Le Rocher de l'Yret |
Le Rocher de l'Yret, qui domine le Lac de l'Eychauda, constitue un splendide belvédère sur le Briançonnais et sur le cirque de Séguret-Foran. C'est le sommet le plus oriental appartenant encore au massif cristallin du Pelvoux, sur l'arête qui ferme ce cirque du côté septentrional (cette arête se prolonge vers l'est jusqu'à celui de La Cucumelle, en fermant le vallon de Chambran et en constituant la ligne de partage des eaux entre Guisane et Gyronde).
Il est constitué par une épaisse lame de matériel cristallin, qui forme grossièrement un saillant pointant en direction de l'ouest et dont le revers oriental represente une sorte de dalle structurale garnie par du Nummulitique autochtone (voir plus de détails concernant ces couches) ; cette lame, essentiellement gneissique, peut être désignée comme l'écaille de Montagnolle car elle repose par une surface de chevauchement, au col et dans le vallon de ce nom, sur les couches triasiques de la couverture normale du revers est du massif du Pelvoux (appartenant en fait, plus précisément, à l'écaille des Grangettes : voir la page "Eychauda").
Alors qu'il n'y a pas de terrains sédimentaires anté-nummulitiques (et notamment triasiques) présents sur le revers est de cette écaille de l'Yret, par contre on observe dans les abrupts de son versant occidental des lames de schistes noirs qui sont intriquées entre des lames de gneiss.
Ces couches ont été attribuées au Jurassique supérieur marneux (J.C. Barféty, carte Briançon à 1/50.000°), mais la présence de tels faciès directement en contact avec le socle cristallin est un peu problématique. D'autre part la répartition de leurs affleurements, qui sont même intriqués de façon chaotique avec des lames de schistes nummulitiques (voir clichés ci-après), suggère qu'il s'agit sans doute de témoins dilacérés de la bande des schistes jurassiques qui sont associés aux calcaires liasiques le long de l'accident d'Ailefroide. De fait leur alignement tend à rejoindre la lame de matériel sédimentaire qui prolonge cet accident vers le nord affleure au pied sud de l'arête des Rochers de l'Yret, en rive sud du ravin de Sastrière et en contrebas de la cabane de berger de Chambran. |
Cette coupe montre la complexité du dispositif des lames cristallines et leur dilacération progressive du Sud-Ouest vers le Nord-Est. 1 - Surfaces de chevauchement (ØM = chevauchement de Montagnolle, ØSB = nappes sub-briançonnaises) ; 2 - cristallin ; 3a - Grès triasiques ; 3b dolomies triasiques ; 4a - Conglomérats nummulitiques ; 4b - Calcaires nummulitiques ; 5 - Flysch nummulitique à schistes pélitiques prédominants ; 6 - Flysch nummulitique à bancs de grès. N.B. : depuis le dessin originel de cette coupe, la vire schisteuse inférieure du Nummulitique a été attribuée (sans preuve formelle) au Jurassique supérieur schisteux, par J.C. Barféty (carte Briançon à 1/50.000°) (si cela est vrai on peut envisager d'y voir le prolongement de la bande de Jurassique de l'accident d'Ailefroide, entrainée vers l'ouest, avec la base de la succession nummulitique, par le cisaillement de la couverture) |
Les couches nummulitiques des abords du sommet et de ses pentes orientales sont tectonisées en cisaillement vers l'ouest (par des microplis et des failles plates) sans doute sous l'effet de l'avancée en chevauchement de la lame sub-briançonnaise qui forme la Pointe et la Crête des Neyzets. Elles sont également étroitement imbriquées avec des lames plus ou moins volumineuses de matériel cristallin qui s'y trouvent disséminées. Les anciens auteurs, jusqu'en 1978, avaient interprété ce dernier dispositif comme le fruit de la seule tectonique de charriages post-nummulitiques. Son étude plus précise a révélé que l'essentiel de ces intrications était d'origine sédimentaire, comme l'est la présence de lames de socle à la base du Nummulitique, un peu plus au nord, à la Croix-de-Cibouit.
Quant aux imbrications de socle cristallin et de couverture sédimentaire qui sont observables dans le versant occidental de la montagne tout indique qu'elles résultent fondamentalement d'une tectonique de chevauchements dirigés vers le nord-ouest (et non vers l'ouest) et qu'elles sont d'âge anté-nummulitique (car elles sont effectivement tranchées à tour de rôle par la surface de transgression nummulitique).
image sensible au survol et au clic La partie inférieure des abrupts méridionaux du sommet du Rocher de l'Yret, vue de l'ouest, depuis le lac de l'Eychauda (du fait de la perspective en contre plongée la partie haute de la falaise est vue en extrème raccourci : se reporter au cliché précédent). ØM = surface du chevauchement de l'écaille
de Montagnolle - Rocher de l'Yret. |
COMPLÉMENTS |
Pour plus de détails consulter les publications n° 086, n° 157 et la thèse de A.Lami (1988)
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Saint-Christophe-en-Oisans et Briançon.
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