droite du vallon de Mary, alors qu'il voulait désigner la succession d'aiguilles (Aiguille Grande, Aiguille Pierre André, etc ..) qui dominent la rive gauche du vallon de Mary. |
La crête de l'Aiguille Large et des autres aiguilles plus occidentales, qui constitue l'armature saillante de cette écaille des andésites de Marinet, est donc formée de couches quartzitiques qui sont redressées au delà de la verticale, avec leur base du côté sud-ouest : elles sont effectivement garnies du côté opposé par des couches de calcaires triasiques qui sont plaquées, en contact stratigraphique, au pied de leurs abrupts septentrionaux.
Un examen attentif révèle qu'elles sont en outre tranchées par des failles presque "plates" (à faible pendage vers le SE) dont le plus bel exemple est la faille de Pichal, à la faveur de laquelle la crête quartzitique du Peigne se prolonge, en direction du fond de la vallée de l'Ubaye, par celle, formée de calcaires triasiques, des Rochers de la Queue. Leur rejet compressif indique un décalage de la lèvre supérieure vers le NE, ce qui indique un cisaillement en rétro-chevauchement, dont clairement associé à la phase relativement tardive (en tout cas postérieure au charriage des nappes) qui a déversé l'anticlinal de Marinet par dessus la bande des calcschistes de Ceillac. |
Mais il s'avère que ces couches sont séparées du soubassement septentrional de cette crête, très différent, par une cassure, la faille de La Barge (voir la page "Tête du Seingle"), dont le tracé (masqué par les éboulis) est suivie par le thalweg du vallon de Teste ; ce soubassement tectonique est formé par les très épais calcschistes néo-crétacés de l'unité de Ceillac qui forment pour l'essentiel la Tête de Miéjour (voir la page "Maurin rive gauche").
La surface de cassure de cette faille de La Barge coupe assez franchement (à angle assez ouvert) les couches sub-verticales de la retombée de la crête quartzitique des Aiguilles de Chillol-Marinet car elle a un pendage assez faible vers le sud-ouest ; mais elle est presque partout masquée par les éboulis qui ceinturent le pied de cette crête.
image sensible au survol et au clic |
Les couches de l'écaille des andésites de Marinet sont redressées au voisinage de la verticale mais elles tendent à se renverser vers l'est au sud du verrou du lac (dont on voit le pied sur la bord gauche du cliché). Elles chevauchent les calcschistes de la bande Ceillac - Chiappera par le truchement de la faille de la Barge (f.B). css = niveaux marneux de la partie haute des "marbres en plaquettes" de la bande de Ceillac (voir la page Maurin). |
Cette cassure est cependant observable en plusieurs points, notamment au pied nord-oriental de l'Aiguille Large, où l'on voit qu'elle coupe à angle assez ouvert les couches verticales de l'écaille des andésites de Marinet et les tord en un crochon* qui témoigne du sens du mouvement (d'ouest en est) sur la cassure : il s'agit donc d'une cassure tardive, de rétrocharriage.
image sensible au survol et au clic |
Détail du versant oriental de l'Aiguille Large,
vu de l'est, depuis la Plate de Tuissier. f.B = faille de La Barge ; tci = "calcaires vermiculés" de l'Anisien inférieur ; css = niveaux marneux de la partie haute des marbres en plaquettes de la bande de Ceillac (voir la page Maurin) : les calcschistes plus calcaires ("cs") qui les surmontent correspondent sans doute à un rebroussement en crochon*. |
La crête du Pas sud de Chillol, qui ferme le vallon de Chillol du côté oriental, présente une particularité structurale qui détonne dans le contexte structural de ce secteur. En effet, les andésites de l'écaille des andésites de Marinet y supportent directement un chapeau de calcaires triasiques dont les rochers ruiniformes culminent au point coté 2827 de cette crête. La situation de ces couches, qui sont presque horizontales, est étonnante par l'absence des couches permo-triasiques qui devraient être normalement présentes sous elles s'il s'agissait d'un contact stratigraphique. Cela démontre que la présence de ce chapeau est d'origine tectonique et que l'on peut donc le qualifier de klippe du Pas de Chillol.
En fait cette situation rappelle tout-à-fait (bien qu'en beaucoup plus petit) celle de l'unité de la
Font-Sancte en rive droite de l'Ubaye, qui repose de la même manière sur la
voûte de l'anticlinal de Marinet, (voir la page "Tête du Seingle") : en effet, là également, la surface de charriage de la nappe de la nappe n'est pas affectée par ce pli et elle tranche horizontalement sa voûte en y enlevant complètement le matériel de l'écaille des Aiguilles de Marinet. Cela porte à attribuer
la klippe du Pas de Chillol à cette nappe ainsi que, au même titre que les deux autres klippes de calcaires triasiques, proches, que sont celle de l'Aiguille Grande (1,5 km plus au SW) et celle du col 2831 au pied de l'Aiguille de Chillol (1 km plus au S-SE).
Mais cette interprétation conduit à s'interroger sur le processus qui a ainsi décapité la voûte de l'anticlinal de Marinet. Il a été plus tardif que la formation de ce pli (et donc de la première étape, proverse, de charriage) et il est mécaniquement peu vraisemblable qu'il soit le fait d'un rabotage occasionné par le charriage de la nappe de la Font-Sancte : cela semble donc impliquer qu'une étape d'érosion aurait précédé ce dernier ! ... |
Coupe en rive gauche de l'Ubaye au sud de
Maurin, passant par le Pas de Chillol (plus précisément par le point coté 2827). |
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consulter
l'aperçu structural général sur la zone briançonnaise
méridionale
consulter l'aperçu d'ensemble sur
les chaînon
au sud-est de la Haute Ubaye
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Grand Roche, Houerts |
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