Tête et crête du Sanglier |
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En amont de La Blachière, où débouche le vallon des Houerts, la constitution de la rive droite des gorges de l'Ubaye subit un changement notable. En effet, contrairement à la partie plus aval, où les marbres en plaquettes
alternent avec les calcaires triasiques et jurassiques au sein d'un empilement d'unités
tectoniques inclinées vers l'aval, la partie amont est entaillée dans du
matériel siliceux permo-houiller qui dessine un énorme pli déversé vers l'est, l'anticlinal de Marinet.
Ce matériel, particulièrement résistant à l'érosion, arme l'imposant éperon de la Tête du Sanglier ** qui surplombe la vallée d'un millier de mètres.
La Tête du Seingle constitue une sorte de balcon au pied de l'extrémité de l'arête rocheuse sud-orientale du Pic de Panestrel ("crête du Sanglier" I.G.N.), laquelle appartient pour l'essentiel à la nappe de la font-Sancte. En contrebas sud-ouest de cette crête les pentes plus herbeuses du revers nord-ouest de la Tête du Seingle ont un relief qui s'apparente à celui d'un mont jurassien* : en effet la surface topographique y suit la voûte des quartzites triasiques de l'anticlinal de Marinet, mise à nu par décapage des calcaires du Trias moyen qui la recouvraient (de fait on y observe des dalles structurales garnies de l'enduit gréso-carbonaté brun qui marque l'arrêt de la sédimentation des quartzites).
Le sommet de la Tête du Seingle lui-même correspond à une dalle de quartzites horizontale, car située à la voûte de l'anticlinal de Marinet : mais celle-ci appartient à une lame qui redouble les quartzites de cette voûte, par le jeu d'un chevauchement jalonné de cargneules. Ce chevauchement est ici sub-horizontal mais sa surface de base plonge de plus en plus fortement du côté nord-est, dans la profonde ravine de Combe Grande.
Il s'agit là de l'extrémité nord-occidentale de l'écaille des andésites de Marinet (ex. "écaille des Aiguilles de Mary" de M. Gidon 1962), qui est donc enroulée par l'anticlinal de Marinet avec son substratum, constitué par l'unité de Marinet. Ces deux unités se différencient aisément de celle de la Font-Sancte
(qui les recouvre) par leur série stratigraphique réduite, où
les formations carbonatées mésozoïques sont
très amincies (seulement quelques dizaines de mètres
de calcaires triasiques inférieurs, qui supportent directement
du flysch noir briançonnais).
version
plus grande de cette image |
Croquis correspondant au cliché ci-dessus, montrant en outre, en arrière-plan, les abrupts méridionaux
des crêtes de la Font
Sancte |
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Au nord de la Tête du Seingle le sommet de la Combe Grande est traversé presque en courbe de niveau par la surface de charriage de la nappe de la Font-Sancte, matérialisée par un épais coussin de cargneules, que suit la vire du Seingle : il est remarquable qu'elle reste sub-horizontale à l'opposé des unités sous-jacentes, ployées par la voûte de l'anticlinal de Marinet.
En définitive l'étude de ce secteur montre de façon flagrante que l'anticlinal de Marinet est une structure tardive par rapport aux charriages majeurs de la région, car il reploie ensemble deux unités imbriquées : l'Unité de Marinet, originellement inférieure, et celle des andésites de Marinet, supérieure.
Par ailleurs il est clair que la surface de charriage de la nappe de la Font-Sancte est subhorizontale et qu'elle sectionne nettement la voûte de l'anticlinal de Marinet, qui est pourtant dessinée de façon très accusée dans les unités sous-jacentes, comme les plis de la bande des calcschistes de Ceillac. Il y a donc eu là un rabotage du sommet de l'édifice des nappes inférieures, déjà replissé, avant la mise en place ultime de la nappe de la Font-Sancte.
Une hypothèse envisageable est de considérer que ce rabotage a précédé ou accompagné les mouvements de rétrocharriage par lesquels cette nappe est venue reposer sur la bande des calcschistes de Ceillac-Chiapera. Au sujet de ce rétrocharriage se reporter au schéma rétrotectonique général du Briançonnais méridional.
Enfin il s'avère que les épais calcschistes de l'unité de Ceillac-Chiapera, qui affleurent au nord de la Barge en rive gauche du vallon de Panestrel, ne peuvent représenter la couverture stratigraphique de l'écaille des andésites de Marinet (ex. "écaille des Aiguilles de Mary" de M. Gidon 1962) puisque celle-ci, observable sous la vire du Seingle, ne comporte pas de tels calcschistes dans sa colonne stratigraphique. Ces deux unités sont séparées par un accident tectonique, ici sub-vertical, qui a été désigné du nom de "faille de La Barge" afin d'éviter toute interprétation hâtive concernant sa signification et son fonctionnement. Une hypothèse qui semble pouvoir être retenue est qu'elle représenterait le prolongement de la faille de La Traverse (voir les pages "Sainte-Anne" et plus septentrionales), tranché par la surface de rétro-chevauchement de la nappe de la Font-Sancte.
consulter l'aperçu structural général sur la zone briançonnaise méridionale
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Houerts La Grand Roche |
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