Chantelouve amont : Les Siauds, col d'Ornon

Le versant sud du col d'Ornon

Vue d'ensemble sur la vallée de la Malsanne

Dans les pentes terminales du versant sud du col d'Ornon les villages supérieurs de Chantelouve (Les Bosses, Les Siauds) sont installés sur les puissants cônes de déjections coalescents qui ont été épandus par les torrents de rive gauche (orientale) qui érodent activement les pentes de la Tête des Filons et des Pales (voir la page"Grand Renaud ouest"). Ces épandages alluviaux colmatent le fond de vallée en formant un assez large plan incliné sur lequel la route D.526 déroule ses grands lacets jusqu'un peu en aval du confluent avec la Malsanne (laquelle est également issue de la rive est de la vallée) et en refoulant l'écoulement principal des eaux contre le pied des abrupts occidentaux.

image sensible au survol et au clic

La vallée de Chantelouve et les abrupts orientaux de l'Armet vus de l'est, depuis les pentes en contrebas ouest du Pic du col d'Ornon (suite du paysage vers la gauche à la page "Chantelouve").
La faille de l'Armet (f.A) est vue pratiquement d'enfilade, ce qui permet de constater qu'elle décale la faille du col d' Ornon (f.cO, en rose) dans le sens sénestre (le compartiment nord, de Plancol, est décalé vers l'arrière par rapport au compartiment sud, de l'Armet).
On a indiqué par "olist." les affleurements d'olistolites de la Chalp à gauche et des Grandes côtes, à droite. Pour ces derniers voir une localisation plus précise à la page "Armet".

La rive ouest de la vallée y garde un tracé assez rectiligne qui suit, comme plus en aval, à La Chalp, la marge occidentale de l'hémigraben d'Ornon.

Comme plus au sud on y observe en plusieurs endroits des placages de matériel sédimentaire (groupes d'affleurements numérotés "2" et "3") appuyés contre le mur de roches cristallines, en contrebas de la crête nord de l'Armet (Plancol) et leur étude montre également qu'il hébergent de nombreux olistolites ou des lits de brèches. figure agrandissable
Carte de localisation des affleurements et des points analysés (extrait de la publication108).

Au sud du débouché du ravin des Grandes Casses le prolongement oriental de la faille de l'Armet décale dans le sens sénestre la limite orientale du socle cristallin et semble s'y partager en deux branches.

Le pied des abrupts orientaux de l'Armet
en rive gauche de la vallée de Chantelouve à hauteur du village des Faures.

f.A = faille de l'Armet (le miroir de faille est souligné par une oxydation rouge de la roche) ; vers le bas la faille semble se partager en deux branches.
f.cO = faille du col d'Ornon (localisable grace aux quelques pointements sédimentaires qui émergent des éboulis au pied des abrupts).

Les olistolites indiqués sont ceux "du Cros de Qunchiol" (ancienne dénomination)

(cliché original obligeamment communiqué par M. Claude Mauguier)

Dans le rentrant ainsi créé, à l'extrémité inférieure de l'échine rocheuse anciennement nommée Cros du Qunchiol" (affleurements "2a" de la carte), affleure du matériel sédimentaire qui émerge des éboulis et cônes de déjection à la faveur de cette topographie. Sa disposition évoque d'assez près celle des affleurements de La Chalp : en effet des panneaux de spilites triasiques y reposent là aussi sur des schistes toarciens qui emballent des méga-blocs de dolomies triasiques.


Situation des olistolites des Grandes Côtes ("du Cros de Quinchiol")
Le paquet d'olistolites est conservé dans un redent des abrupts car il s'appuie du côté sud contre les schistes cristallins de la lèvre méridionale de la faille de l'Armet (cette dernière décale la faille du col d'Ornon dans le sens sénestre et la reporte au delà des limites gauches du cliché).


Coupe de détail des olistolites des Grandes Côtes (extrait de la publication108).

