Montagne de la Charvaz |
La Montagne de la Charvaz représente
la partie septentrionale du chaînon du Mont du Chat. Sa crête est formée par les couches du Jurassique
supérieur (plus précisément les calcaires
récifaux massifs du Kimméridgien supérieur).
Elles ont été mises à nu et sculptées
en un crêt*, bien typique quoique peu acéré, par l'érosion qui a éventré
et totalement enlevé le flanc ouest ainsi que la voûte de l'anticlinal du
Mont du Chat.
Il est remarquable qu'au nord du Col du Chat, ce crêt de la Charvaz voit son tracé s'incurver, comme les couches du flanc est de l'anticlinal du Mont du Chat, qui plongent dans le Lac du Bourget : leur azimut pivote depuis N 20 aux abords du col jusqu'à N160, à la latitude du sommet de la Charvaz et de Hautecombe (cette inflexion de l'ensemble de la structure anticlinale est étudiée à la page "col du Chat").
Les collines de Billième et la montagne de la Charvaz , vues du sud, depuis le Mollard Noir ØmC = chevauchement du Mont du Chat ; a.L = anticlinal de Lierre ; s.B = synclinal de Billième ; a.G = anticlinal de Gerbaz ; Dm = surface de discordance des molasses miocènes. On a surchargé en bleu-vert les alluvions glaciaires, en rose le matériel urgonien mis en place par éboulement ou glissement, en jaune les molasses miocènes. N.B. : lire, à propos des changements de pendage du chevauchement du Mont du Chat et de ses couches, le commentaire explicatif relatif à la torsion des plis. |
Du côté oriental le relief du revers du crêt de La Charvaz est d'autre part accidenté à mi-pente par un replat suspendu qu'emprunte la D.914. Ce replat résulte de l'érosion en creux des couches marneuses de l'Hauterivien que la surface topographique, en moyenne moins inclinée que les couches, tranche à mi-pente (alors qu'au sud du col l'Hauterivien n'affleure qu'en bas des pentes). Ce replat est soutenu par un parement de dalles urgoniennes qui tombent dans le Lac du Bourget au nord comme au sud de l'abbaye de Hautecombe (par contre aux environs de Hautecombe un peu de molasse miocène garnit le bas des pentes, là où elles plongent sous les eaux du lac). C'est à la partie sud de la montagne, à la latitude de La Chapelle du Mont du Chat, que le pendage de ces couches atteint ses valeurs les plus fortes, là d'ailleurs où la torsion azimutale des strates semble atteindre son maximum (lire, à propos de ce changement de pendage le commentaire explicatif. ).
Du côté ouest, entre la crête de la Charvaz et la vallée du Rhône, l'abrupt du crêt kimméridgien domine un replat intermédiaire semé de prairies qui est formé par les marnes oxfordiennes ; il est soutenu par le ressaut boisé de Monthoux qu'arment les calcaires du Jurassique moyen : ces derniers forment la base de la succession du chevauchement du Mont du Chat, dont tout indique que sa surface de cassure pend ici fortement vers l'est. La structure de cette montagne est donc fondamentalement la même que celle de la Dent du Chat, dont elle n'est d'ailleurs séparée que par la zone déprimée du col du Chat, pour l'essentiel simplement plus abaissée par l'érosion (voir plus de détails à la page "Col du Chat").
A l'aplomb du sommet de La Charvaz le compartiment chevauchant montre, immédiatement au dessus de la surface de cassure, une lame de Kimméridgien (doublée par le Portlandien du côté ouest) qui se biseaute vers le sud contre la faille. Il s'agit de la retombée ouest de l'anticlinal du Mont du Chat qui dessine là un crochon de chevauchement dont les couches semblent renversées voire étirées à la façon d'un pli-faille* (il est conservé là car le flanc de la montagne décrit là un saillant en direction de l'ouest.
