Les relations structurales entre la Chartreuse et les massifs voisins |
a) Schéma cartographique des grandes lignes directrices des chaînes subalpines septentrionales
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Les lignes rouges symbolisent la direction
des axes des plis et les traits noirs localisent quelques
chevauchements majeurs : Les lignes isopiques (selon lesquelles se font les changements dans la pile stratigraphique) délimitent d'ouest en est, trois zones de transition entre le domaine jurassien et le domaine dauphinois : - dsA (vert) = domaine subalpin tout-à-fait
occidental ("zone pré-subalpine" de certains
auteurs) avec Berriasien - Valanginien en prédominance
calcaire (épais calcaires du Fontanil, dès le Berriasien). |
b) Schéma cartographique des relations des plis de la Chartreuse avec ceux des régions adjacentes
Cette figure est destinée avant tout à fixer
la nomenclature des plis
voir le cliché d'avion d'ensemble du massif |
Bloc tectonogramme très schématique de la dalle urgonienne au nord de la transversale du Guiers Vif : rapports entre les plis occidentalux de la Chartreuse et les plis sud-orientaux du Jura
La Chartreuse occidentale per son individualité vers le nord, faille de Voreppe et anticlinal des Égaux s'amortissant dans le synclinal de Couz ; à l'opposé (en compensation?) l'anticlinal du Mont du Chat s'amortit vers le S dans le synclinal de Voreppe. L'anticlinal médian de la Chartreuse s'ennoie vers le nord sous le sillon molassique à l'ouest de Chambéry (pour réapparaître plus au NW).
Le chevauchement de la Chartreuse orientale se prolonge vers le nord par celui du "front" occidental des Bauges et, vers le sud, en Vercors, par le chevauchement du Moucherotte ;
Les plis de la Chartreuse occidentale et médiane se prolongent du côté nord par ceux du Jura méridional (tectonogramme ci-dessus) et du côté sud par ceux du Vercors ;
Les plis de la Chartreuse orientale se rattachent vers le nord à ceux de la partie occidentale du massif des Bauges.
- Vers le sud les plus occidentaux (synclinal du Néron, anticlinal de l'Écoutoux) se prolongent par la marge orientale du Vercors (chaînon du Moucherotte).
- Vers l'est ils sont tranchés par le rebord subalpin du Grésivaudan. Le tracé de ce rebord, comme celui du Grésivaudan dans son ensemble, est tout à fait parallèle à l'axe faîtier de la chaîne de Belledonne. Il est par contre oblique aux plis de la Chartreuse orientale, qui viennent successivement, du nord vers le sud, s'y faire trancher en biseau. On trouve leurs prolongements, au sein des couches du Jurassique moyen et du Lias, sur la rive opposée de la vallée du Grésivaudan, dans les collines bordières de Belledonne ainsi qu'en Matheysine.
c) Rapports plus précis des structures de la Chartreuse avec celles du Vercors
(voir la page consacrée à la trouée
de Grenoble, le schéma cartographique ci-après
et les publications n° 094
et n° 175 )
Légende des accidents tectoniques figurés (du NW au SE) aR = anticlinal
du Ratz (charnière en genou de La Buisse) ; FB
= faille des Balmes (du Ratz ); fM = flexure de la Dent
de Moirans (flanc est de aR); fP = flexure de la Poste
de Voreppe (flanc ouest de sV) ; sV = synclinal de Voreppe
; cV = chevauchement de Voreppe ; aE = anticlinal
des Égaux (= anticlinal frontal de la Chartreuse occidentale)
; sA = synclinal d'Autrans ; cS = chevauchement
de Sautaret ; aSo = anticlinal de Sornin ; fN =
flexure de Noyarey (flanc est de aSo); fE = flexure des
Engenières ; FF = failles du Fontanil ; fVa
= flexure de la Grande Vache ; sSa = synclinal de Sassenage
(≈ sC) ; sC = synclinal du Cornillon (≈ sSa) ; cSa = chevauchement de Sassenage (≈ cM) ; cM = chevauchement
de Mont-Saint-Martin (≈ cS) ; aSa = anticlinal de Sassenage
(≈ fG ?) ; fG = flexure de Génieux (≈ aSa ?) ; sP = synclinal de Proveysieux ; CCO = chevauchement
de la Chartreuse orientale ; sN = synclinal du Néron
; FBr = faille des des Bruziers ; FBa = failles
de la Bastille ; aEc = anticlinal de l'Écoutoux
; sS = synclinal du Sappey. Le signe " ≈ " symbolise l'équivalence entre deux plis, de part et d'autre de la trouée de l'Isère. |
Les rapports de la Chartreuse avec les chaînons des Bauges, du Jura et du Vercors, s'interprètent bien par une reprise de structures anté-Miocènes (jurassiennes) lors de déformations post-Miocènes associées à un effort de cisaillement dextres le long du front subalpin occidental.
