Sommets de Serre Chevalier et de l'Eychauda |
La montagne du Serre Chevalier, qui a donné son nom à la plus célèbre station des Alpes du Sud, n'est qu'une grosse butte assez molle, au milieu d'alpages dont elle n'est même pas le point culminant (celui-ci est le sommet de l'Eychauda) ...
Pour les géologues la célébrité de cette montagne est liée à ce qu'elle est formée d'affleurements énigmatiques de micaschistes, qui ont été considérés pendant de longues années comme une klippe*. À la fin du XIXe siècle leur découvreur, Pierre Termier, en avait fait sa "4° écaille", c'est-à-dire l'unité la plus haute de l'édifice des nappes briançonnaises de ce massif.
On a reconnu bien plus tard [M. Lemoine, dans
les années 1960] que le matériel de cette "4°
écaille" était en réalité une
brèche de micaschistes (des "micaschistes reconstitués").
Plus récemment (dans les années
1990) Barféty et Tricart ont montré que cette brèche faisait en
réalité partie d'un olistostrome* inclus dans le
flysch noir du sommet de la succession de la nappe de la Condamine.
Le terme de "4° écaille", encore assez souvent
usité par tradition, ne désigne donc pas une entité
tectonique mais une formation stratigraphique d'âge
éocène.
Cette interprétation s'accorde bien avec le fait que l'on observe, en nombre d'autres points, dans le flysch noir de la zone subbriançonnaise et de la zone briançonnaise, la présence d'éléments exotiques plus ou moins volumineux (mais dans des proportions moindres qu'ici). |
Le versant sud des montagnes de Serre Chevalier vu du sud-est, depuis les pentes méridionales du Rocher Blanc.. n.Co = nappe de la Condamine ; u.T = unité des Tenailles de Montbrison (rapportée à la nappe de Champcella) ; u.rB = unité du Rocher Blanc (rapportée à la nappe de la Condamine) ; 4° éc. = chapeau de la "quatrième écaille", couronnant la succession de la nappe de la Condamine. f.T = faille de Trancoulette (elle se partage en deux branches parallèles) ; f.P = faille du col de la Pisse ; f.R = faille de la Ricelle (prolongement éventuel de la précédente, dans le compartiment est de la faille de Trancoulette : voir aussi la page "Prorel"). |
Du point de vue structural les affleurements de la "4° écaille" se situent en contrebas nord des affleurements de Trias et de Jurassique de la nappe de la Condamine, qui forment le groupe montagneux de la Condamine et du Rocher Bouchard. Ceci est dû au jeu extensif de l'importante faille E-W du col de la Pisse, qui détermine l'abrupt par lequel l'extrémité de la crête de la Coste Groselière tombe sur les pâturages de Serre Chevalier (vallon Mélivrin). Cette cassure semble bien se poursuivre vers l'est par la faille qui limite du côté nord les affleurements triasico-jurassiques du Rocher Blanc, bien qu'entre les deux passe la faille N-S de Trancoulette, qui introduit un décalage dans le sens dextre.
Du côté nord des affleurements de la "4° écaille", le matériel triasico-jurassique de la nappe de la Condamine est ramené au jour, dans la crête de la Balme et de Roche Gauthier, à la faveur d'une autre cassure (orientée SW-NE), la faille du col de Méa. |
En définitive les reliefs du Serre Chevalier et du Sommet de l'Eychauda correspondent donc - un peu paradoxalement, compte tenu de leurs situation en relief saillant - à un panneau effondré, où se trouve exceptionnellement conservé, grâce à cette circonstance, la partie tout-à-fait supérieure de la succession de la nappe de la Condamine (partie que l'érosion à enlevée partout ailleurs).
Les confins du chaînon de Montbrison et des montagnes de Serre Chevalier vus d'avion, de l'est, depuis l'aplomb du Prorel. u.cA = unité de la crête d'Aquila ; n.Co = nappe de la Condamine ; u.T = unité des Tenailles de Montbrison (rapportée à la nappe de Champcella) ; u.cB = unité de la crête de la Balme (rapportée à la même nappe) ; u.rB = unité du Rocher Blanc (surface de chevauchement en blanc cerné de noir) ; 4° éc. = chapeau de la "quatrième écaille", disjoint par les failles et par l'érosion en 3 affleurements, couronnant la succession de la nappe de la Condamine. f.T (en jaune) = faille de Trancoulette ; f.PF = faille de la Peyre du Fey ; f.rJ = faille du Rocher Jaune ; f.P = faille de la Pisse ; f.R = faille de la Ricelle (prolongement éventuel de la précédente, dans le compartiment est de la faille de Trancoulette : voir aussi la page "Prorel") ; f.M = faille de Méa. |
Aperçu général sur le chaînon de Montbrison |
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(Chambran) |
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