Grand Châtelet, Valezan, Côte d'Aime

versant nord-occidental de la moyenne Tarentaise entre Aime et Bourg-Saint-Maurice

Entre Bourg-Saint-Maurice et Aime les pentes de rive droite de la vallée de l'Isère qui portent entre autres villages celui de Valezan représentent l'extrémité tout-à-fait méridionale du chaînon du Roignais. D'abord constituée par la modeste crête rocheuse du Grand Châtelet cette montagne s'étale, plus au SE, en une lourde échine que limitent les ravins de l'Ormente à l'ouest et du Nant Blanc de l'Arbonne à l'est : elle s'intercale entre les pentes de Granier et du Mont Rosset, à l'ouest, et de celles de La Platte et du Roc de l'Enfer à l'est.

Le sommet de cette échine terminale, en forme de demi-coupole d'alpages (borne 2217), a été aménagé pour constituer l'altiport de Vaugelaz (2225). Ses pentes, peu boisées même à leur base, s'abaissent régulièrement jusqu'au lit de l'Isère au niveau de Bellentre.

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Le versant de rive droite de l'Isère en aval de Bourg-Saint-Maurice, vu du S-SW depuis le sommet du Mont Jovet.
u.R (versoyen)
= secteur à "roches vertes" de l'unité du Roignais ; u.rE = unité du Roc de l'Enfer ; f.Ar = faille de l'Arbonne ; f.Le = faille de Leisette ; d.rT = décrochement de la Roche à Thomas (?) : voir la page "Roche à Thomas" ; f.mT = faille de la moyenne Tarentaise.
hcg = conglomérats du Grand Châtelet (Stéphanien ?) ; hr = houiller non différencié (faciès à prédominance schisteuse en général)

La mollesse, assez remarquable de son relief, est dû à ce qu'elle est formée par le matériel schisto-gréseux de la zone houillère briançonnaise. En effet le tracé du front briançonnais franchit le lit de l'Isère, du sud au nord, à l'emplacement de la ville d'Aime et l'inclinaison modérée de la surface de ce contact tectonique sur les terrains de la zone valaisane fait que son tracé dessine un ample chevron de V topographique* qui pointe vers le NW et s'y élève en direction du Roignais.

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L'extrémité méridionale du chaînon du Roignais vu du sud-ouest, depuis le Mont Rosset (échine sud, alt. 2370).
u.R = unité du Roignais ; ØrE = chevauchement de l'unité du Roc de l'Enfer (u.rE) ; d.Ch = décrochement (mineur) du Châtelet ; f.Le = faille de Leisette ; f.Ar = faille de l'Arbonne ; z.hB = zone houillère briançonnaise proprement dite.
hrcg = conglomérats du Grand Châtelet (Stéphanien ?) ; hrg = houiller supérieur à prédominance gréseuse (unité du Roc de l'Enfer) ; hr = houiller non différencié (faciès à prédominance schisteuse en général).

Cette montagne est donc exclusivement formée, sur toute sa hauteur, depuis l'Isère jusqu'au dôme de Vaugelaz, par les grès et schistes du houiller briançonnais proprement dit. Ses pentes, plutôt monotones, sont accidentées dans le bas par des ravins seulement dirigés par la ligne de plus grande pente ; elles sont en outre affectées par d'assez nombreux glissements de terrain sur les flancs des deux grands ravins qui la limitent (en particulier en rive droite du torrent de l'Arbonne).

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La rive droite de la vallée de l'Isère à Bourg-Saint-Maurice vue du nord-est, depuis les pentes de Monvalezan (route du Petit Saint-Bernard).
Z.hb = zone houillère briançonnaise ; ØBr = front de la zone briançonnaise ; u.SB = unité subbriançonnaise du Petit Saint-Bernard ; u.rE = unité du Roc d'Enfer ; u.R = unité du Roignais ; u.V = unité du Versoyen.

Au col qui sépare le dôme de Vaugelas (borne 2217) du début de la crête du Grand Châtelet les terrains proprement briançonnais sont séparés de ceux de l'unité du Roc d'Enfer par une cicatrice gypseuse qui prolonge celle des pentes dominant Bourg-Saint-Maurice. Elle contient des lambeaux de terrains variés, parmi lesquels surtout des calcaires liasiques dont on considère qu'ils appartiennent à l'extrémité méridionale de l'unité du Petit Saint-Bernard. Leurs affleurements s'épanouissent vers le bas du côté oriental, en se rapprochant du fond du ravin de l'Arbonne et de l'agglomération de Bourg-Saint-Maurice (voir la page "Bourg-Saint-Maurice").

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Le groupe montagneux du Roignais vu du sud, depuis le sommet du Mont Jovet
ØrE = chevauchement de l'unité du Roc de l'Enfer ; f.Le = faille N-S de Leisette ; f.Ar = faille de l'Arbonne ; d.rT = décrochement de la Roche à Thomas (?) : voir page "Roche à Thomas".
hrcg = conglomérats du Grand Châtelet (Stéphanien ?) .

