Mont du Chat

Le segment le plus élevé du chaînon qui sépare le Bugey du reste de la Savoie

Le Mont du Chat proprement dit correspond à la portion médiane, la plus élevée (1483 m), d'un long chaînon qui court du nord au sud depuis la vallée du Rhône (à Chanaz) jusqu'à la bordure occidentale du massif de la Chartreuse : il s'y efface dans le sillon molassique périalpin aux Échelles, au nord de Saint-Laurent-du-Pont.

Vue de l'est, depuis la vallée, entre Chambéry et Aix-les-Bains, la montagne du Chat ne montre qu'un versant boisé très déclive mais dépourvu d'aspérité, en contrebas d'une ligne de crête presque horizontale sur plus de 6 km de long.

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Le mont du Chat et la plaine de la Leysse, vus du SE depuis le sommet du Nivolet.
f.B = faille de Belledigue ; a.mC = anticlinal du Mont du Chat (charnière du flanc est) ; a.V = anticlinal de Voglans ; f.C = faille du col du Chat ; "Val" = Valanginien ; "Ks" = calcaires récifaux massifs du Kimméridgien supérieur .
Sur la crête le pendage des couches est presque horizontal, alors qu'il devient de plus en plus fort (du fait de l'enroulement des couches par le pli) en bas des pentes : c'est pourquoi la profondeur de l'érosion, dans la pile stratigraphique, atteint son maximum dans la moitié supérieure du versant.
La transgression du Miocène s'est faite sur un pli dont la voûte était déjà partiellement érodée car les molasses basales masquent assez souvent l'Urgonien et reposent localement jusque sur le Valanginien.
Au pied du relais hertzien (Le Caton) un paquet de Valanginien effondré ("décoiffement") recouvre et masque le contact du Miocène sur le Néocomien.


De fait le relief de cette portion du chaînon est extrêmement simple, puisqu'il consiste en une crête arrondie flanquée de deux pentes régulières presque symétriques. Cela vient de ce que c'est un mont* jurassien presque typique : il est simplement décapé des couches plus récentes que celles du Jurassique supérieur, qui ne sont conservées que par lambeaux, en chapeau sur la crête et au bas des flancs.

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Le versant occidental du Mont du Chat, vu du sud-ouest, depuis le village d'Ayn (en pourpre le tracé de la D.916).
f.B = faille subverticale, d'orientation nord-sud, de la bordure ouest du plateau de Belledigue
NB : cette cassure abaisse la voûte de l'anticlinal du Mont du Chat (a.MC) du côté oriental, puis se perd, vers le nord, dans le revers oriental du Château Richard (sa géométrie suggère qu'elle puisse représenter une faille extensive antérieure au plissement).
on trouvera, à la page Aiguebelette, une autre vue de l'extrémité sud du Mont du Chat

Contrairement à ce que laisserait croire ce relief et la conservation, sur ses deux flancs, de couches dont le pendage est conforme à la pente topographique, ce pli n'est pourtant pas un simple anticlinal droit (à flancs symétriques). Au contraire il est déversé vers l'ouest ; de plus, son flanc ouest, qui semble s'enfoncer sous la molasse miocène du synclinal de Novalaise, est en réalité rompu en profondeur par une cassure que masquent très largement les formations superficielles quaternaires.
En effet le creusement (en vue de l'assainissement du lac du Bourget) d'une galerie joignant le Bourget-du-Lac à la vallée du Rhône en aval de la Balme, à peu près à la latitude de Trouet, a révélé que le coeur anticlinal de la montagne est tranché, à l'altitude des basses pentes de son flanc ouest, par une zone de chevauchement modérément inclinée vers l'est.


Coupe transversale au chaînon du Mont du Chat (direction N115) le long de la galerie d'assainissement du Bourget-du-Lac (extrait de P. Antoine et al 1978).
Le chevauchement révélé par cet ouvrage est en fait constitué par un couloir de failles, comportant trois cassures principales F1, F2 et F3. Il est à noter que ces trois lames constituent des tronçons d'un flanc de pli redressé à la verticale et sectionné par des failles secondaire selon un schéma bien illustré, en Chartreuse, par la coupe naturelle de Fourvoirie.
La zone, à gauche, marquée d'un point d'interrogation, où devrait "émerger" le chevauchement, correspond au soubassement du plateau de Vacheresse : l'interprétation donnée ci-après de l'origine de ce dernier explique particulièrement bien que ce chevauchement ne soit pas localisable sur le terrain (voir ci-après).
N.B. : Il paraît nécessaire de retoucher cette coupe en ce qui concerne le prolongement en profondeur, vers l'est, du chevauchement rencontré : son pendage doit en effet s'accroître avec la profondeur, sinon la surface de chevauchement sectionnerait les couches du flanc oriental du pli (ce qui est évidemment invraisemblable). Cette croissance vers le bas de l'inclinaison de la surface de cassure s'accorde bien avec une interprétation qui consiste à y voir une faille initialement fortement inclinée, basculée ultérieurement.

Cette découverte est très cohérente avec ce que l'on sait de la structure de ce chaînon dans ses secteurs plus septentrionaux, où le flanc ouest de la montagne est effectivement parcouru par une cassure longitudinale à faible pendage, le "chevauchement du Mont du Chat" (voir les développements relatifs à ce sujet, à la page "Col du Chat").

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L'extrémité septentrionale du Mont du Chat, vue du nord-ouest, depuis les abords du village de Nattages, au nord de Yenne (suite du cliché vers la gauche, ci-après) .
a.G = anticlinal de Gerbaz (voir la page Charvaz) ; ØmC = chevauchement du Mont du Chat ; a.mC = anticlinal du Mont du Chat (charnière du flanc occidental).
N.B. : en ce qui concerne Vacheresse voir plus loin dans cette page ...


