Lac du Bourget, vallée aval de la Leysse

le couloir naturel qui héberge ce lac, entre Chambéry et Culoz

Le lac du Bourget occupe la partie septentrionale d'une longue dépression qui s'allonge du sud vers le nord depuis Chambéry, en passant par Aix-les-Bains, jusqu'à son confluent, à Culoz, avec la vallée du Rhône. Elle doit son relief à sa structure synclinale (voir plus loin), mais aussi à ce qu'elle a été empruntée au quaternaire sur toute sa longueur par les glaciers wurmiens qui l'ont aménagée et profondément creusée : après leur fonte le lac en occupait le fond sur toute sa longueur (il était donc 1/3 plus long), tout en débordant, de part et d'autre de Culoz, vers le nord (voir la page "Chautagne") et vers l'ouest (voir la page "Lavours").

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La situation du lac du Bourget, vue du sud, depuis le sommet nord du Granier (massif de la Chartreuse)
ØB =chevauchement frontal des Bauges ; tirets jaunes = limite méridionale des affleurements anté-miocènes (chaînons jurassiens).
La plaine qui s'étend depuis Le Bourget jusqu'à Chambéry (contours en tirets blancs) correspond au colmatage alluvial du lac, qui s'est produit depuis la fin du retrait glaciaire wurmien jusqu'à l'aube des temps historiques.



En fait il y avait confluence, au niveau d'Aix-les-Bains de deux fleuves de glace, celui provenant par Chambéry à partir du glacier isérois et celui qui parvenait à Aix-les-Bains par le NE après avoir parcouru la large dépression de l'Albanais (il provenait du massif du Mont Blanc et y parvenait par la vallée de l'Arve et par la trouée du lac d'Annecy).
Peut-être est-ce la confluence de ces deux fleuves de glace qui, outre l'obligation d'emprunter un parcours plus rétréci au nord d'Aix, est à l'origine du profond surcreusement du lac.
Il faut noter cependant qu'au maximum de la glaciation wurmienne l'épaisseur de la glace dans la vallée était telle qu'elle en débordait vers l'ouest en franchissant la crête au sud du Mont du Chat (Col de l'Épine) et au nord (Col du Chat, Mont Landard).
Le flux glaciaire rhodanien, quant à lui (et contrairement à ce que l'on a longtemps admis) ne parvenait pas jusqu'au lac du Bourget car il était alors refoulé vers le nord et se limitait à suivre à peu près le tracé du Rhône actuel par Culoz, en longeant le pied du Grand Colombier .
Voir la page "glaciations" et le travail de S. Coutterand, 2010, p.292.

1 - Dans la partie nord de cette longue dépression (au nord d'Aix-les-Bains) le lac du Bourget occupe un profond sillon orienté N-S, à la fois plus étroit et doté de rives immédiatement abruptes dépourvues de bordure quaternaire. C'est un typique val* jurassien car il est ouvert dans le coeur d'un large synclinal (sans doute compliqué de replis secondaires) qui était essentiellement occupé par des molasses miocènes. Au quaternaire ce val a été évidé et "surcreusé" jusqu'à 150 m sous la surface actuelle des eaux par le passage des glaces. Ce val est bordé par deux chaînons anticlinaux qui sont à l'est celui du Gros Foug et à l'ouest celui du Mont du Chat.

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La partie septentrionale du Lac du Bourget, vue depuis le belvédère d'Ontex (hameau de Gremeau), en rive ouest du lac.
a.gF = anticlinal du Gros Foug ; s.Br = synclinal de Brison (seul l'axe du pli a été indiqué, pour ne pas surcharger la figure) ; a.C = anticlinal du Corsuet.
L'allure arquée de la rive occidentale du lac du Bourget (Hautecombe) est une illusion perspective due au caractère très panoramique du cliché.

1 - Le chaînon du Gros Foug - Corsuet est l'extrémité méridionale d'un très long mont jurassien* dont la voûte anticlinale urgonienne est presque conservée mais dont la charnière a été crevée plus ou moins profondément par l'érosion (jusque au Jurassique à la latitude de la partie tout-à-fait septentrionale du lac), de sorte que l'échine de la montagne est bordée par un crêt urgonien qui domine le lac du Bourget (voir les pages "Mont Clergeon" et "Chambotte").

Ce chaînon correspond à deux plis anticlinaux au nord l'anticlinal du Gros Foug et au sud, décalé du précédent vers l'est, l'anticlinal du Corsuet. Ils semblent, vus de l'ouest, se prolonger l'un l'autre mais en fait ils se disposent en relais* au niveau d'une ligne La Chambotte - Brison. La voûte urgonienne de l'anticlinal du Gros Foug s'enfonce vers le sud sous le lac, par plongement axial, aux abords de Brison. Celle de l'anticlinal du Corsuet s'enfonce à son tour, également par plongement axial vers le sud, aux approches d'Aix-les-Bains où elle disparaît sous la molasse miocène du sillon périalpin*.

2 - Le chaînon du Mont du Chat est, au sud du Bourget, un autre long mont jurassien (voir la page "Mont du Chat"). Mais plus au nord, en bordure ouest du lac il ne correspond plus qu'à la moitié orientale de l'anticlinal du Mont du Chat car son flanc ouest est fortement affouillé par l'érosion (voir les pages "Curtille", "Charvaz" et "Col du Chat") : il y devient un long crêt*, armé par les calcaires récifaux du Jurassique supérieur, dont le revers oriental plonge dans le lac avec un fort pendage, qui peut dépasser 45°. Un replat à flanc de pente correspond aux niveaux marneux, relativement tendres, du Crétacé inférieur, les dalles inférieures étant constituées par l'Urgonien.