D'autre part les escarpements tout-à-fait sommitaux de La Charvaz montrent l'existence d'une lame de Portlandien qui s'intercale sous le chapeau de Kimméridgien qui forme le sommet lui même : il s'agit apparemment d'un redoublement par le jeu d'une faille compressive mineure affectant la partie haute de cette dalle calcaire. On en suit la trace vers le nord, sur le versant ouest de la montagne jusque sous le sommet du Turrioz mais sur le versant oriental elle semble se perdre au sein des calcaires kimméridgiens. |
Au nord, sur la transversale de Lucey, le chevauchement du Mont du Chat se termine, en fait sous le sommet du Turrioz, en butant en biais, contre la faille de Quinfieux, orientée obliquement par rapport à lui (N20, soit avec un écart de 50°dans le sens horaire). Cette cassure, dont le tracé suggère un pendage sub-vertical, limite donc la dalle chevauchante du flanc oriental de l'anticlinal du Mont du Chat et tranche également en biais sa charnière. Elle transforme le mouvement de chevauchement de cette dalle en un coulissement dextre, selon le schéma des "transformantes en bord de tiroir".
La surélévation relative de la dalle chevauchante s'amoindrit ensuite vers le nord et s'annule juste avant d'atteindre le village de Quinfieux : plus aucune cassure ne s'observe alors à la latitude de Curtille dans le flanc oriental de l'anticlinal du Chat (voir la page "Curtille"). L'extrémité septentrionale du chevauchement se perd là dans la succession des couches du Mont Landard, qui constituent le prolongement nord du flanc oriental de l'anticlinal de Gerbaz.
image sensible au survol et au clic |
Si l'on réduit ce dispositif à l'essentiel on voit qu'il permet le redoublement par une avancée vers l'ouest qui prend naissance au niveau de Curtille et qui s'amplifie en direction de Jongieux et de la Charvaz : cela implique un pivotement horaire (dextre) relatif de la dalle chevauchante du Mont du Chat (cf schéma ci-après).
Bloc en relief schématique Au sud de Billième la voûte anticlinale s'enfonce sous le flanc oriental du pli, remonté par le chevauchement du Mont du Chat. A l'opposé cette faille s'amortit vers le nord avant d'atteindre Saint-Pierre de Curtille. Ce chevauchement du Mont du Chat, d'âge post-Miocène
s'est produit dans un deuxième temps, après que
le pli originel ait vu sa voûte érodée pendant
le Paléogène. N.B. : pour ne figurer que les traits essentiels, l'ondulation de détail que constitue le synclinal de Billième n'a pas été représentée. |
Cette disposition n'est pas sans évoquer
celle que l'on observe dans l'extrémité méridionale
de plusieurs autres chaînons jurassiens, là où
ils ont subi une torsion axiale : celle-ci a induit la naissance,
sur le flanc oriental de l'anticlinal, d'un chevauchement qui
a permis le déplacement vers l'ouest de la portion la
plus méridionale du pli, par dessus la voûte de
sa partie septentrionale. L'analogie entre la naissance de la
chevauchement du Mont du Chat et celle de la faille
de L'Épine est, en définitive, particulièrement
frappante. |
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Coupes sériées de la montagne de la Charvaz, d'après P. GIDON "Géologie Chambérienne"
, 1963 (présentation retouchée) N.B. : Seules les coupes 2, 3 et 4 concernent
la présente page. En coupe 2 l'ondulation dessinée à l'est de Curtille est purement interprétative : elle interprète en fait comme un pli la dénivellation occasionnée par la faille de Quinfieux. |
La présente page utilise largement, en les ré-interprétant, les observations de Paul GIDON, décrites (principalement en p. 69 et suivantes) dans son ouvrage de 1963 intitulé "Géologie chambérienne".
voir à la page "tectonique de l'Avant-Pays" la place occupée par ce secteur dans le schéma d'organisation des plis du Bugey |
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Carte géologique très simplifiée du secteur entre Yenne et le Lac du Bourget redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074 |
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Yenne, Parves |
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