Plus au nord, à la latitude des Siauds, les abrupts du versant est de Plancol dessinent un rentrant au nord duquel le socle cristallin forme une échine rocheuse saillante en direction de l'est : cette échine était dénommée "Le Sué" sur les anciennes cartes ; sur les cartes récentes elle est maintenant désignée du nom de Chevalet.

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Le versant est de Plancol vu du sud-est depuis les abords de Villelonge (cliché original obligeamment communiqué par M. Claude Mauguier).
f.cO = faille du col d'Ornon ; f.S = faille satellite, parallèle à la faille du col d'Ornon (?) ; f.ti = surface basale du paquet tassé de Chevalet (?).

Au sud de l'échine de Chevalet, au fond du rentrant des abrupts (affleurements "2b" de la carte), on observe par contre essentiellement des lits de brèches : ils sont de plus en plus coalescents vers l'amont (où il tapissent l'abrupt cristallin) et s'interstratifient vers l'aval dans des marnes datées du Toarcien par des ammonites.

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Le pied des escarpements de Plancol vu du sud, depuis le ruisseau de la Fontaine


Coupe dite "du Sué", entre l'échine de Chevalet et le ruisseau de la Fontaine (affl. "2b" de la carte), correspondant aux affleurements du cliché ci-dessus.
A = situation actuelle ; B = situation originelle vraisemblable
(extrait de la publication108).

Cette géométrie sédimentaire plaide d'une façon tout-à-fait convaincante en faveur de l'idée que l'on observe là un ancien éboulis qui s'est sédimenté en s'appuyant vers l'amont en onlap* sur l'abrupt de la paléofaille, en s'intriquant vers l'aval dans le sédiment marneux en cours de dépôt. Cet olistostrome* tapissant la faille n'est pas ici formé de blocs glissés mais il a été alimenté par des éboulements dont le matériel s'effritait au fur et à mesure qu'il s'épandait plus loin sur le talus garnissant le pied de l'abrupt.

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Le pied des abrupts de Plancol et l'échine de Chevalet : vue d'ensemble, du sud, depuis le ruisseau de la Fontaine.
f.cO = faille du col d'Ornon (surface dénudée lors des mouvements syn-sédimentaires ; f.S = faille satellite, parallèle à la faille du col d'Ornon ; f.ti, f.ts = failles parallèles aux surfaces de stratification de l'olistostrome : elles représentent probablement les surfaces de glissement par tassement de panneaux effondrés depuis la partie supérieure de la lèvre ouest de la paléofaille (et qui sont venus recouvrir l'olistostrome). (voir les commentaires plus détaillés dans l'encadré situé plus loin dans le texte)

Par ailleurs on remarque que, du côté nord-est du saillant de Chevalet, la surface de contact entre le socle cristallin et les terrains sédimentaires (dont tout plaide pour qu'elle corresponde aussi au miroir de faille de la grande faille du col d'Ornon) se retrouve environ 500 m plus à l'est.

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Les affleurements du revers nord-est de l'échine de Chevalet (suite vers le NE des affleurements du cliché précédent) vus du sud-est, depuis les pentes à l'ouest des Siauds (alt. 1300 m).


Les calcschistes du Toarcien s'appuient directement sur le socle cristallin selon un contact (f.cO) qui a été interprété comme la surface de cassure de la faille du col d'Ornon, décalée vers l'est par rapport au rentrant du Sué (voir les commentaires plus détaillés ci-après dans le texte).
Au nord du ravin du Buo le tracé de ce contact socle / couverture subit un nouveau redent, comparable à celui de Chevalet, : on a figuré l'interprétation qui consiste à attribuer cette disposition à la présence d'un panneau de socle cristallin effondré depuis la lèvre de gauche (surélevée) de la faille.

Pourtant ce décalage vers l'est du tracé de la faille du col d'Ornon ne saurait résulter d'un décrochement, car il n'y a ici, à l'évidence, aucune faille qui coupe transversalement le miroir de la paléo-faille. Par contre il est clair que l'abrupt méridional de Chevalet révèle plusieurs cassures N-S à fort pendage (cf cliché précédent), ce qui porte à une interprétation qui est exposée en fin de page.

