Le Champsaur

aperçu d'ensemble

La vallée du Champsaur est la portion de sillon subalpin qui longe la bordure occidentale du massif du Pelvoux et la sépare du Dévoluy. Elle est séparée de la partie plus septentrionale de ce sillon, qui borde le Beaumont du côté ouest en aval de Corps, par une ligne de reliefs que le cours du Drac entaille en gorges entre Beaufin (en rive gauche) et Aspres-lès-Corps (en rive droite).


Le Champsaur septentrional, vu d'enfilade, de l'aval vers l'amont (du sud), depuis le sommet du Grand Journal.
(pour un commentaire plus détaillé voir la page "Aspres-lès-Corps")


Cette barrière rocheuse, qui tente de jeter un pont entre les montagnes du Beaumont et le Dévoluy, est essentiellement formée de calcaires liasiques, mais est aussi armée par des pointements de socle cristallin (notamment celui de rive gauche du Drac). Ces terrains, qui ont été surélevés par le jeu des failles NE-SW du linéament d'Aspres-lès-Corps*, forment de ce fait, au niveau du village du Motty, un puissant verrou* en travers de la vallée (voir la coupe longitudinale, en fin de page).


Carte géologique simplifiée du Champsaur septentrional


A/ Le versant droit (oriental) de la vallée

Le rebord méridional du massif du Pelvoux, qui tombe sur la vallée du Champsaur, se caractérise par le repos direct, transgressif, des couches nummulitiques : elles recouvrent en discordance soit le socle cristallin, au nord du Chaillol, soit le Jurassique, plus au sud.


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Panorama de la rive droite du Champsaur, vu des pentes du col Bayard
Extrait du Guide Rouge "Alpes du Dauphiné" (Masson, 1983) : dessin de J. DEBELMAS d'après M. GIDON.


Tout en haut des crêtes bordières méridionales du Champsaur oriental on trouve, en outre, des lambeaux de couverture sédimentaire mésozoïque, qui ont été poussés en chevauchement sur le Nummulitique et ont été isolés en klippes* par l'érosion. Le plus connu est celui de Soleil-Boeuf.

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Le Champsaur méridional vu du nord-ouest, depuis le col du Noyer

On trouvera des vues plus détaillées du versant oriental du Champsaur aux pages "Infournas" et "Barbeyroux".


B/ Le fond de la vallée ( voir la page "formations quaternaires du bassin du Drac").

Bien qu'il soit assez large, le fond du sillon subalpin n'est pas constitué, dans le Champsaur, par une large plaine alluviale (comme dans le Grésivaudan au nord de Grenoble), mais par une zone de collines dans laquelle le Drac s'inscrit par une entaille assez étroite (même si elle s'élargit par places en amont de Saint-Bonnet).

Ces collines ont un substratum de Terres Noires qui n'affleure en général qu'au fond des ravins, car il est recouvert par une nappe assez épaisse d'alluvions fluviatiles et glaciaires. La vallée du Drac a en effet été occupée par une puissante langue glaciaire, en grande partie issue d'une diffluence depuis le glacier de la Durance, qui passait par dessus le col Bayard.

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Le haut Champsaur en amont de Saint-Bonnet, vu du sud-ouest, depuis le sommet du Pic de Gleize (cliché original obligeamment communiqué par Mr. B. Genre)



Carte des dépots quaternaires du Champsaur (extrait de la publication n° 046, 1969, retouché)
localités indiquées en abrégé : V = Le Villard; P = Poligny ; StLC = Saint-Laurent du Cros ; StLM = Saint-Léger les Mélèzes.
Les numéros désignent les stades de retrait du glacier wurmien (0 = dépots rissiens). Le figuré diminue de taille et/ou de densité des stades les plus anciens aux plus récents ; le stade 5 correspond à la "récurrence" du Würm III car ses moraines reposent en chapeau sur les alluvions fluvio glaciaires du Würm II.


 

Carte schématique de l'extension des glaciers au Champsaur au Würm :

en blanc les langues glaciaires :
1, 2, 3 = stades de retrait du Würm (1 = maximum atteint au Würm II ; 3 = maximum atteint au Würm III).

tiretés = dépôts d'obturation du Würm
pointillés = moraines rissiennes
hachures obliques = secteurs jamais englacés

figure de taille normale
extrait de Guy Monjuvent 1978


C/ Le versant gauche (occidental) de la vallée

Il est constitué par le rebord oriental du massif du Dévoluy, qui est érodé plus bas qu'à l'intérieur de ce massif puisque les basses pentes y montrent de larges affleurements de Terres Noires.

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Panorama total de la rive gauche de la vallée du Champsaur, vu de l'est, depuis les pentes de rive droite, dominant le lac de Barbeyroux (au dessus de Saint-Bonnet).
La barre de nuages qui court à flanc de vallée trace à peu près le niveau atteint par le glacier lorsqu'il diffluait depuis la vallée de la Durance par dessus le col Bayard à l'époque du Riss (cf. cartes).


