La Blanche du Laverq |
La vallée du Laverq, après avoir drainé le versant nord des crêtes de la Tête de l'Estrop et des Trois Évéchés, reçoit ses torrents affluents du versant oriental de la Montagne de la Blanche (dont l'autre versant est incisé par les affluents de rive gauche du Bès et ceux de rive droite du torrent de La Blanche du Laverq). Cette vallée a alors la particularité que son thalweg suit sensiblement la limite entre l'autochtone, qui affleure en rive gauche, et le front d'érosion des nappes de l'Embrunais-Ubaye qui forme sa rive droite. C'est à ce dernier ensemble qu’appartient surtout le chaînon des Séolanes, qui sépare la vallée du Laverq du bassin moyen de la vallée de l'Ubaye (voir la page "fenêtre de Barcelonnette").
La rive gauche de la vallée est constituée par une vaste dalle presque rigide, en tous cas résistante aux déformations par torsion, qui pend vers l'E-NE qui est constituée par les termes les plus élevés de la succession autochtone dans laquelle se ramifie, plus à l'ouest, le bassin du Bès (voir la page "sources de la Blanche").
Le qualificatif d'autochtone mérite ici un commentaire : en effet il est justifié par le fait qu'il s'agit du substratum des nappes d'origine interne (qui affleurent sur la rive occidentale de la vallée du Laverq). Cependant ces couches, relativement beaucoup moins déplacées, représentent les termes les plus récents de la succession stratigraphique qui est tout de même affectée, plus à l'ouest par le chevauchement dit de la "nappe de Digne", décollé au niveau de sa base triasique, : en fait on considère que ce chevauchement correspond à un moindre déplacement puisque la série stratigraphique déplacée repose encore sur son substrat paléozoïque originel (ce dispositif mériterait donc d'être qualifié de "parautochtone"). |
Elle constitue la ligne de partage des eaux entres bassins de l'Ubaye et du Sasse (voir la section "gap-Digne") et elle est entaillée par des vallons secondaires qui sont orientés en oblique (plus NE-SW) par rapport à la ligne de crête principale.
La rive gauche de la vallée du Laverq au niveau de l'Abbaye, vue depuis la petite Séolane. (cliché original obligeamment communiqué par M. Lucien Tron) n.A = nappe de l'Autapie (ØA = sa surface de chevauchement) ; sBi = nappe subbriançonnaise inférieure ("écaille des Trois-Évéchés"), à laquelle se rattachent les brèches nummulitiques "fncg" du Pic de l'Aupillon et les grès à nummulites "fng" ; ØE = chevauchement basal des nappes de l'Embrunais. "Nc" = calcaires nummulitiques et marnes sous-jacentes aux grès d'Annot ; "Nol" = formation olistolitique de la fin de la sédimentation nummulitique autochtone. Ce cliché fait partie d'un panorama dont on trouvera la partie gauche (sources de la Blanche) à la page"Estrop" et les deux clichés complémentaires du côté droit, ci-dessous dans la présente page. |
Si à la latitude de l'Estrop elle est principalement constituée par l'épaisse série des Grès d'Annot nummulitiques, plus au nord ces derniers ne forment plus que les parties basses du versant et ses arcs boutants secondaires.
Les abrupts septentrionaux de la Crête de Chabrière ; (cliché original obligeamment communiqué par M. Sébastien Langlais). |
C'est alors la succession des calcaires argileux nummulitiques reposant sur ceux du Crétacé supérieur (essentiellement calcaires mais très lités) qui en constitue les sommets.
Le versant septentrional de Roche Close, vu de l'arête nord de La Mournière ; (cliché original obligeamment communiqué par M. Sébastien Langlais). |
Jusque à la Roche Close ils reposent en concordance les uns sur les autres. Par contre il est remarqable que dans le haut vallon du Riou Claret les calcaires sénoniens disparaissent par biseautage sous la dalle des calcaires nummulitiques, dans le versant nord de l'Aiguillette. Ces derniers reposent alors directement les calcaires argileux du Crétacé inférieur en les érodant au point d'atteindre les couches du Berriasien-Valanginien. Pourtant le Sénonien réapparait 2 km plus au nord dès le sommet de Neillère.
