Le Lauzet-Ubaye |
Le village du Lauzet est implanté dans un bref et modeste élargissement des gorges de la Basse Ubaye. Il est dominé en rive gauche par de raides pentes boisées un peu monotones, installées sur les dalles des couches autochtones qui pendent vers la vallée ; en rive droite le versant est au contraire coupé par des ressauts successifs, formés par les barres calcaires des unités subbriançonnaises. Il culmine avec les alpages de la Gourette, que couronne le flysch à Helminthoïdes de la Tête de la Gypière (nappe du Parpaillon).
Les maisons du village s'appuient plus précisément contre la bosse rocheuse du "Château", formée de calcaires tithoniques, que l'érosion glaciaire a mieux respecté que les couches environnantes, plus calcschisteuses : ces calcaires arment un verrou* qui retient le petit plan alluvial du lac du Lauzet et que l'Ubaye a été obligée de franchir en gorges.
Coupe de l'extrémité sud- orientale du chaînon du Morgon (voir la coupe d'ensemble en fin de page) |
La présence du verrou du Lauzet est due à ce que le fond de la vallée perce là toute l'épaisseur des nappes empilées et atteint leur soubassement autochtone. D'autre part il se situe à peu près à l'endroit où s'effilent les témoins les plus occidentaux de la nappe de l'Autapie, dont le flysch à Helminthoïdes est venu précocement en recouvrement sur les couches nummulitiques de l'autochtone, avant de se faire recouvrir par le matériel subbriançonnais, charrié ultérieurement.
En aval du village du Lauzet, l'Ubaye s'encaisse en gorges dans les formations encore assez massives des termes les plus élevés de l'autochtone (calcaires sénoniens et nummulitiques) puis dans les grès d'Annot où ses rives deviennent moins abruptes. Elle traverse de nouveau la succession, du Crétacé au Tithonique inclus, au niveau de Saint-Vincent-les-forts, avant de déboucher dans la partie terminale de la vallée, beaucoup plus large car ouverte dans les Terres Noires du flanc sud-oriental du Dôme de Remollon (voir la page "Saint-Vincent-les-Forts").
Les gorges du Pas de La Tour, vues de l'aval depuis la D.900, 2 km au NW du Lauzet (à l'aplomb oriental du hameau de la Mandeysse). Ces gorges sont entaillées dans la partie supérieure de la succession autochtone, qui pend vers l'est (vers la gauche) et qui prend de l'altitude vers la droite (vers l'ouest) pour couronner la montagne de Dormillouse. ØMa = chevauchement par-autochtone de la Mandeysse (à flèche très modeste, hectométrique) (voir aussi la page "Saint-Vincent-les-Forts") ; ØcC = chevauchement par-autochtone de Champ Contier ; ØsB = chevauchement des unités subbriançonnaises recouvrant la nappe de l'Autapie (cette dernière venue en recouvrement précoce sur l'autochtone). |
Deux faits s'y observent :
- d'une part la succession post-jurassique est tranchée par une surface formant nécessairement avec les couches un angle assez ouvert ; en effet à la transversale des Blaches et de Roche Rousse les quelques 500 m
d'épaisseur de ces couches y sont supprimés sur une distance horizontale n'excédant que peu le millier de mètres.
- d'autre part
la succession autochtone est redoublée par des imbrications chevauchantes (que l'on peut donc qualifier d'écailles parautochtones*). Elles sont au nombre de trois :
La plus élevée (écaille de Champ Contier) entraîne des Terres Noires directement recouvertes par les nappes subbriançonnaises supérieures (donc provenant d'un secteur où les Terres Noires avaient été dénudées avant d'être recouvertes par ces nappes) ; elle les fait reposer sur une lame d'épaisseur décamétrique formée par le résidu du laminage de la nappe de l'Autapie.
Coupe transversale à la vallée de l'Ubaye, peu en aval du Lauzet, selon l'axe du ravin du Pas de La Tour, par Cl. Kerckhove [retouché d'après la fig.99 du Guide Rouge "Alpes du Dauphiné" (Masson, 1983)]. ØMa, ØcC = surfaces de chevauchement des "écailles parautochtones", respectivement de La Mandeysse - Roche Rousse et de Champ Contier ; ØsB = surface de chevauchement des nappes subbriançonnaises supérieures (recouvrant la nappe de l'Autapie) ; ØM = surface de chevauchement de l'unité du Morgon (l'unité des Séolanes manque passagèrement, sans doute par effilement tectonique, sur cette transversale) ; ØA = surface de chevauchement du flysch de l'Autapie (lame pincée dans l'imbrication des écailles parautochtones). Ci = Crétacé inférieur autochtone ; Sé = Sénonien autochtone ; Nc, Ns = Calcaires et calcschistes nummulitiques ; GA = grès d'Annot ; Sc à bl. = "Schistes à blocs" (olistostrome à petits éléments de la fin de sédimentation du Nummulitique autochtone). |
Enfin ce secteur est l'un des très rares où l'on puisse voir, sous la chape des nappes, comment la couverture autochtone post-jurassique (Crétacé supérieur et Nummulitique) disparaît pour faire place, plus au nord, aux seules Terres Noires (qui affleurent partout au pourtour du Dôme de Remollon et dans la demi-fenêtre d'Embrun).
L'accident qui marque la terminaison septentrionale des couches nummulitiques et néocrétacées autochtones peut, à première vue, être également considéré comme la cassure de chevauchement d'une écaille parautochtone, l'écaille de Roche Rousse.
Il a toutefois une géométrie bizarre :
- Il se termine vers le haut par une cassure sub-verticale, contre laquelle butent orthogonalement les bancs de grès d'Annot ; |
Coupe d'ensemble du versant de rive droite de la basse vallée de l'Ubaye, par Cl. Kerckhove [d'après la fig.98 du Guide Rouge "Alpes du Dauphiné" (Masson, 1983)] La position de l'écaille de Roche Rousse est désignée par "Cs" en bas de coupe à l'aplomb du mot "Vieille". |
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Saint-Vincent les Forts |
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