La coupe naturelle, N-S, de ce versant est d'ailleurs fort intéressante, puisqu'elle montre en section transversale les plis E-W qui sont masqués sous le Sénonien à l'intérieur du massif. Ce versant tombe plus directement que le versant oriental sur la vallée du Drac, mais présente un notable élargissement, symétrique de celui de la rive opposée, au niveau du village du Noyer. Il correspond à l'éventration, par l'érosion, de l'anticlinal du col du Noyer.

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La vallée moyenne du Champsaur aux alentours de Saint-Bonnet vue de l'est, depuis le col de l'Escalier (au nord du Pic Queyrel).
a.G = anticlinal de Gleize ; s.Gl = synclinal de Gleize ; a.N = anticlinal du Noyer ; s.Sa = synclinal de la Saume ; Ds = surface de discordance* du Sénonien.
Ce cliché correspond à la moitié supérieure de la coupe ci-dessous.



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Coupe N-S le long de la rive gauche du Champsaur (bordure orientale du Dévoluy)
Extrait du Guide Rouge "Alpes du Dauphiné" (Masson, 1983) : dessin de J. DEBELMAS d'après M. GIDON.

S = Sénonien ; A = apto-albien ; B = barrémo-bédoulien ; Ci = Crétacé inférieur ; Jm = Jurassique moyen ; L = Lias ; T = Trias ; X = schistes cristallins.
F = notation commune pour les deux cassures du Linéament d'Aspres (faille des falaises du Faraut et faille orientale d'Aspres).


On trouvera des vues plus détaillées du versant occidental du Champsaur à la page "Chauffayer" et aux pages "Chaudun" et "Le Noyer" de la section "Dévoluy".


D/ Le problème des rapports paléogéographiques entre le Dévoluy et le massif du Pelvoux :

L'érosion qui a évidé la vallée du Champsaur a supprimé, ce faisant, beaucoup des indices relatifs aux relations structurales entre le Dévoluy et le massif du Pelvoux ; mais surtout elle a enlevé toutes traces des relations paléogéographiques entre ces deux massifs : ceci est surtout vrai en ce qui concerne les terrains tertiaires pour lesquels on peine à comprendre comment a évolué la disposition topographique qui a guidé la répartition des dépôts aux étapes successives de la sédimentation paléogène.

Le schéma ci-dessous essaye de résumer à l'extrême ce que l'on sait à ce sujet, par trois blocs à géométrie idéalisée et d'orientation à peu près E-W correspondant aux grandes étapes d'évolution d'une tranche transversale à la vallée actuelle du Champsaur ...


Cette représentation appelle au moins les remarques complémentaires suivantes :

1/ L'épisode éocène inférieur de soulèvement du massif du Pelvoux (bloc inférieur) fut un épisode aérien car il s'est accompagné d'une érosion torrentielle ayant alimenté le dépôt de conglomérats plus ou moins grossiers à répartition actuelle lenticulaire (ils remplissaint sans doute des thalwegs qui descendaient grossièrement en direction de l'ouest depuis le massif cristallin).
A cette époque le climat a favorisé dans tous les massifs calcaires des Alpes occidentales françaises une dissolution karstique : ainsi peut s'expliquer la trouvaille de témoins d'un tel matériel conglomératique, piégés dans une grotte du sommet de l'Obiou (voir le lien ci-après).
[http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/galets-Obiou.xml].

2/ L'épisode éocène supérieur-oligocène de sédimentation a commencé par une transgression marine dont la progression, d'est en ouest, montre qu'il s'agit d'une flexion du bord oriental de la plateforme continentale de l'époque.
Sur le socle cristallin l'enfoncement du fond marin à conduit à des dépôts relativement profonds puisque de type "flysch", les Grès du Champsaur.
À l'ouest d'une ligne passant à peu près dans l'axe de l'actuel synclinal médian du Dévoluy, ces grès marins passent à des grès rouges et à des conglomérats qui contiennent des galets de roches vertes : ceux-ci ont donc été amenés depuis les zones internes alpines, donc d'un domaine réputé plus oriental que celui de dépôt des flyschs du massif du Pelvoux et du Mercantour : il y a là une incompatibilité, au moins apparente, qui pose un grave probléme de représentation de la paléogéographie de cette époque (ce n'est pas le seul : voir la question de la dénudation des Terres Noires de l'Embrunais).
D'autre part juste avant la transgression marine (voire pendant celle-ci) des amas conglomératiques se sont développés localement, alimentés par des reliefs de calcaires sénoniens qui semblent avoir été des failles actives (olistolites du Gicon et conglomérats du Pic Pierroux).



Carte géologique simplifiée du Champsaur oriental
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

Cartes de la glaciation Aperçus sur le Quaternaire du Gapençais (secteur immédiatement voisin).

cartes géologiques à 1/50.000° (*) à consulter : feuille Saint-Bonnet.


Matheysine

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