Saint-Clément, Le Barri, ravin du Château |
Les pentes de Saint-Clément, relativement douces et plutôt couvertes de broussailles sont, comme celles des Sauvans, sur la rive opposée du Bès, installées sur une monotone étendue de Terres Noires. Mais, comme sur ce versant aussi, ces marnes appartiennent en fait à deux unités structurales :
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Celles des pentes nord-orientales de Proussier sont d'âge Bajocien supérieur à Callovien et pendent en succession renversée vers le NE : elle se rattachent à l'unité de Chine, au même titre que les calcaires liasiques des Barres de Proussier.
- Celles des abords de Saint-Clément et du bassin du torrent des Eyssarts sont d'âge oxfordien, dans l'ensemble disposées à l'endroit et, bien que froncées d'ondulations déversées vers le SW, dessinent globalement un anticlinal déversé dans lequel on peut voir le cœur du prolongement de l'anticlinal de la Grande Cloche (voir la page "Grande Cloche").
Elles sont vraisemblablement séparées par le prolongement du chevauchement des Sauvans car le tracé de celui-ci atteint le lit du Bès à peu près au niveau du débouché du ravin des Fraches, précisément à mi-distance entre Proussier et Saint-Clément.
La crête du Barri qui ferme la dépression du côté aval (sud) prolonge, en rive gauche du Bès, les falaises de la Clue de barles et y ferme vers le sud la dépression de Saint-Clément. Elle s'atténue en formant l'échine de la Colle du Château avant de s'effacer en se fusionnant aux pentes N-S de la montagne de Blayeul.
Cette crête constitue le prolongement de la crête sud-orientale de la Grande Cloche, dont elle est symétrique sur la rive opposée du Bès : toutes les deux sont armées par le Tithonique, dont les couches sont disposées base au nord, et forment une barrière rocheuse orientée est-ouest que le Bès a réussi à percer en y entaillant la clue de Barles.
En fait l'arête ouest du Barri (Serre de la Croix) ne correspond qu'au flanc sud, renversé, de l'anticlinal de la Grande Cloche (pli qui a été fortement déversé vers le sud par le renversement du flanc sud du synclinal d'Auribeau). C'est le coeur de ce pli qui est éventré juqu'aux Terres Noires dans les pentes qui descendent vers le nord en direction de Saint-Clément (voir la coupe en fin de page).
Par contre la crête sommitale, au NE du Barri et le long de l'échine de la Colle du Château, suit bel et bien la voûte de ce pli ; mais le Tithonique de cette voûte y est tronqué par l'érosion anté-nummulitique et supporte en discordance des molasses rouges (représentées surtout ici par de puissants conglomérats basaux).
À l'extrémité nord-orientale de l'échine de la Colle du Château les premières pentes qui, au col 1527, s'élèvent vers le Dou sont formées par des Terres Noires. Elles constituent une lame tectonique, d'épaisseur hectométrique, qui s'intercale sous la semelle triasique de la nappe de Digne et qui repose là sur les conglomérats oligocènes
de la Colle du Château, et, plus au sud, sur la Molasse
Rouge du ravin du Château.
En fait ces Terres Noires représentent à elles seules l'unité de Chine, qui est armée plus au NW par les calcaires du Lias : ils affleurent avec un pendage vertical aux Barres de Proussier, mais leurs couches basculent vers le sud sous la nappe, au sud du Pas de Blayeul, pour y former une lame tectonique franchement renversée (identique en cela aux Barres de Chine), épaisse d'une centaine de mètres. Cette lame reste constituée par une série Lias-Terres Noires mais cette dernière se réduit de plus en plus vers le sud, par rabotage de son sommet tectonique (Lias puis Bajocien) pour se réduire, au col 1527, aux seules Terres Noires.
Cette lame tectonique se prolonge vers le sud au pied de escarpements ravinés de la crête du Blayeul, secteur où on a pu la désigner du nom purement objectif d'unité intermédiaire puisqu'elle s'intercale sous la nappe de Digne en formant un coussinet relativement mince qui sépare cette dernière de l'autochtone. Son amincissement s'y révèle en outre être lié au fait qu'elle est débitée en extension par des failles de Riedel branchées sous la surface de chevauchement de la nappe de Digne, ce qui aboutit finalement, plus au sud, à la disjoindre en un chapelet de bloc-klippes* (voir la page " ravins de Rousset").
Le versant sud de la Colle du Château et les pentes supérieures du ravin du Château, vus du sommet du Barri (cette vue fait suite vers la droite à la précédente). ØD = surface de chevauchement de la nappe de Digne ; ØCh = chevauchement de l'unité intermédiaire (= de Chine) ; f.r = failles secondaires, "de Riedel"*, débitant en extension l'unité intermédiaire ; a.Cl = anticlinal de la Grande Cloche. "cgl" = conglomérats calcaires oligocènes de la base des molasses rouges ; "éboulis.anc." = ancien remplissage ébouleux des ravins entaillant le versant ouest de la crête du Blayeul : il est re-disséqué par les torrents actuels et subsiste souvent sous forme d'arêtes acérées entre deux thalvegs (autres exemples décrits à la page "Aiguebelle"). |
Non seulement la voûte de l'anticlinal a été érodée avant le dépôt de l'Oligocène mais les conglomérats de cet âge y cachètent* une faille W-E dont le compartiment septentrional est abaissé. Cette faille du Barri est donc une parente, tant par son orientation que par son sens de rejet de celle de la Maurière (que le Bès traverse plus au sud). Son tracé rejoint le niveau du Bès en traversant les Terres Noires au sud de Saint-Clément, dans les pentes des Eyssards : il y décrit des sinuosités qui attestent de la déformation de la surface de cassure lors des plissements postérieurs à son jeu originel.
Le versant septentrional du Barri vu du nord, depuis Saint-Clément f.B = faille anté- oligocène du Barri ; a.C = anticlinal de la Grande Cloche. |
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version plus grande de cette image Coupe schématique et interprétationCroquis supérieur = état actuel ; croquis inférieur
= état reconstitué, lors du dépôt
de la Molasse Rouge oligocène . F = faille anté-oligocène
du Barri |
voir aussi la carte structurale interprétative |
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Clue de Barles |
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Blayeul |
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