Château-Queyras, Ville-Vieille, l'Ange Gardien |
La célèbre citadelle de Château-Queyras garde l'accès aval à la vallée relativement ouverte du Haut Guil (voir cliché plus loin dans cette page). Elle est construite
sur un piton rocheux qui correspond aux restes d'un typique verrou glaciaire. Comme beaucoup, ce verrou a d'ailleurs dû déjà être entaillé alors que le Guil coulait encore sous le glacier, la couverture de glace protégeant les deux rives des autres formes d'érosion en ne faisant que les arrondir et les polir.
Ce piton est tout-à-fait remarquable par la forme conique, qui est due à ce que l'entaille du Guil a comporté deux tentatives : en effet la rivière a fait une première entaille du côté nord du rocher (là ou passe maintenant la D.947) avant de tracer finalement son lit plus profondément du côté sud : il est probable que l'entaille septentrionale a été comblée avant le dernier épisode de glaciation, puis a été comblée notamment par les déjections du torrent de Souliers et enfin que le Guil a "oublié" cet ancien trajet en creusant son lit final plus au sud.
Le rocher de Château-Queyras vu de l'ouest, d'aval, depuis la D.947. |
Alors que, plus en aval, le rocher de L'ange Gardien est armé par les calcaires du Trias moyen de la zone briançonnaise (voir ci-après), celui de Château-Queyras est formé de calcaires dolomitiques à vrai dire assez peu différents d'aspect mais plus récents, datant du Trias supérieur (étage Norien). Ils appartiennent à la zone piémontaise et "émergent" de leur épaisse enveloppe de schistes lustrés, que l'on voit effectivement reposer directement sur ces calcaires aussi bien à l'amont qu'à l'aval dans le lit du torrent, ainsi qu'au nord, dans les entailles des routes qui contournent le verrou par ce versant.
En rive sud ce sont par contre les dolomies noriennes qui forment les raides pentes de la base de l'échine boisée qui s'élève vers le sommet Bucher : en fait elles occupent le cœur d'un anticlinal NW-SE dont la voûte plonge rapidement vers le nord (c'est pourquoi ces couches ne réapparaissent pas, dans cette direction, dans l'entaille du lit du torrent de Souliers).
La vallée du Guil et sa rive gauche entre Chateau Queyras et Abriès, vue de l'ouest, d'avion. |
C'est à Château-Queyras que la vallée du Guil, relativement ouverte en amont car creusée uniformément dans des schistes lustrés, commence à se rétrécir entre des versants boisés armés de calcaires dans leur partie haute.
La citadelle de Château-Queyras vue de l'est, d'amont, depuis la rive gauche du Guil. En arrière-plan les crêtes de Ratier formées de matériel briançonnais riche en calcschistes (unité des calcschistes de Ceillac) ; derrière la citadelle les falaises du Bois de Randon sont formées par la lame de calcaires triasiques renversés de l'Unité de Rasis, qui est la plus interne des unités briançonnaises et sous laquelle s'engagent les schistes lustrés qui enrobent les calcaires du verrou de Château-Queyras. |
Toutefois ce n'est pas là que le paysage change définitivement, mais 1,5 km plus en aval, au rocher de L'Ange Gardien, au pied duquel la Rivière d'Arvieux conflue avec le Guil et dont le nom est celui du monument commémoratif construit au col qu'emprunte la route pour éviter la gorge du fond de vallée. Ce changement correspond à une modification majeure de la nature des roches : la rivière s'y engage en effet dans les gorges de la "Combe du Queyras" qui sont, quant à elles, entaillées dans le matériel de la zone briançonnaise, surtout riche en calcaires (du point de vue structural cette "combe" correspondent d'ailleurs plutôt à une cluse).
image sensible au survol et au clic |
Les pentes orientales du massif de Peyre Eyraute (rive droite de la vallée d'Arvieux), vues de l'est depuis le hameau de Peynin, au dessus d'Aiguilles. |
La barrière rocheuse de l'Ange Gardien et, en rive droite, du Bois de Randon est constituée par une barre de calcaires du Trias moyen briançonnais qui pendent vers l'aval (vers le SW). Elle se prolonge en rive gauche (sud) du Guil par la bosse boisée du Mont de Bramousse, qui appartient à l'unité de Rasis (voir la page "Bramousse"). Ces calcaires triasiques coiffent du fait de c pendage les terrains affleurant en amont dans le lit du Guil : ils sont constitués par des schistes lustrés à lentilles de "roches vertes". Mais au niveau du lit du Guil on observe entre les deux une étroite bande d'affleurements très différents, dont les caractéristiques (Jurassique et Crétacé supérieur reposant directement sur les quartzites) sont celles des "écailles intermédiaires" ultra- briançonnaises.
voir l'aperçu général sur le Queyras.
voir la carte structurale du Briançonnais méridional.
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Guillestre
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(Dent de Ratier) |
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