Boscodon, Pouzenc |
Le vallon du Boscodon prend sa source dans les sauvages ravines du versant occidental de la montagne du Pouzenc (2898), qui est le point culminant de la crête de partage des eaux entre Ubaye et Durance à cette longitude.
Le haut vallon du Boscodon, vu du nord-ouest, d'avion, depuis l'aplomb approximatif de Savines. |
Il termine son cours par un vaste cône de déjections qui est un splendide exemple de ce genre de formes de relief. Sa surface s'enfonce désormais sous les eaux de la retenue de Serre Ponçon ; mais, antérieurement, il s'avançait déjà sur la marge méridionale de la plaine alluviale de la Durance : contrairement à ce que son aspect actuel pourrait suggérer ce n'est donc pas un delta.
Le cône de déjections du Boscodon, vu de l'ouest, d'avion. |
En amont, le lit du torrent ainsi que celui de son affluent principal, celui de l'Infernet, sont entaillés presque intégralement dans les Terres Noires autochtones, et ce jusqu'à proximité de la ligne de partage des eaux avec la vallée de l'Ubaye (col Haut, à l'ouest de La Montagnette). Par contre les deux chaînons qui l'encadrent (Gypière - Morgon à l'ouest et Pouzenc - Lauzet à l'est) sont constitués (jusqu'à une altitude plus basse) par le matériel charrié des nappes de l'Embrunais, avec leur empilement habituel d'unités, plus ou moins au complet selon les points.
Cette situation est due évidemment à la profondeur d'entaille du vallon principal mais aussi au fait que lui-même et ses ravins affluents affouillent essentiellement une bande, grossièrement N-S, où les Terres Noires autochtones ont été surélevées et s'offraient donc d'autant mieux à l'action de l'érosion.
Cette bande correspond en fait à un véritable horst* car elle est limitée par des failles conjuguées (c'est-à-dire de rejet opposé) dont les tracés ont une orientation proche de NNW-SSE ; ce sont, à l'ouest, la faille occidentale des Courréous, qui abaisse les couches du chaînon du Morgon, et à l'est deux failles, celle orientale des Courréous et celle de l'Auta, dont les rejets s'additionnent pour abaisser les couches du chaînon du Pouzenc (ces cassures se prolongent avec les mêmes caractères au sud de la ligne de crête, sur le versant de Barcelonnette). |
Le torrent de Boscodon reçoit en rive gauche plusieurs affluents dont les ravins drainent le versant oriental du chaînon du Morgon. Ceux-ci coupent transversalement la surface de charriage basale des nappes de l'Embrunais dans les pentes supérieures de la Forêt de Morgon jusqu'à la latitude de l'abbaye de Boscodon. En amont (plus au sud), ces ravins tranchent les cassures sub-verticales orientées NE-SW de la faille occidentale des Courréous qui tranchent cette surface majeure en surélevant l'autochtone de leur lèvre orientale.
En aval, au nord de l'abbaye de Boscodon, le thalweg du Boscodon court parallèlement au tracé d'une autre faille NNW-SSE, la faille de Montmirail, dont la lèvre ouest est surélevée car elle porte à l'affleurement des couches ailleurs masquées sous les Terres Noires. Il s'agit de calcaires toarciens, que les Terres Noires recouvrent presque directement du côté ouest, dans le ravin de Ruine Noire.
Le contact entre ces deux formations est stratigraphique car il est souligné par quelques bancs de calcaires calloviens à lamellibranches. Il y a là une lacune importante (de l'Aalénien au Bathonien inclus) qui indique que l'on se trouvait là, dans ce laps de temps, sur un haut-fond ; mais on ignore quelle était l'extension horizontale de ce dernier, de sorte qu'il serait hâtif de conclure que son origine soit à rechercher dans un jeu synsédimentaire de la faille de Montmirail. |
Il est possible d'autre part que la faille de Montmirail soit le prolongement septentrional de la faille occidentale des Courréous mais il est impossible de l'affirmer car son tracé se perd dans les Terres Noires du secteur de l'abbaye de Boscodon (où sévit en outre un fort couvert forestier). D'autre part, la faille de Montmirail semble pouvoir se prolonger vers le nord (au delà du cours de la Durance) par celle de Reyssas, que l'on suit dans le versant sud-ouest du Mont Guillaume. |
En rive droite du Boscodon, la crête du Pouzenc se termine, au dessus des Crots, par l'échine de la Tête de la Mazelière qui s'efface au lieu-dit le Bout du Mélèze. On y observe dans le détail la coupe représentée ci-après.
Détail des affleurements le long du versant occidental de la Crête du Lauzet, entre le vallon des Orres et celui de Boscodon (extrait de la notice de la carte géologique Embrun 2° éd., fig.6, par Cl.Kerckhove). Les notations sont celles de la carte, sauf TN = Terres Noires. |
coupe des crêtes de rive droite et des sources du Boscodon (extrait retouché de la carte Embrun 2° éd.) cette coupe traverse en biais les crêtes de rive droite du haut vallon du Boscodon mais rencontre à peu près la même succession de termes qu'en suivant la crête du Lauzet et du Bout du Mélèze. de bas en haut : ØE = surface de chevauchement des nappes de l'Embrunais (débutant par les unités subbriançonnaises du côté NE , par la nappe de l'Autapie du côté SW); fn = flysch noir des unités subbriançonnaises ; Br = écaille de matériel briançonnais (tC = calcaires triasiques ; j-c = Jurassique et Crétacé). s.cV = schistes noirs et pourpres du col de Vars (formation basale du flysch à Helminthoïdes) ; f.Hg = flysch à Helminthoïdes inférieur, gréseux ; f.Hc = flysch à Helminthoïdes calcaire (masse principale). |
consulter l'aperçu structural général sur les montagnes de l'Embrunais
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