A priori on est tenté d'expliquer cette ablation des calcaires sénoniens par une érosion anté-nummulitique décapitant un bombement anticlinal grossièrement orienté E-W. Mais en contrebas ouest de la crête les couches se montrent affectés d'imbrications tectoniques mais ne dessinent nullement un anticlinal (voir la page "La Blanche"). D'autre part si celui-ci serait évidemment sans rapports avec les plis de même direction du Dévoluy, qui sont anté-Sénoniens, donc plus anciens. Il faut donc trouver à cette lacune locale une explication autre que tectonique. |
La crête des Gliérettes, vue du sud depuis l'arête nord de l'Aiguillette ; (cliché original obligeamment communiqué par M. Sébastien Langlais). ØS, Øm = chevauchements supérieur et moyen des "écailles de la Blanche" (voir la page "La Blanche") ; s0 = schéma montrant la disposition des couches (pendage vers l'est). "Be-V" = Berriasien-Valanginien ; "K-S" = Kimméridgien-Séquanien. |
Le cours inférieur de la vallée du Laverq, en aval du hameau de Saint-Barthélémy, se coude à angle droit pour rejoindre, du SW vers le NE, celui de la vallée de l'Ubaye. Ce faisant elle traverse les unités les plus frontales des nappes de l'Embrunais (que l'on peut regrouper sous le nom de nappe subbriançonnaise inférieure).
La première de ces unités affleure dans les pentes situées juste
au nord-ouest de Saint-Barthélémy. Elle est constituée par la forte dalle de calcaires du Jurassique moyen de la crête du Peyron, qui affecte sur la carte la forme d'un chevron saillant vers l'ouest. Cette dalle chevauche les grès d'Annot autochtones, le long du ravin de Charence, par l'intermédiaire d'un coussinet de lames tectoniques qui s'imbriquent avec la formation argileuse olistolitique habituelle à ce niveau sommital de la succession des grès d'Annot.
Cette unité du Peyron constitue le prolongement septentrional de l'écaille des Trois Évéchés, et possède la même couverture de terrains tertiaires ; elle se termine par effilement dans le versant nord de la crête avant d'atteindre le Villard de Champanastrays, apparemment sectionnée en biseau par la surface de charriage de l'unité qui la recouvre.
Vers l'ouest la crête du Peyron se prolonge par celle des Grisonnières, qui sépare le Laverq des vallons suspendus de Dormillouse et qui s'élève par ressauts jusqu'à culminer au Pic de Bernardez (2490).
Pour l'essentiel cette longue arête donne ainsi une coupe transversale de l'épaisse succession de bancs de grès du Nummulitique supérieur autochtone ("grès d'Annot"). Au Pic de Bernardez cette crête rejoint la crête majeure, NW-SE, de La Blanche qui constitue la ligne de partage des eaux entre la vallée de Ubaye à l'est et les vallées de la Blanche et de la Bléone à l'ouest.
Cette crête majeure est, quant à elle, formée par le soubassement stratigraphique de cette succession nummulitique, savoir par les calcaires clairs du Sénonien : les couches nummulitiques n'arment là, comme plus au sud (voir la page "La Blanche") que les arêtes secondaires, comme celle des Grisonnières, qui en descendent vers l'est.
Du côté nord toutefois cette crête est coiffée, à partir du Pic de Savernes jusqu'au sommet de Dormillouse, par les calcaires de la base du Nummulitique et par les premiers bancs de grès d'Annot.
consulter l'aperçu structural général sur les montagnes de la Basse Ubaye
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(Seyne) |
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Laverq |
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