Argentera, crête de la Sabbiera, Rio Roburent |
Du côté italien du col de Larche (= colle della Maddalena), le sillon que le cours de l'Ubayette suit du côté français est également celui parcouru par le cours supérieur de la Stura. Il s'y poursuit de façon presque rectiligne, avec une orientation NW-SE (N130) jusqu'aux abords de Bersezio, en passant, 4 kilomètres en aval du col de Larche, par la bourgade d'Argentera.
La longueur et la rectilinéarité de ce sillon s'expliquent certainement par le fait que, dans toute cette portion de son cours, la Stura suit sensiblement le tracé d'une surface de dislocation tectonique. Cette faille d'Argentera, sans doute inclinée assez fortement vers le nord-est, est jalonnée d'affleurements de gypse, notamment au sommet des lacets de la route P.21 au dessus de Grangie et semble suivre assez bien au moins jusqu'au col de Larche (voir la page "Orrenaye").
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Le versant sud-est (italien) du col de Larche (colle della Maddalena), vue générale, du sud, d'avion depuis l'aplomb de la crête frontière aux abords du col de Pourriac.
f.Ru = faille du Ruburent ; f.sO = accident de Saint-Ours ; f.Sa = faille de la Sabbiera ; f.rRw = faille occidentale du Rio Roburent ; f.rRE = faille orientale du Rio Roburent ; f.Ar = faille d'Argentera ;
u.S = unité de Serenne ; n.P = nappe du Parpaillon ; sB = lame subbriançonnaise de l'Enclausette et de Mirusena (flysch noir prédominant).
Nappes briançonnaises : n.S = nappe de Sautron ; n.Ro = nappe du Rouchouse proprement dite, nord-orientale ; u.tD = unité de Tête Dure (nappe du Rouchouse sud-occidentale) ; n.rP = nappe de Rocca Peroni.
Mais elle correspond surtout à la limite sud-occidentale des affleurements de la zone briançonnaise. En outre, le long de cette cassure, la nappe du Parpaillon (qui est la plus élevée des entités tectoniques empilées sur cette transversale) est juxtaposée à une unité briançonnaise relativement basse (la nappe de Rocca Peroni) et elle affleure nettement en contrebas (et non au dessus) de la plupart des terrains qui s'empilent dans cette zone briançonnaise.
La faille d'Argentera est donc, de façon très évidente, un accident majeur :
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d'abord à cause de son rejet vertical qui abaisse les affleurements les plus orientaux des nappes de flysch de l'Embrunais plus de 1000 m en contrebas des crêtes formées de matériel briançonnais ;
- ensuite parce qu'il limite sur cette transversale deux domaines différents, celui situé au NE, où s'empilent des nappes briançonnaises (lesquelles recouvrent à leur tour des unités charriées subbriançonnaises), et celui situé au SW, où les nappes de flysch de l'Embrunais
reposent presque directement sur l'autochtone du massif de l'Argentera, sans intercalation de telles nappes, à part la lame de matériel subbriançonnais qui s'élève depuis le Clot de Mirusena jusqu'à la crête delle Lose (voir compléments à ce sujet à la page "Bersezio").
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Le versant sud-est (côté italien) du colle della Maddalena, vu du sud, d'avion, depuis l'aplomb du vallon de Puriac.
f.Ru = faille du Ruburent ; f.rRE = faille orientale du Rio Roburent ; f.Ar = faille d'Argentera ; f.Sa = faille de la Sabbiera.
n.P = nappe du Parpaillon ; nappes briançonnaises : n.Ro = nappe du Rouchouse nord-orientale ; u.tD = unité de Tête Dure (nappe du Rouchouse sud-occidentale) ; n.rP = nappe de Rocca Peroni.