La localité d'Aime elle même est construite, en rive droite de l'Isère, sur le cône de déjections anciennes du torrent d'Ormente. Ce cône, très faiblement incliné, s'allonge d'est en ouest et forme une terrasse car il est réentaillé par le lit actuel de la rivière.
Les pentes de rive droite du torrent d'Ormente qui dominent l'agglomération, jusqu'aux villages de La Thuile et de Granier sont formées par la bande de terrains houillers du soubassement de l'unité du Roc de l'Enfer (laquelle est rattachée à la zone valaisane). Elle se poursuit, toujours en rive droite du torrent d'Ormente, jusqu'à Entre-Deux-Nants et jusqu'au débouché du torrent de Portette (Pré Pinet), point en amont duquel elle laisse place, sur cette rive, au flysch de Tarentaise des pentes de Mont Rosset.

La bande gypseuse qui sépare cette unité tectonique de la zone houillère proprement dite affleure dans les plus basse pentes de ce versant (mais pas dans le lit du torrent) entre Aime et La Roche.  Elle réapparaît bien sur l'autre rive de l'Isère, en aval d'Aime, le long du cours du ruisseau du Bon Pas (qui descend de Longefoy), ce qui implique qu'elle y subisse un décalage dextre de presque 2 km, ce qui semble évidemment imputable au passage sous les alluvions de l'Isère de la faille de la Moyenne Tarentaise.

Le prolongement de la faille de la Moyenne Tarentaise en amont d'Aime pose question. En effet, depuis Aime jusqu'à Bourg-Saint-Maurice, le cours de la vallée de l'Isère semble se placer dans le prolongement de cette cassure. Toutefois il s'engage là au sein même des terrains houillers car le tracé du front de la zone houillère briançonnaise s'écarte presque à 45° vers le NW de celui du lit de l'Isère. Ces deux points méritent donc d'être examinés :

a) Dans les pentes de sa rive droite les affleurements de matériel houiller qui semblent directement rattachés à celui de rive gauche dessinent un chevron semblant monter vers le NW à l'assaut du versant (voir la carte ci-après et le cliché en haut de page). Il semble en effet délimité par un V topographique dont la pointe correspond au franchissement, au col du Dôme de Vaugelas (au NW de l'altiport coté 2225), sur la crête méridionale du Roignais.

En réalité l'organisation structurale est plus complexe car il apparaît que la bande gypseuse qui aboutit à Aime jalonne plus vraisemblablement une faille verticale qu'un chevauchement. C'est notamment ce que semble indiquer la rectilinéarité de son tracé jusqu'au col du Dôme de Vaugelas et surtout le fait qu'au nord de ce point elle se place exactement dans le prolongement de la faille de Leisette (voir la page "Roc de l'Enfer"). Cette dernière, également verticale, se poursuit vers le nord au moins jusqu'aux Chapieux ; dans les pentes orientales du Roignais elle abaisse sa lèvre orientale et décale dans le sens sénestre la surface de chevauchement de l'unité du Roc de l'Enfer.

En outre la terminaison vers le nord du lobe de Houiller briançonnais qui culmine avec le dôme de l'altiport de Vaugelaz n'est probablement par due à son chevauchement vers le NW mais au jeu décrochant de la faille W-E de l'Arbonne, qui en limite les affleurements et qui semble correspondre au prolongement oriental (plus ou moins décalé) du décrochement de la Roche à Thomas.

b) Le cours de la vallée de l'Isère conserve en fait très exactement la direction NE de son tracé plus aval, à ceci près qu'il subit entre Aime et Bourg-Saint-Maurice une modeste incurvation passagère vers le SE (atteignant son maximum à Bellentre), ce qui lui a fait échancrer les pentes des environs de Landry sur son versant opposé. En fait l'abondance des indices de glissement dans les schistes argileux à lits de grès du houiller de son versant NW porte à penser c'est par un tassement de ces matériaux, compensé par leur glissement que le cours de la vallée y a été repoussé vers le SE. Cette considération rend finalement assez plausible que la faille de la moyenne Tarentaise puisse se poursuivre là, masquée sous les affleurements houillers, sans doute glissés, des pentes de Valezan.

En définitive le lobe saillant vers le NW que le houiller briançonnais décrit sur la carte entre Aime et Bourg-Saint-Maurice donne l'illusion d'un promontoire avancé d'un front de charriage si l'on cherche seulement à l'interpréter dans le contexte d'une tectonique d'imbrications tangentielles.
En fait il correspond à un compartiment délimité par deux décrochements entrecroisés, à l'ouest celui sénestre de Leisette (qui se prolonge apparemment, au sud de l'Isère, par celui de Longefoy) et au nord celui dextre de l'Arbonne - Roche à Thomas. Quant à la faille principale de la Moyenne Tarentaise, elle se poursuit sans doute de façon continue le long du cours de l'Isère jusqu'à Séez, lieu d'embranchement du décrochement dextre de la Roche à Thomas - Arbonne (lequel apparaît donc comme une cassure secondaire branchée là, selon le schéma de Riedel* sur la cassure dextre majeure).

Au nord de Bourg-Saint-Maurice la poursuite du tracé de la faille de la Moyenne Tarentaise reprend une grande évidence, toujours selon la même direction, jusqu'au Col du Petit Saint-Bernard ... et au-delà.

 


voir l'aperçu général sur le Beaufortain oriental

Carte géologique simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
agrandissement des abords même de Bourg-Saint-Maurice.


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carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuille Bourg-Saint-Maurice.

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