1 = plis du Jura ; 2 = Plis jurassiens tordus après
le Miocène, par cisaillement dextre mais sans ruptures
importantes (simple rotation des axes dans le sens horaire) ;
3 = Plis jurassiens affectés par les chevauchements post-Miocènes
et incorporés à la marge des massifs subalpins
(ils sont rompus par des chevauchements et des décrochements
associés) ; 4 = Plis subalpins proprement dits, des Bauges
et de la Chartreuse orientale ; 5 = Direction de raccourcissement
jurassienne (anté-Miocène) ; 6 = Direction de déplacement des
chaînes subalpines (post-Miocène) ; 7 = chevauchements post-Miocènes
(a = chevauchement frontal des massifs subalpins septentrionaux
; b = chevauchement accessoires) ; 8 = position originelle des
plis jurassiens avant leur torsion ; 9 = coulissement le long
de la faille de Voreppe. |
Les plis de l'extrémité sud du massif du Jura, tel celui du chaînon de la montagne du Ratz ou celui de la montagne de l'Épine et du Mont du Chat manifestent tous, aux approches de la Chartreuse, une torsion dans le sens des aiguilles d'une montre : alors qu'ils sont ailleurs orientés NW-SE ils vont jusqu'à se paralléliser à ceux de ce massif en prenant une direction N10 à N20 (en outre l'anticlinal du Ratz est rompu en décrochement dextre à l'endroit où il entre en contact avec le massif chartreux par l'intermédiaire de la faille de Voreppe).
Schéma cartographique montrant les déformations qui sont intervenues
dans les chaînons plus occidentaux du massif et dans ceux
de l'extrémité méridionale du Jura, du
fait de l'avancée en biais du chevauchement de la Chartreuse orientale. Au sujet des plis du Jura voir aussi la page "Avant-Pays : structure du sous-sol"
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C'est aussi à une déformation
par pivotement dans le sens horaire, affectant les terrains constituant
la Chartreuse occidentale, qu'il faut attribuer la formation de
la faille de Voreppe et surtout le fait que son rejet chevauchant s'accroît
du nord vers le sud.
Cette torsion d'azimut des plis du Jura témoigne de ce
que ces plis, déjà apparus à l'Oligocène
avec ceux de la Chartreuse W, ont été bousculés
vers le SW, à la fin du Miocène, par l'avancée
(obliquement à leurs axes) du chevauchement de la Chartreuse
orientale. C'est sans doute en partie de ce fait que le mouvement
de ce chevauchement a d'ailleurs a pris une composante de coulissement
vers le S, qui s'exprime également dans le jeu dextre des
décrochements qui affectent les chaînons de la Chartreuse.
Place tectonique de la Chartreuse entre les secteurs nord-occidentaux (Jura) et plus orientaux (Belledonne) ou plus sud-orientaux (Matheysine) :
Dans l'interprétation proposée ci-dessus elle peut en définitive se résumer très schématiquement par le tectonogramme ci-après où le socle de Belledonne s'est déplacé (et se déplace encore) selon un mouvement relatif vers le sud-ouest (pour plus de commentaires voir la page "tectonique alpine de Belledonne") :
Tectonogramme très schématique Les grosses demi-flèches délimitent la zone
du cisaillement dextre des massifs subalpins septentrionaux : a.mB = accident médian de Belledonne ; |