Embrun |
La ville d'Embrun se situe au coeur d'une demi-fenêtre* tectonique, ouverte vers l'aval, à laquelle on a donné son nom. L'emploi de ce terme exprime le fait que la Durance y a percé l'empilement des nappes en mettant au jour les terrains autochtones de la zone dauphinoise. Ces derniers, qui forment donc toutes les basses pentes des deux flancs de la vallée, sont essentiellement constitués de Terres Noires.
Mais ces marnes n'y affleurent que de façon peu continue, essentiellement dans les ravines, car elles sont le plus souvent masquées sous des alluvions glaciaires et fluvio-glaciaires. Ces alluvions se sont accumulées sur les versants lors de la dernière occupation, au Würm, de la vallée de la Durance par le glacier issu des massifs situés en amont. Elles ont même colmaté les vallons latéraux affluents, comme celui des Orres, dans lequel les langues diffluentes* du glacier ne pouvaient s'engager très loin vers l'amont. Les replats correspondant au niveau supérieur de ce colmatage s'y observent principalement (sur la transversale d'Embrun) aux environs de 1500 m mais ils correspondent sans doute à un stade de retrait du glacier (et non à son maximum d'épaisseur) car on trouve encore d'importants placages glaciaires sur les pentes jusqu'à plus de 1700 m.
Les quartiers modernes de la ville d'Embrun s'étagent sur les basses pentes de rive droite, que dominent directement, mais bien plus haut, les crêtes de flysch à Helminthoïdes du Mont Guillaume et de l'Hivernet. Ces pentes ne supportent qu'un placage morainique relativement peu épais et où les Terres Noires sont facilement mises à nu ou présentes à peu de distance sous la surface du sol.
La vieille ville d'Embrun, vue du sud depuis le belvédère de Plat Aiguille (forêt du Bout du Mélèze) On distingue bien le litage horizontal des poudingues, dans l'abrupt qui domine la plaine alluviale récente de la Durance. |
La ville ancienne est construite, quant à elle, sur
un plateau naturel suspendu au dessus de la plaine alluviale de
la Durance. Il s'agit d'une terrasse fluviatile qui est un résidu
du comblement alluvial que la Durance avait établi, quelques
50 m au dessus du niveau de son lit actuel, sur toute la largeur
de sa vallée, à une époque antérieure
à la dernière glaciation, sans doute lors de l'interglaciaire
Riss-Würm (cette terrasse est effectivement recouverte du côté nord par les alluvions glaciaires qui masquent la manière dont elle s'appuie sur le versant rocheux).
Cette "terrasse d'Embrun" se retrouve tout au long de
la rive droite de la rivière plus en amont jusqu'en aval de Chateauroux mais elle est interrompue au niveau de l'échine rocheuse de Saint-Surnin, qui fait saillie sur le versant juste en amont de la ville.
Cette échine représente la partie haute d'un verrou rocheux, formé par des calcaires argileux du Bajocien, que la Durance entaille entre Embrun et Serre Collomp. L'existence de ce verrou est dû à la présence d'un anticlinal d'Embrun (d'ailleurs accidenté d'une faille extensive) qui fait resurgir ici les couches du Bajocien jusqu'à un niveau supérieur à celui de la rivière actuelle : cette dernière a été obligée de s'y encaisser, alors qu'en amont et en aval elle pouvait aisément élargir son lit en divaguant de gauche et de droite dans les Terres Noires, plus faciles à creuser.
coupe de la rive droite de la Durance aux environs d'Embrun (extrait retouché de la carte Embrun 2° éd.) de bas en haut : ØE = surface de chevauchement des nappes de l'Embrunais ; fn = flysch noir des unités subbriançonnaises (en vert émeraude : écaille de Jurassique supérieur- Crétacé inférieur de Roche Rousse) : flysch éocène olistolitique (formation de Saint-Clément) et Br = écaille de matériel briançonnais. s.cV = schistes noirs et pourpres du col de Vars (formation basale du flysch à Helminthoïdes) ; f.Hg = flysch à Helminthoïdes inférieur, gréseux ; f.Hc = flysch à Helminthoïdes calcaire (masse principale). |
consulter l'aperçu structural général sur les montagnes de l'Embrunais
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Chabrières |
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