Col Bayard, Peyre Ossel |
Le col Bayard se situe à la marge ouest d'un seuil, large de plus de 5 km, qui forme la limite entre le Champsaur au nord et le sillon de Gap au sud et qui les met à tous points de vue en communication l'un avec l'autre. Du point de vue structural ce seuil correspond à une large voussure anticlinale (coupe schématique en fin de page) qui prolonge vers le NW le gros bombement du "Dôme de Remollon" : ce dernier affecte ici des couches plus élevées dans la succession stratigraphique, savoir celles de la limite Jurassique - Crétacé. Il est limité à l'ouest comme à l'est par une bordure relativement escarpée que déterminent les formations calcaires de la corniche tithonique, lesquelles correspondent aux deux flancs de cet anticlinal.
Coupe W-E, très schématique, du seuil du Col Bayard. |
- À l'est il s'agit des bosses du Puy de Manse et du Chapeau de Napoléon, qui représentent l'extrémité occidentale de chaînons de l'Embrunais.
Les abords sud du col Bayard vus du sud-ouest, depuis le sommet de Côte Plaine (Montagne de Charance). Le bord gauche du cliché (premier plan) correspond aux escarpements du versant oriental du chaînon du Pic de Gleize Le revers septentrional du col Bayard (Champsaur) est représenté à la page "Saint-Bonnet". |
- À l'ouest le bord du seuil est plus vigoureusement marqué par le chaînon du Pic de Gleize, qui est celui le plus oriental du massif du Dévoluy.
Ce seuil du Col Bayard a un relief dépourvu d'aspérités, ce qui est dû en premier lieu au fait que son soubassement rocheux est constitué par les marnes des Terres Noires. Tous les terrains plus plus résistants qui recouvraient ces dernières y ont été enlevés jusqu'à une profondeur de près de 1000 m en moyenne par rapport aux massifs voisins. C'est vraisemblablement le résultat d'une érosion fluviatile, attribuable à ce que le cours ancien de la Durance (avant la glaciation würmienne) devait se prolonger au nord de Gap en y empruntant l'actuel cours du Drac et en y évidant le Champsaur (cet itinéraire semble d'ailleurs confirmé par la présence, dans les conglomérats miocènes des environs de Grenoble, de galets de "roches vertes" provenant du domaine piémontais).
En outre le modelé de ce seuil est également dû à ce
que le travail de l'érosion s'est terminé par le rabotage de ces
couches par le passage des glaciers quaternaires. Plus précisément le
glacier durancien du maximum de Würm, en grande partie guidé vers le SW
par le sillon de Gap, a fait diffluence de ses glaces les plus élevées
par dessus ce seuil, envoyant ainsi une langue dans la vallée du Drac (voir la page "Quaternaire
du Gapençais").
Cette diffluence a persisté jusqu'au stade 2 du retrait glaciaire, le
glacier ne faisant ensuite que s'appuyer latéralement sur le versant
qui descend vers le sillon de Gap. Il y a entaillé jusqu'aux Terres
Noires du seuil au pied de la Crête de Bayard. Puis il a laissé, en
contrebas de ce rebord d'érosion, des cordons morainiques, chacun
maintenant haut de quelques dizaines de mètres, qui courent à flanc de
pente (avec une légère déclivité du NE vers le SW, selon le sens
d'écoulement de la glace).
Chacune de ces crêtes se marque par un replat du côté amont et un talus particulièrement déclive du côté aval. On repère bien les talus internes des moraines 5 (de Peyre Ossel) et 6 (des Bumats) lorque l'on parcourt la N.85 car elle les franchit par quelques lacets pour rejoindre le replat suivant.
La crête morainique de Peyre Ossel (stade 5), à flanc de pentes entre Gap et le col Bayard. vu depuis les pentes en contrebas de la N544, 1,5 km à l'est de Puymonbeau (voir localisation sur le cliché précédent) La banquette de retrait d'où est prise la photo correspond à la dernière oscillation du retrait glaciaire qui a suivi le stade 4. Cet exemple est très représentatif des formes de relief abandonnées aux flancs des vallées alpines par les langues glaciaires qui les ont empruntées. |
Ces cordons morainiques sont maintenant interrompus par les ravines post-glaciaires, actuellement peu actives, qui mettent à nu et entaillent, souvent de façon abrupte et encaissée, le bedrock formé de Terres Noires.
Le bloc erratique de Peyre Ossel, vu du SW, à peu près dans l'axe de la moraine du stade 5. (cliché original obligeamment communiqué par M. B. GENRE). Ce bloc a été particulièrement signalé et interprété par David MARTIN, qui avait été l'un des promoteurs de la "théorie glaciaire" dès la fin du XIXe siècle. |
Le versant nord du col (voir la page "Saint-Bonnet") descend d'abord, jusqu'à Laye, par une longue pente douce vers la vallée du Drac : il s'agit d'un glacis raboté, au cours du dernier stade (W2) de la diffluence, par la langue glaciaire qui s'écoulait en direction du Drac ; elle l'a encore garni d'un enduit de matériel morainique lors du retrait avant la crue du stade W3.
figure plus grande Carte des dépots quaternaires du sillon de Gap (extrait de la publication n° 046, 1969, retouché) A = poudingues anté-wurmiens de Corréo ; B = cônes de déjections ; C = coulées et glaciers rocheux ; D = rebords d'érosion (indiqués dans quelques cas seulement, pour ne pas surcharger la figure) ; E = crêtes morainiques (leurs raccords originels probables sont indiqués par des alignements de points) ; F = principaux chenaux d'évacuation des eaux de fonte. Les numéros désignent les stades de retrait du glacier wurmien : 0 = dépots rissiens ; 5 = "récurrence" du Würm III. |
Coupe W-E, très schématique, du seuil du Col Bayard. |
voir la page "Quaternaire du Gapençais".
|
|
|
|
Montagne de Charance |
|
col de Manse |
|
|
|
|
Col Bayard |
|