Au delà de l'extrémité septentrionale du lac le val jurassien* du synclinal du Bourget se poursuit par la vallée du Rhône, assez loin en amont de Culoz. Mais il y est comblé par les alluvions apportées par le Rhône, qui constituent la plaine marécageuse de la Chautagne (voir la page "Chautagne").

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L'extrémité septentrionale du Lac du Bourget, vue du SE depuis la crête du Sire (Nivolet).
a.mC = anticlinal du Mont du Chat ; a.Ch = anticlinal de Châtillon (rpli oriental du synclinal du Bourget).

2 - Au sud d'Aix-les-Bains la dépression du lac du Bourget ne se limite plus à ce val mais s'ouvre vers l'est sur la zone de basses collines à substratum molassique de l'Albanais. Des deux chaînons jurassiens qui encadrent le val du Lac du Bourget seul, celui du Mont du Chat, à l'ouest, se poursuit longuement vers le sud (jusqu'au delà de la latitude de Chambéry). Au contraire celui, oriental, du Gros Foug - Corsuet s'efface vers le sud dans les faubourgs nord d'Aix-les-bains.

 Cependant, plus au sud et grossièrement dans le prolongement de ce mont jurassien, l'on voit émerger en chapelet de la chape molassique deux voûtes d'Urgonien, celle de La Roche du Roi puis celle de Voglans : elles jalonnent un tracé qui conduit assez clairement, au sud-ouest de Chambéry, au chaînon du Corbeley.


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La partie méridionale du Lac du Bourget, vue du sud-est depuis le sommet du Nivolet.
Js-Ci = Jurassique supérieur et Crétacé inférieur des chaînons jurassiens; les tirets jaunes correspondent à la base des dépôts miocènes (reposant en général sur l'Urgonien).
s.lB = synclinal du Lac du Bourget ; a.V = anticlinal de Voglans ; a.rR = anticlinal de la Roche du Roi ; a.C = anticlinal du Corsuet.


En fait cette ouverture vers l'est du val du Bourget est liée au fait qu'à cette latitude les deux chaînons qui le bordent (celui du Mont du Chat comme celui du Corsuet) sont traversés en biais par le sillon miocène périalpin : le fléchissement de la croûte terrestre qui est à l'origine de la création de ce sillon a eu en effet comme conséquence que ces plis, les plus méridionaux du Jura, y subissent un net ensellement de leur voûte, lequel est surtout marqué en ce qui concerne celui du Corsuet.

À ce propos on constate que les affleurements molassiques, très larges dans l'Albanais, au NE d'Aix, se rétrécissent au contraire vers le sud, pour s'étrangler au niveau de la Chartreuse septentrionale : ils s'y limitent en effet à ceux de la vallée de Couz, avant de s'étendre de nouveau largement en Bas Dauphiné à partir des Échelles. La cause en est que ce sillon molassique miocène traverse là, en biais, l'accident le plus saillant de son substratum, constitué par le chaînon anticlinal du Mont du Chat : le fait que la voûte de ce dernier ait été plus saillante (et/ou ait été surhaussée tectoniquement : voir les pages "Mont du Chat" et "Mont Grelle" ) a conduit à ce que l'érosion la remette à nu).
voir, à ce dernier sujet, les analyses complémentaires des pages "Aix-les-bains" et "Chartreuse : voisinage")


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Le mont du Chat et la plaine de la Leysse, vus du SE depuis le sommet du Nivolet.
f.B = faille de Belledigue ; a.mC = anticlinal du Mont du Chat (charnière du flanc est) ; a.V = anticlinal de Voglans ; f.C = faille du col du Chat ; "Val" = Valanginien ; "Ks" = calcaires récifaux massifs du Kimméridgien supérieur .
Sur la crête le pendage des couches est presque horizontal, alors qu'il devient de plus en plus fort (du fait de l'enroulement des couches par le pli) en bas des pentes : c'est pourquoi la profondeur atteinte par l'érosion dans la pile stratigraphique atteint son maximum dans la moitié supérieure du versant.


Au sud de l'extrémité méridionale du lac le couloir naturel qui l'héberge se poursuit par la large zone déprimée qui sépare ici le chaînon jurassien du Mont du Chat du front du massif subalpin des Bauges. Cette dépression doit donc sa largeur à l'intersection du val du Bourget par le sillon molassique périalpin. Elle est accidentée de collines fortement garnies de dépôt glaciaires, de part et d'autre d'une zone N-S à fond plat que parcourt le lit de la Leysse : cette vallée, qui s'étend jusqu'à Chambéry, correspond encore à l'ancienne extension méridionale du lac ; elle a été comblée par des alluvions fluvio-lacustres apportées des Bauges par la Leysse et était encore marécageuse il y a de cela 2000 ans.

 Le couloir qui héberge le lac du Bourget se poursuit vers le sud-est par la Trouée des Marches qui sépare les massifs des Bauges et de la Chartreuse, mais ceci au prix d'un tronçon intermédiaire en baïonnette qui est constitué par la cluse de Chambéry. Cette trouée, un peu plus orientale donc, qui traverse les massifs subalpins et rejoint le sillon subalpin entre Combe de Savoie et Grésivaudan n'est d'ailleurs pas d'une cluse mais une combe monoclinale, creusée dans le flanc oriental du grand synclinal chartreux oriental. C'est par elle que s'est échappée latéralement, depuis la vallée de l'Isère entre Montmélian et Chapareillan, la langue diffluente du glacier isérois qui rejoignait à Aix-les-Bains le flux glaciaire extérieur aux massifs subalpins.

 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Rumilly

.
Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074


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