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Le versant occidental de la dent du Chat, vu du nord-ouest, depuis les abords sud de Nattages
(suite vers la gauche du cliché précédent)
a.L = anticlinal de la montagne de Lierre ; a.G = anticlinal de Gerbaz (repli plus oriental que le pli précédent) ; ØmC = chevauchement du Mont du Chat ; a.mC = anticlinal du Mont du Chat.
Au nord du Mollard Noir la montagne prend un relief de crêt* ébréché. Cela est dû à ce que le flanc ouest de l'anticlinal du Mont du Chat a été enlevé par l'érosion, à la faveur du rentrant très marqué vers l'est que dessine le tracé de la crête.
Cette disposition met en outre assez profondément à nu le soubassement de la montagne, constitué par le flanc ouest, ici renversé de l'anticlinal de la montagne de Lierre, que chevauche plus au sud la voûte de l'anticlinal du Mont du Chat. La surface de discordance du Miocène est représentée par des tirets jaunes.



figure plus grande (à charger)

Quatre coupes transversales au chaînon du Mont du Chat, aux environs nord et sud du Col du Chat.
Le Col du Chat se trouve entre les coupes 1 et 2 ; le tunnel du Chat est tracé en rouge sur la coupe 2
Ces coupes sont orthogonales aux azimuts des strates (la variation de ces azimuts résulte de la courbure de l'axe anticlinal du chaînon).


Un trait de relief curieux du versant ouest de la partie sud de la montagne est que ce versant est occupé à mi-pente, sur plus de deux kilomètres de long, par le plateau suspendu de Vacheresse, que coiffe une belle crête morainique qui court entre 1080 et 1090 m d'altitude.

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Le versant occidental du Mont du Chat, vu du sud-ouest, depuis les abords du village de Méthenod (au nord-est de Gerbaix)
ØmC = chevauchement du Mont du Chat : il disparaît vers la droite d'abord parce qu'il est masqué le paquet tassé de Vacheresse (vert émeraude) puis, vers Maunand parce qu'il doit y être cacheté par le Miocène supérieur ; a.mC = anticlinal du Mont du Chat ;
Mcg = conglomérats du Miocène terminal ; Ms = Miocène sablo-gréseux ; Po-V = Portlandien et Valanginien (succession horizontale à l'endroit sur la crête, verticale (Maunand) ou renversée (Trouet) en bas de versant).

La morphologie de ce secteur, différente de celle du reste du versant, a tous les caractères de celle d'un paquet tassé*. Elle est sans doute due à un énorme effondrement du flanc ouest de la montagne.

Cette interprétation nouvelle (qui n'est donc pas figurée sur la carte géologique au 1/50.000°) semble effectivement soutenue par trois groupes d'observations :
1 - Le raide talus d'éboulis qui délimite, du côté amont, les pentes de Vacheresse par rapport aux affleurements sains de la crête, a une disposition et un tracé (incurvé vers l'aval au nord comme au sud) qui semble bien correspondre à celui d'une ancienne crevasse d'arrachement : c'est selon cette ligne que la masse effondrée a dû se détacher, avant que - comme toujours dans de tels cas - les éboulis provenant de l'effritement de sa lèvre supérieure soient venus combler la crevasse.
2 - Le rebord inférieur du plateau est armé par des calcaires récifaux du Kimméridgien supérieur, dont les affleurements dominent brutalement les pentes plus douces de Verthemex, où affleurent les molasses miocènes. Ceci suggère que ce matériel jurassique recouvre les molasses et ne s'enfonce pas dessous. De plus ses affleurements avancent ainsi nettement plus loin vers l'ouest que l'alignement des affleurements de Crétacé du flanc ouest du pli, qui sont absents ici mais visibles plus au nord (montagne d'Affouage) et plus au sud (ruines des Villas Doria).
3 - la crête morainique qui couronne le plateau ne se prolonge ni au nord ni au sud. Le caractère très local de cette conservation est étonnant. Il s'explique si l'on considère que, appartenant au tassement, la moraine a été décollée du versant et ainsi mise à l'abri de l'érosion qui, sur le reste de ce versant, a déblayé par de multiples ravinements les autres traces de ces hautes moraines.
On peut donc envisager que cette crête ait été celle du maximum de Würm, malgré son altitude actuelle a priori trop faible (on attendrait plus volontiers 1400 m), car elle a due être abaissée d'une valeur correspondant à la perte d'altitude du paquet tassé.

Il est à noter que ce tassement se situe à l'altitude où devrait passer le chevauchement du Mont du Chat, conformément à la géométrie qu'a révélé, sur cette transversale de la montagne, la galerie d'assainissement du Bourget. C'est donc probablement la présence de ce paquet tassé qui explique que l'émergence de cet accident soit ici invisible, car masquée sous les matériaux effondrés.
Cette considération rend plus que vraisemblable l'interprétation selon laquelle cet accident correspondrait simplement au chevauchement du Mont du Chat que l'on suit plus au nord, dans le bas du versant occidental de la crête de la Dent du Chat, jusque dans les pentes de la montagne d'Affouage, où il fait chevaucher la voûte anticlinal du Mont du Chat sur la succession renversée de Trouet.

La présente page utilise largement, en les ré-interprétant, les observations de Paul GIDON, décrites dans son ouvrage de 1963 intitulé "Géologie chambérienne" (principalement en p. 69 et suivantes).


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Chambéry

.

Carte géologique très simplifiée du Mont du Chat
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

Le paquet tassé de Vacheresse est marqué d'une surcharge de < bleues


Yenne

Col du Chat

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