Enfin les escarpements situés immédiatement plus au nord, à l'ouest du col d'Ornon, montrent, notamment dans le lit du torrent du Buo (affleurements "3" de la carte) des schistes toarciens dans lesquels sont dispersés des olistolites métriques à décamétriques, principalement formés de dolomies triasiques : ceci semble bien correspondre au prolongement septentrional de l'olistostrome du Sué.

Cascades du ruisseau du Buo vues de l'est, depuis le gué du Merdaret, 500 m au sud du col d'Ornon
Les taches ocreuses sont autant de blocs de dolomie triasique inclus dans les calcschistes gris toarciens
partie basse des cascades du ruisseau du Buo
un des blocs de dolomie triasique (environ 10 m de long) inclus dans les calcschistes toarciens

Dans ce secteur la faille du col d'Ornon semble donc se partager entre plusieurs surfaces de cassure, échelonnées d'ouest en est, ce qui n'est pas sans poser un problème d'interprétation un peu délicat ...

Lors de sa découverte on avait tenté d'expliquer ce dispositif en admettant que l'escarpement de faille aurait été entaillé d'encoches qui se seraient formées, avant dépôt du Toarcien, par l'arrachement de panneaux rocheux détachés par des failles secondaires : ces derniers auraient en effet laissé, à leur emplacement originel (selon le schéma de gauche ci-après), des "niches d'ablation" remplies par la sédimentation olistolitique.
Mais ce schéma ne semble finalement pas adéquat, car il s'avère que les sédiments des affleurements du Sué ne reposent pas sur le rebord sud de l'escarpement du Chevalet ; au contraire ils s'enfoncent dessous, "en tunnel" (de plus il semble qu'il en soit de même pour les affleurements du ravin du Buo au nord-ouest du col d'Ornon ...).

figure agrandissable
Bloc diagramme des structures des environs du col d'Ornon

interprétation ancienne (extrait de la publication108).
Ce schéma intégre bien la présence d'au moins deux failles parallèles mais considère, sans doute à tort, que la faille la plus occidentale n'est qu'une satellite de celle du col d'Ornon.

figure agrandissable
Bloc diagramme des structures des environs du col d'Ornon

interprétation alternative (proposée dans cette page).
Les traits fins figurent symboliquement le remplissage sédimentaire de l'hémigraben.
les panneaux disjoints de la surface de faille du col d'Ornon sont en grisé et les failles secondaires, qui fragmentent cette surface de faille sont hachurés


Une interprétation alternative me semble donc préférable. Elle s'inspire de la structure des abords occidentaux d'Ornon, où l'on voit incontestablement le miroir de la paléofaille disparaître vers le haut sous une lame de socle cristallin, sans doute effondrée depuis la lèvre occidentale (surélevée).
L'éperon cristallin de Chevalet présente une disposition très comparable puisqu'il est plaqué vers le haut contre la crête du bloc de socle du Taillefer alors que,vers le bas, il coiffe l'olistostrome qui s'appuie sur la paléofaille. Il appartiendrait donc aussi à un gros panneau effondré, détaché du bord supérieur du bloc du Taillefer par le jeu d'une faille satellite, de tassement. Les affleurements sédimentaires des abords immédiats du col d'Ornon (alentours des cascades du Buo) s'appuieraient donc bien sur le miroir de la faille du col d'Ornon mais sur une portion de sa partie haute originelle, abaissée avec le panneau tassé de Chevalet. Ce panneau de socle semble d'ailleurs être lui-même fragmenté en deux, au nord du Buo, par une seconde faille satellite de tassement, de géométrie analogue (mais bien moins facile à observer).

Ce secteur est concerné par la publication108.

commentaires anecdotiques sur la mise en évidence, en 1979, du rôle et de l'importance de la faille du col d'Ornon

carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuille La Mure.

Carte géologique simplifiée des environs du col d'Ornon
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
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