Montagne de Rochebrune, versant Queyras |
Le Pic de Rochebrune est le point culminant du puissant chaînon N-S qui se greffe sur la ligne de partage des eaux entre le bassin du Guil et celui de la Cerveyrette (affluent de la Durance). Il s'avance vers le nord en séparant les vallons de la Cerveyrette et du Blétonnet et se termine, au dessus de Cervières, les puissants abrupts du Lasseron.
C'est le sommet le plus marquant du Queyras occidental, par son altitude (3320 m) et par le fait qu'il est visible depuis de nombreux points (un peu comme le Mont Viso, avec lequel on le confond parfois, notamment vu du nord dans l'enfilade de la vallée de la Guisane). Vu du sud, il se détache près nettement au dessus des pentes plutôt molles de rive droite du Guil. Cette caractéristique est due au contraste de résistance à l'érosion entre ses crêtes calcaréo-dolomitiques (formées surtout de dolomies noriennes) et son soubassement de calcschistes ("schistes lustrés", d'origine piémontaise et /ou ligure).
Le versant méridional de la montagne de Rochebrune, vu du sud-ouest, depuis le sommet du Pic du Gazon de Furfande (voir les pentes inférieures à la page "Arvieux"). u.cB = unité briançonnaise de Côte Belle ; u.S = unité ultra-briançonnaise de Souliers (en disposition renversée) ; u.Rb = unité piémontaise de Rochebrune ; u.rC = unité des schistes lustrés piémontais de la Roche des Clots ?. |
Si le versant septentrional de la montagne est surtout constituée par une forte crête orientée NW-SE (voir la page "Lasseron"), son versant méridional est formé par les abrupts d'une crête orthogonale (orientéeE-W), donc perpendiculaire aux lignes directrices de la structure de la région. Elle court depuis le sommet du Pic de Rochebrune jusqu'au Pic de Côte Belle (crête des Oules) en dominant les vallons de Souliers et de Péas, affluents de rive droite du Guil. La coupe transversale donnée pa r ce versant montre parfaitement que ces crêtes sont formées par une énorme dalle de dolomies noriennes dont les couches sont presque horizontales. On voit clairement en outre, à la faveur de la profondeur de l'entaille d'érosion due à ces vallons, que cette dalle repose sur toute sa transversale, soit sur plus de 2 km de largeur d'est en ouest, sur les schistes lustrés qui forment les pentes d'alpages et de bois du versant queyrassin.
Le versant méridional du chaînon de Rochebrune vu du sud, depuis le col entre la Pointe de Rasis et la Roche des Clôts (rive gauche du Guil, Queyras). f.AW, f.AE = branches ouest et est de la faille du Laus (ou de Côte Belle) = prolongement sud de la faille des Acles. u.cB = unité briançonnaise de Côte Belle - Arpelin ; u.Ar = unité piémontaise externe d'Arvieux ; u.S = unité de Souliers (J = jurassique reposant stratigraphiquement sur les quartzites) ; u.R = unité piémontaise externe de Rochebrune ; u.PL = unités piémontaise ligures de schistes lustrés à "roches vertes". (en avant-plan les calcschistes jurassiques "sLj" et les calcaires liasiques "L" de l'unité piémontaise externe de la Roche des Clôts (u.rC), sans doute représentée sous Rochebrune par l'unité de la crête de Crépaud (voir la page "Agrenier"). |
Si l'on considére que la situation est semblable sur le versant septentrional on doit en conclure que les crêtes rocheuses de Rochebrune affleurent en formant une klippe*. Mais celle-ci n'est pas totalement flottante, car, du côté ouest, les escarpements rocheux, au lieu d'être limités par un abrupt d'érosion, viennent en contact avec ceux de Côte Belle (qui lui sont géologiquement étrangers car, étant formés de calcaires dolomitique du Trias moyen, ils appartiennent au domaine briançonnais). Cette juxtaposition se fait par l'intermédiaire du couloir de fracture, sub-vertical, de la faille du Laus. Cette dernière est un contact tectonique majeur qui prolonge en fait, au sud de Cervières, le tracé de la faille des Acles, accident le plus oriental du linéament briançonnais oriental.
Au nord de Cervières cette faille est représentée par la faille de l'Alp du Pied. Au sud du Laus elle réapparaît en contrebas nord de l'extrémité ouest de sa crête des Oules, au niveau du hameau du Blétonnet (voir la page "Lasseron") : elle y est soulignée par une épaisse bande N-S de cargneules et de gypses qui forme l'échine occidentale du Bois de Péméant (prolongement vers le nord de ceux de l'unité de Côte Belle). Ses deux branches franchissent la crête Oules - Côte Belle en encadrant une lame de Lias piémontais sub-verticale qui forme le petit sommet coté 2720. Sur le versant sud de la crête (voir cliché ci-dessus) cette lame liasique se poursuit vers le sud, par le déversoir du lac de Souliers et le versant est de la crête du Tronchet en direction du village de Souliers.
Au sud du col du Tronchet cette lame s'effile et le tracé de la faille est masqué sous les éboulis du vallon de Souliers. On voit se juxtaposer à cette latitude un affleurements de schistes lustrés ligures (à roches vertes) de sa rive gauche à l'unité ultra-briançonnaise de Souliers, qui forme sur sa rive droite la crête de Glaisette. |
Du côté septentrional le chaînon de Rochebrune se prolonge par la crête N-S de La Turge de la Suffie, qui se termine à l'aplomb de Cervières (voir la page "Lasseron").
voir l'aperçu général sur le Queyras.
aperçu
général sur la stratigraphie du Briançonnais aperçu général sur la tectonique du Briançonnais |
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Carte structurale schématique f.rM = faille transversale de Roche Moutte ; f.A = prolongement sud de la faille des Acles ; f.Cl = prolongement sud de la faille de la Clarée. légende générale à la page cartes du Briançonnais |
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(col d'Izoard) |
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