De plus il est évident que cet accident ne peut représenter une simple cassure à rejet vertical en raison de l'énorme dissemblance de ses deux lèvres : on doit donc nécessairement lui attribuer un important rejet de coulissement postérieur aux charriages (ce qui s'accorde avec le rejet dextre la faille de Bersezio qui s'en détache vers le SW). Mais des caractères ne sauraient s'expliquer non plus, par le seul rejet coulissant de la faille, en se limitant à considèrer qu'elle aurait fonctionné après la mise en place de ces nappes.
Il est par ailleurs à remarquer que cette situation d'affrontement entre nappes briançonnaises et nappes de flysch de l'Embrunais se prolonge très loin vers le nord-ouest puisqu'il faut aller jusqu'à la vallée de la Durance en amont de Guillestre pour que le matériel subbriançonnais recommence à affleurer en marge occidentale de la zone briançonnaise : ceci porte à y voir l'équivalent sud-oriental de l'accident du front briançonnais qui affecte le secteur durancien au nord de Réotier, en dépit de différence notables dans la géométrie des rapports entre nappes et autochtone.
Au sud-est de la localité d'Argentera le tracé de la faille d'Argentera détermine clairement celui de la vallée de la Stura et, ce faisant, va se raccorder à celui de la faille de Bersezio. Pourtant il est plus vraisemblable que cette dernière - dont le rejet vertical est de sens opposé - se prolonge vers le NW par un faisceau de cassures qui affecte les pentes de rive gauche du vallon du Rio Roburent. Les rapports entre faille d'Argentera et faille de Bersezio doivent plutôt correspondre à une intersection selon un angle aigü ; malheureusement l'importance de la couverture alluviale ne permet pas de tirer au clair ce point.
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La partie supérieure de la vallée de la Stura vue du sud-est, depuis les pentes de la Testa dell'Iretta
Le col de Larche (= della Maddalena) est masqué derrière la crête du
Pra de Bals.
s.B = unité subbriançonnaise de Mirusena et de l'Enclausette ; n.P = nappe du Parpaillon ; n.rP = nappe de Rocca Peroni ; u.tD = unité de Tête Dure (nappe du Rouchouse sud-occidentale) ; u.ir = unité de l'Iretta (digitation inférieure de la nappe du Rouchouse sud-occidentale).
"scV" = schistes du col de Vars (formation basale du flysch à Helminthoïdes).
f.Ar = faille d'Argentera ; f.Sa = faille de la Sabbiera ;f.rRW et f.rRE = faille ouest et faille
est du Rio Roburent : ces
failles se connectent vers le sud-est à la faille de Bersezio, qu'elles semblent prolonger et se connectent vers le nord-ouest, à la faille du Ruburent (au niveau
des lacs de ce nom, hors des limites du cliché, du côté
droit).
Le surhaussement de l'empilement des nappes briançonnaises du côté NE de la faille d'Argentera y a conduit l'érosion à mettre au jour, sous la nappe du Rouchouse, une unité briançonnaise qui n'affleure nulle part en territoire français. Cette nappe de Rocca Peroni s'avère être la plus basse de cet empilement puisqu'elle repose, un peu plus à l'est, dès la transversale de Bersezio, sur des unités à caractère subbriançonnais accusé.
extrait de la publication n° 024 / légende des figurés (nouvelle fenêtre)
Coupe des chaînons au nord-est d'Argentera,
passant aux abords sud-est du lac méridional du Roburent (seule la moitié gauche de cette coupe concerne la présente page ; les failles du versant sud du Ruburent ne sont pas figurées).
n.P = nappe du Parpaillon ; u.S = unité de Serenne ;
Ø= accident d'Argentera (= front d'affleurement du Briançonnais, interprété ici en chevauchement, selon l'ancienne conception) ; f.R = faille du Ruburent ; a.Ro = anticlinal du Rouchouse.
Nappes briançonnaises (de bas en haut de l'empilement)
: n.RP = nappe de Rocca Peroni ; n.Ro = nappe
du Rouchouse ; n.S = nappe de Sautron.
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Tête de Fer |
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