La demi-fenêtre de Barles |
En aval de Barles la vallée du Bès s'ouvre largement (et passagèrement), ses
deux versants acquérant une pente relativement douce, et forme ce que l'on peut appeler la dépression
de Barles. Ce changement de relief correspond au fait que la localité de Barles se trouve pratiquement à
la limite entre deux sections du cours du Bès :
- La partie amont s'inscrit dans le matériel de la nappe de Digne, dont la succession stratigraphique débute par les terrains les plus
anciens de la région (houiller)
qui affleurent dans les Clues
de Verdaches et se poursuit par toutes les montagnes plus à l'est, jusqu'au crêtes de la Blanche incluses, où elle se termine par des couches nummulitiques que recouvrent les nappes internes ;
- La partie aval se rattache à l'autochtone de cette nappe, lequel s'enfonce plus à l'ouest (dans le secteur d'Auribeau - Mélan) sous le remplissage molassique du bassin tertiaire de Valensole qui en est la couverture stratigraphique néogène (mais qui n'affleure pas ici sous la nappe).
On trouvera dans la présente page le regroupement d'une série
de schémas et de quelques clichés donnant un aperçu d'ensemble sur le cadre
structural des gorges du Bès entre La Robine au sud et Verdaches au nord.
(voir les commentaires relatifs à ces schémas
à la page "Déformations
tectoniques des montagnes
de Digne")
même
figure, plus grande
Schéma structural de la demi-fenêtre
de Barles et de ses alentours
(Les tracés AA et BB sont ceux des deux coupes de la figure
ci-après).
AV = anticlinal des Clues de Verdaches ; SS
= synclinal des Sauvans (prolongement E de celui d'Esparron =
SEs) ; AC = anticlinal de la Grande Cloche (prolongement
ou relais oriental de celui des Monges = AM) ; ST
= synclinal du Pas de Terre Rouge (prolongement ou relais oriental
de celui de Feissal = SF) ; AP = anticlinal du Pérouré
(= anticlinal de la Maurière [GIDON, 1982 et 1989]) ; SA = synclinal d'Auribeau (= pli du vélodrome [GIGOT et al.,
1974a]) ; SE = Synclinal d'Esclangon (d'axe NE-SW).
La différence d'espacement des plis, de part
et d'autre du faisceau de failles de l'accident des Monges, est
nettement perceptible. Elle témoigne du raccourcissement
beaucoup plus important qui a affecté l'autochtone dans
la demi-fenêtre de Barles, c'est à dire dans le secteur
où il a été recouvert par la nappe.
N.B. : Les limites adoptées pour l'unité de
Chine et pour le tracé de la base de la nappe au N de Barles
sont différentes de celles indiquées par le schéma
structural de la carte LA JAVIE.
figure
agrandissable
Coupe de la demi fenêtre de Barles, en rive gauche du
Bès
Cette coupe, passant peu à l'W du Pas de Blayeul,
montre en premier lieu la position du complexe chaotique de Barles,
la forme en pli coffré de la surface de charriage de la nappe et le pli déversé
vers le NW que dessinent les couches de la nappe entre Barles
et Verdaches.
Dans l'unité "intermédiaire",
équivalent de la montagne de Chine sur l'autre rive, le
renversement de la succession liasique "enroule" des
plis mineurs antérieurs à vergence nord (ce qui
conduit à y voir le flanc sud d'un ancien "anticlinal
de Chine"). Le flanc renversé est affecté par
des failles à pendage S qui ont les caractères de
"Riedels de la nappe" (mais ont été reprises
au quaternaire comme surfaces de détachement de paquets
tassés). On notera également la présence au sommet de cette série renversée, de brèches
à ciment cargneulique, attribuées par GIGOT et al
(1974) à un épisode d'érosion antérieur
au charriage.
Effectivement le fait que la surface de charriage dela nappe est parallèle aux couches de cette dernière (voir le cliché ci dessus) témoigne de son déplacement par glissement, après décollement au niveau des gypses triasiques. Dans ces conditions, on ne peut pas attribuer à un rabotage mécanique causé par le déplacement de la nappe le fait que cette surface recoupe en complète discordance les structures plissées de son autochtone. Par contre ce déplacement y a sans doute créé, par entraînement, les déformations par cisaillement qui s'observent dans la partie supérieure de cet autochtone.
version
plus grande de cette image
Coupe de la demi-fenêtre de Barles en rive droite du
Bès
Les deux tronçons de coupe se raccordent dans le prolongement
l'un de l'autre (A à droite, B à gauche).
A/ Partie nord : Crête Chine - Petite Cloche.
Comme sur la rive gauche du Bès, le Dogger de l'unité
de Chine présente plusieurs plis décamétriques
qui sont enroulés (ainsi que leur schistosité plan-axiale)
par l'antiforme qui renverse la dalle liasique de cette unité.
Remis en position antérieure au renversement ils révèlent
un déversement originel vers le nord. Cela montre bien
que le renversement s'est superposé à une première
étape de plissement dans laquelle la série de Chine
représentait le flanc N d'un synclinal (en l'occurrence
celui des Sauvans et d'Esparron) qui n'était initialement
nullement déversé vers le S. Ces plis sont vraisemblablement
post-oligocènes.
L'astérisque désigne le pli d'entraînement
à vergence sud affectant le Lias renversé de Chine.
j = chevauchement de la Petite Cloche
et de l'"unité de Chine" (il se poursuit, en
rive gauche, par le chevauchement de l'unité intermédiaire,
qui passe à la Colle du Château) .
B/ Partie sud : Crête Grande Cloche-Coustagne
(flanc N du synclinal d'Auribeau).
Noter les failles, à caractères de "Riedels
de la nappe", qui découpent le Miocène de la
Pousterle et sont à l'origine du détachement de
la lame de La Fubi et de la Coustagne.
On a noté par "CR" quelques points jalonnant
le passage de la "charnière de renversement"
qui affecte toute les structures peu au dessus du niveau de la
vallée du Bès.